Ce sont les épreuves des bonnes; Leur patience amasse alors sans se lasser: N'ont pour but que de fuir ce qui peut l'exercer? Tu vois ton Maître en croix, où ton péché le tue, Te rebuter de quelque ennui! Ah! ce n'est pas ainsi qu'on a part à sa gloire; Si tu veux avec lui régner par sa victoire. 6. Si tu peux dans son sein une fois pénétrer Les ardeurs d'un amour extrême; Ta sainte indifférence avoir peu de désirs. Il t'importera peu que le monde s'en joue, Ou le dessus ou le dessous : Plus cet amour est fort, plus l'homme se méprise ; Plus il voit que de Dieu la main le favorișe. 6. Si semel perfecte introisses in interiora JESU, et modicum de ardenti amore ejus sapuisses: tunc de proprio commodo vel incommodo nihil curares, sed magis de opprobrio illato gauderes; quia amor JESU facit hominem se ipsum contemnere. Amator JEsu et veritatis, et verus L'amoureux de Jésus et de la vérité Avec sévérité Au dedans de soi se ramène; Et depuis que son cœur pleinement s'affranchit De toute ambition humaine, Dans ce retour vers Dieu sans obstacle il blanchit. Son âme détachée, et libre autant que pure, Sans peine apprend à s'élever : Sitôt que de soi-même il cesse d'être esclave, Il n'a point d'ennemis qu'aisément il ne brave. 7. Il sait donner à tout un véritable prix, Ou l'estime qu'en fait le monde: Vraiment sage et savant il peut dire en tout lieu Qu'il ne tient point de lui sa doctrine profonde, Et que celle dont il abonde Ne se puise jamais qu'en l'école de Dieu. Dedans l'intérieur il ordonne sa voie, Et dehors, quoi qu'il voie, Tout est peu de chose à ses yeux: Le zèle qui partout règne en sa conscience internus et liber ab affectionibus inordinatis, potest se ad Deum libere convertere, et elevare se supra se ipsum in spiritu, ac fruitive quies cere. 7. Cui sapiunt omnia prout sunt, non ut dicuntur aut æstimantur, hic vere sapiens est, et doctus magis a Deo quam ab hominibus. Qui ab N'attend pour s'exercer ni les temps ni les lieux, Et pour aller de bien en mieux Tout lieu, tout temps est propre à son impatience. Quelques tentations qui l'osent assaillir, En soi-même il fait sa retraite; Et comme il s'y retranche avec facilité, Qu'il se répande entier sur leur inanité. Ni le travail du corps, ni le soin nécessaire Ne l'emporte à se disperser; Dans tous événements ce zèle trouve place; Et faire son profit de ce qui l'embarrasse. Ce bel ordre au dedans en chasse tout souci De ce que Ceux qu'on blâme et ceux qu'on admire; Il ferme ainsi la porte à tous empêchements, D'un vain extérieur les prompts amusements. intra scit ambulare et modicum ab extra res ponderare, non requirit loca, nec exspectat tempora ad habenda devota exercitia. Homo internus cito se recolligit, quia numquam se totum ad exteriora effundit : non illi obest labor exterior aut occupatio ad tempus necessaria ; sed sicut res eveniunt, sic se illis accommodat. Qui intus bene dispositus est et ordinatus, non curat mirabiles et perversos hominum gestus. Tantum homo impeditur et distrahitur, quantum sibi res attrahit. 8. Si la tienne une fois étoit bien dégagée, Bien nette, bien purgée De ces folles impressions, Tout la satisferoit, tout lui seroit utile, Te feroit en vrais biens une terre fertile. Mais n'étant pas encor ni bien mortifié, Contre les douceurs passagères, Troublent à tous moments la route que tu tiens. Ton cœur aime le monde; et tout ce qui le brouille, C'est cet impur attachement: Du calme intérieur la parfaite allégresse. 8. Si recte tibi esset et bene purgatus esses, omnia tibi in bonum cederent et profectum. Ideo multa tibi displicent et sæpe conturbant, quia adhuc non es perfecte tibi ipsi mortuus, nec segregatus ab omnibus terrenis. Nil sic maculat et implicat cor hominis, sicut impurus amor in creaturis. Si renuis consolari exterius, poteris speculari cœlestia, et frequenter jubilare interius. CHAPITRE II. DE L'HUMBLE SOUMISSION. 1. NE te mets pas beaucoup en peine De toute la nature humaine Qui t'aime ou qui te hait, qui te nuit ou te sert; Et s'il est avec toi, marche à front découvert. La bonne et saine conscience A toujours Dieu pour sa défense, Quand son œil la regarde, Qu'il n'est point de méchant qui la puisse accabler. Quoi qu'il t'arrive de contraire, Et tu verras sur toi le secours du Seigneur : Il a pour t'affranchir mille routes diverses, Et sait dans ces traverses CAP. II. 1. Non magni pendas quis pro te vel contra te sit, sed hoc age et cura ut Deus tecum sit in omni re quam facis. Habeas conscientiam bonam, et Deus bene te defensabit: quem enim Deus adjuvare voluerit, nullius perversitas nocere poterit. Si tu scis tacere et pati, videbis procul dubio auxilium Domini. Ipse novit tempus et modum |