Oldalképek
PDF
ePub

THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY

ASTER, LENOX
TILDEN FOUNDATIONS

Un peu de cet encens qu'on recueille au Parnasse,
Et que j'ai le secret de rendre exquis et doux.
Je vous dirai donc... Mais tout dire,
Ce serqit trop; il faut choisir,

Ménageant ma voix et ma lyre,

Qui bientôt vont manquer de force et de loisir.
Je louerai seulement un cœur plein de tendresse,
Ces nobles sentiments, ces graces, cet esprit :
Vous n'auriez en cela ni maître ni maîtresse,
Sans celle dont sur vous l'éloge rejaillit.
Gardez d'environner ces roses

De trop d'épines, și jamais

L'amour vous dit les mêmes choses:

Il les dit mieux que je ne fais;

Aussi sait-il punir ceux qui ferment l'oreille
A ses conseils. Vous l'allez voir.

Jadis une jeune merveille

Méprisoit de ce dieu le souverain pouvoir;

On l'appeloit Alcimadure:

Fier et farouche objet, toujours courant aux bois, Toujours sautant aux prés, dansant sur la verdure, Et ne connoissant autres lois

Que son caprice; au reste, égalant les plus belles, Et surpassant les plus cruelles ;

N'ayant trait qui ne plût, pas même en ses rigueurs: Quelle l'eût-on trouvée au fort de ses faveurs!

Le jeune et beau Daphnis, berger de noble race,

L'aima pour son malheur : jamais la moindre grace,
Ni le moindre regard, le moindre mot enfin,

Ne lui fut accordé par ce cœur inhumain.
Las de continuer une poursuite vaine,
Il ne songea plus qu'à mourir.

Le désespoir le fit courir

A la porte de l'inhumaine.

Hélas! ce fut aux vents qu'il raconta sa peine;
On ne daigna lui faire ouvrir

Cette maison fatale, où, parmi ses compagnes,
L'ingrate, pour le jour de sa nativité,

Joignoit aux fleurs de sa beauté

Les trésors des jardins et des vertes campagnes.
J'espérois, cria-t-il, expirer à vos yeux;

Mais je vous suis trop odieux,

Et ne m'étonne pas qu'ainsi que tout le reste
Vous me refusiez même un plaisir si funeste.
Mon père, après ma mort, et je l'en ai chargé,
Doit mettre à vos pieds l'héritage

Que votre cœur a négligé.

Je veux que l'on y joigne aussi le pâturage,
Tous mes troupeaux, avec mon chien;
Et que du reste de mon bien

Mes compagnons fondent un temple
Où votre image se contemple,

Renouvelant de fleurs l'autel à tout moment.

J'aurai près de ce temple un simple monument:

On gravera sur la bordure:

« Daphnis mourut d'amour : Passant,

arrête-toi ;

« Pleure, et dis: Celui-ci succomba sous la loi << De la cruelle Alcimadure. »

A ces mots, par la Parque il se sentit atteint :
Il auroit poursuivi; la douleur le prévint.
Son ingrate sortit triomphante et parée.

On voulut, mais en vain, l'arrêter un moment
Pour donner quelques pleurs au sort de son amant:
Elle insulta toujours au fils de Cythérée,
Menant dès ce soir même, au mépris de ses lois,
Ses compagnes danser autour de sa statue.
Le dieu tomba sur elle, et l'accabla du poids:
Une voix sortit de la nue,

Écho redit ces mots dans les airs épandus:

« Que tout aime à présent : l'insensible n'est plus. Cependant de Daphnis l'ombre au Styx descendue Frémit et s'étonna la voyant accourir.

Tout l'Érèbe entendit cette belle homicide
S'excuser au berger, qui ne daigna l'ouïr
Non plus qu'Ajax Ulysse, et Didon son perfide.

>>

FABLE XXVIII.

Le Juge arbitre, l'Hospitalier, et le Solitaire.

TROIS

ROIS Saints, également jaloux de leur salut,
Portés d'un même esprit, tendoient à même but.

Ils s'y prirent tous trois par des routes diverses:
Tous chemins vont à Rome; ainsi nos concurrents
Crurent pouvoir choisir des sentiers différents.
L'un touché des soucis, des longueurs, des traverses,
Qu'en apanage on voit aux procès attachés,
S'offrit de les juger sans récompense aucune,

Peu soigneux d'établir ici-bas sa fortune.

Depuis qu'il est des lois, l'homme, pour ses péchés,
Se condamne à plaider la moitié de sa vie:

La moitié! les trois quarts, et bien souvent le tout.
Le conciliateur crut qu'il viendroit à bout
De guérir cette folle et détestable envie.
Le second de nos saints choisit les hôpitaux.
Je le loue; et le soin de soulager les maux
Est une charité que je préfère aux autres.
Les malades d'alors, étant tels que les nôtres,
Donnoient de l'exercice au pauvre hospitalier;

« ElőzőTovább »