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Un siècle de séjour doit ici vous suffire.

Hymen veut séjourner tout un siècle chez vous.
Puissent ses plaisirs les plus doux
Vous composer des destinées

Par ce temps à peine bornées!

Et la princesse et vous n'en méritez pas moins :
J'en prends ses charmes pour témoins;

Pour témoins j'en prends les merveilles

Par qui le ciel, pour vous prodigue en ses présents, De qualités qui n'ont qu'en vous seul leurs pareilles Voulut orner vos jeunes ans.

Bourbon de son esprit ses graces assaisonne :

Le ciel joignit en sa personne

Ce qui sait se faire estimer

A ce qui sait se faire aimer:

Il ne m'appartient pas d'étaler votre joie:

Je me tais donc, et vais rimer
Ce que fit un oiseau de proie.

Un milan, de son nid antique possesseur,
Étant pris vif par un chasseur,

D'en faire au prince un don cet homme se proposę.
La rareté du fait donnoit prix à la chose.
L'oiseau, par le chasseur humblement présenté,
Si ce conte n'est apocryphe,

Va tout droit imprimer sa griffe
Sur le nez de sa majesté. -

Quoi! sur le nez du roi? - Du roi même en personne.

Il n'avoit donc alors ni sceptre ni couronne?

Quand il en auroit eu, ç'auroit été tout un :

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Le nez royal fut pris comme un nez du commun.
Dire des courtisans les clameurs et la peine
Seroit se consumer en efforts impuissants.
Le roi n'éclata point : les cris sont indécents
A la majesté souveraine.

L'oiseau garda son poste: on ne put seulement
Hâter son départ d'un moment.

Son maître le rappelle, et crie, et se tourmente,
Lui présente le leurre, et le poing, mais en vain.
On crut que jusqu'au lendemain

Le maudit animal à la serre insolente

Nicheroit là malgré le bruit,

Et sur le nez sacré voudroit passer la nuit.
Tâcher de l'en tirer irritoit son caprice.
Il quitte enfin le roi, qui dit : Laissez aller
Ce milan, et celui qui m'a cru régaler.
Ils se sont acquittés tous deux de leur office,
L'un en milan, et l'autre en citoyen des bois :
Pour moi, qui sais comment doivent agir les rois,
Je les affranchis du supplice.

Et la cour d'admirer. Les courtisans ravis
Élèvent de tels faits, par eux si mal suivis :

Bien peu, même des rois, prendroient un tel modèle.
Et le veneur l'échappa belle;

Coupables seulement, tant lui que l'animal, D'ignorer le danger d'approcher trop du maître : Ils n'avoient appris à connoître

Que les hôtes des bois; étoit-ce un si grand mal?

Pilpay fait près du Gange arriver l'aventure.
Là, nulle humaine créature

Ne touche aux animaux pour leur sang épancher :
Le roi même feroit scrupule d'y toucher.
Savons-nous, disent-ils, si cet oiseau de proie
N'étoit point au siége de Troie?
Peut-être y tint-il lieu d'un prince ou d'un héros
Des plus huppés et des plus hauts :
Ce qu'il fut autrefois il pourra l'être encore.
Nous croyons, après Pythagore,

Qu'avec les animaux de forme nous changeons;
Tantôt milans, tantôt pigeons,

Tantôt humains, puis volatilles
Ayant dans les airs leurs familles.

Comme l'on conte en deux façons L'accident du chasseur, voici l'autre manière :

Un certain fauconnier ayant pris, ce dit-on,
A la chasse un milan (ce qui n'arrive guère)
En voulut au roi faire un don,
Comme de chose singulière :

Ce cas n'arrive pas quelquefois en cent ans ;
C'est le NON PLUS ULTRA de la fauconnerie.
Ce chasseur perce donc un gros de courtisans
Plein de zèle, échauffé, s'il le fut de sa vie.
Par ce parangon des présents

Il croyoit sa fortune faite :
Quand l'animal porte-sonnette

Sauvage encore et tout grossier,

Avec ses ongles tout d'acier,

Prend le nez du chasseur, happe le pauvre sire.

Lui de crier; chacun de rire,

Monarque et courtisans. Qui n'eût ri? Quant à moi, Je n'en eusse quitté ma part pour un empire.

Qu'un pape rie, en bonne foi

Je ne l'ose assurer; mais je tiendrois un roi
Bien malheureux s'il n'osoit rire :

C'est le plaisir des dieux. Malgré son noir souci,
Jupiter et le peuple immortel rit aussi.

Il en fit des éclats, à ce que dit l'histoire,

Quand Vulcain, clopinant, lui vint donner à boire. Que le peuple immortel se montrât sage, ou non, J'ai changé mon sujet avec juste raison;

Car, puisqu'il s'agit de morale,

Que nous eût du chasseur l'aventure fatale
Enseigné de nouveau? L'on a vu de tout temps
Plus de sots fauconniers que de rois indulgents.

FABLE XIII.

Le Renard, les Mouches, et le Hérisson.

Aux traces de son sang un vieux hôte des bois,

Renard fin, subtil, et matois,

Blessé par des chasseurs, et tombé dans la fange, Autrefois attira ce parasite ailé

Que nous avons mouche appelé.

Il accusoit les dieux, et trouvoit fort étrange
Que le sort à tel point le voulût affliger,
Et le fit aux mouches manger.

Quoi! se jeter sur moi, sur moi le plus habile
De tous les hôtes des forêts!

Depuis quand les renards sont-ils un si bon mets?
Et que me sert ma queue? est-ce un poids inutile?
Va, le ciel te confonde, animal importun!

Que ne vis-tu sur le commun!

Un hérisson du voisinage,

Dans mes vers nouveau personnage, Voulut le délivrer de l'importunité

Du peuple plein d'avidité:

Je les vais de mes dards enfiler

par

centaines,

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