Un siècle de séjour doit ici vous suffire. Hymen veut séjourner tout un siècle chez vous. Par ce temps à peine bornées! Et la princesse et vous n'en méritez pas moins : Pour témoins j'en prends les merveilles Par qui le ciel, pour vous prodigue en ses présents, De qualités qui n'ont qu'en vous seul leurs pareilles Voulut orner vos jeunes ans. Bourbon de son esprit ses graces assaisonne : Le ciel joignit en sa personne Ce qui sait se faire estimer A ce qui sait se faire aimer: Il ne m'appartient pas d'étaler votre joie: Je me tais donc, et vais rimer Un milan, de son nid antique possesseur, D'en faire au prince un don cet homme se proposę. Va tout droit imprimer sa griffe Quoi! sur le nez du roi? - Du roi même en personne. Il n'avoit donc alors ni sceptre ni couronne? Quand il en auroit eu, ç'auroit été tout un : Le nez royal fut pris comme un nez du commun. L'oiseau garda son poste: on ne put seulement Son maître le rappelle, et crie, et se tourmente, Le maudit animal à la serre insolente Nicheroit là malgré le bruit, Et sur le nez sacré voudroit passer la nuit. Et la cour d'admirer. Les courtisans ravis Bien peu, même des rois, prendroient un tel modèle. Coupables seulement, tant lui que l'animal, D'ignorer le danger d'approcher trop du maître : Ils n'avoient appris à connoître Que les hôtes des bois; étoit-ce un si grand mal? Pilpay fait près du Gange arriver l'aventure. Ne touche aux animaux pour leur sang épancher : Qu'avec les animaux de forme nous changeons; Tantôt humains, puis volatilles Comme l'on conte en deux façons L'accident du chasseur, voici l'autre manière : Un certain fauconnier ayant pris, ce dit-on, Ce cas n'arrive pas quelquefois en cent ans ; Il croyoit sa fortune faite : Sauvage encore et tout grossier, Avec ses ongles tout d'acier, Prend le nez du chasseur, happe le pauvre sire. Lui de crier; chacun de rire, Monarque et courtisans. Qui n'eût ri? Quant à moi, Je n'en eusse quitté ma part pour un empire. Qu'un pape rie, en bonne foi Je ne l'ose assurer; mais je tiendrois un roi C'est le plaisir des dieux. Malgré son noir souci, Il en fit des éclats, à ce que dit l'histoire, Quand Vulcain, clopinant, lui vint donner à boire. Que le peuple immortel se montrât sage, ou non, J'ai changé mon sujet avec juste raison; Car, puisqu'il s'agit de morale, Que nous eût du chasseur l'aventure fatale FABLE XIII. Le Renard, les Mouches, et le Hérisson. Aux traces de son sang un vieux hôte des bois, Renard fin, subtil, et matois, Blessé par des chasseurs, et tombé dans la fange, Autrefois attira ce parasite ailé Que nous avons mouche appelé. Il accusoit les dieux, et trouvoit fort étrange Quoi! se jeter sur moi, sur moi le plus habile Depuis quand les renards sont-ils un si bon mets? Que ne vis-tu sur le commun! Un hérisson du voisinage, Dans mes vers nouveau personnage, Voulut le délivrer de l'importunité Du peuple plein d'avidité: Je les vais de mes dards enfiler par centaines, |