FABLE X. Le Berger et le Roi. DEUX démons à leur gré partagent notre vie, Car même elle entre dans l'amour. Je le ferois bien voir; mais mon but est de dire Ce roi vit un troupeau qui couvroit tous les champs, Laisse là tes moutons, viens conduire des hommes; Voilà notre berger la balance à la main. Quoiqu'il n'eût guère vu d'autres gens qu'un hermite, Bref, il en vint fort bien à bout. L'hermite son voisin accourut pour lui dire: Voyez combien déjà la cour vous rend peu sage. Vint s'offrir sous la main : il le prit pour un fouet; Ce serpent! C'est un fouet. - C'est un serpent! vous dis-je A me tant tourmenter quel intérêt m'oblige? Prétendez-vous garder ce trésor? - Pourquoi non? Mon fouet étoit usé ; j'en retrouve un fort bon : Vous n'en parlez que par envie. L'aveugle enfin ne le crut pas; Il en perdit bientôt la vie : L'animal dégourdi piqua son homme au bras. Qu'il vous arrivera quelque chose de pire.— que me sauroit-il arriver que la mort? Mille dégoûts viendront, dit le prophète hermite. Il en vint en effet : l'hermite n'eut pas tort. C'étoient là ses magnificences. Son fait, dit-on, consiste en des pierres de prix : Le coffre étant ouvert, on y vit des lambeaux, Doux trésors, ce dit-il, chers gages, qui jamais Je vous reprends: sortons de ces riches palais |