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Nous avons vu l'état civil et politique de la femme. Ce qu'on a dit, au moral, que l'amour embrasse toute sa vie, tandis qu'il n'est qu'un épisode de la vie de l'autre sexe, peut s'étendre à son physique sa constitution est toute disposée pour la reproduction de l'espèce. Il n'en pas de même de l'homme; ses organes n'ont pas reçu une direction aussi tranchée; ils ne lui demandent qu'une rapide apparition à l'heure où le nouvel être doit éclore.

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Pour rendre la femme capable de devenir mère, la nature lui accorde une surabondance destinée à l'être qui séjournera dans son sein. En même temps elle la soumet à une révo

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lution mensuelle, pour la débarrasser d'un aliment qui ne trouve pas de l'emploi, pour rappeler périodiquement ses forces vers le point central de sa constitution, et empêcher qu'elles ne restent trop long-temps stationnaires dans toute autre partie. Telle est même la principale cause des différences qui existent dans les facultés intellectuelles des deux sexes. L'homme, chez qui l'action du cerveau peut se prolonger indéfiniment, a une puissance d'attention et de méditation plus grande; c'est la netteté des idées, la finesse des aperçus qui dominent chez la femme : l'un se plaît dans les hautes abstractions, le tact de l'autre est merveilleux pour tout ramener au savoir-vivre. La lenteur d'esprit est le défaut dans lequel tombe le vulgaire des hommes; l'excessive légèreté, le défaut plus particulier à l'autre sexe. Comment donc oserions-nous lui reprocher cette imperfection prétendue, puisque nous devons à sa cause même notre existence et nos pensées!

Personne n'ignore que durant les retours périodiques, une excitation générale, une sensibilité exquise rendent ce sexe plus propre à recevoir et à communiquer certaines impressions. Le législateur eut en vue d'éviter la chance des maux auxquels l'époux serait exposé sous le ciel de la Syrie, et de ménager la femme elle

même, qui, arrivant de bonne heure à l'âge nubile, avait besoin que la secousse mensuelle s'opérât sans le moindre trouble *. Il décréta donc que pendant le septénaire où ce mouvement a lieu, elle serait considérée comme insalubre, elle devrait en conséquence rester dans ses appartemens particuliers; que le mari ne pourrait s'approcher de son lit, ni la toucher de la main, sans recourir ensuite à une ablution, et sans s'abstenir du simple contact avec qui que ce fût durant le reste de la journée. Bien plus : pour mieux faire sentir la gravité d'un délit intérieur contre lequel il est impossible d'imaginer d'autres dénonciateurs que la femme ellemême, il menaça de la censure des magistrats, de la suspension des droits pour un certain temps, et surtout de la tendance naturelle vers une mort prématurée, l'homme qui, sans respect pour le vœu de la loi, ne mettrait pas un frein à ses désirs.

Au huitième jour l'épouse se purifiait dans

* Les infirmités et les souffrances particulières dans lesquelles la nature même de sa constitution jette la femme, rendent raison de ce singulier article des prières des Hébreux, où l'homme dit, « Je remercie Dieu de ne pas m'avoir fait femme. » Et celle-ci, « Je bénis Dieu, qui a voulu me faire femme. » C'est le développement des paroles de la Génèse : « Tu éprouveras beaucoup de maux, tu enfanteras avec douleur »; et du principe exagéré d'Hippocrate, Propter uterum, mulier tota morbus est.

un bain, et allait offrir deux tourterelles en sacrifice. S'il était survenu quelque accident extraordinaire, elle prolongeait la séparation sept jours au delà du' terme, pour obtenir la certitude d'une totale guérison. Dans plusieurs circonstances, qui offrent aux médecins une grave question à résoudre, les hommes eux-mêmes étaient assujettis à cette loi 1.

Les nouvelles accouchées déclarées insalubres pendant un ou deux septénaires, étaient dispensées d'aller à l'assemblée et d'entrer dans le temple avant le trente-troisième ou le soixantesixième jour, selon qu'elles avaient donné naissance à un garçon ou à une fille 20. Les motifs de cette distinction naissaient de ce préjugé répandu chez les anciens, que les suites de couches pour l'une étaient plus pénibles que pour l'autre.

Certaines peuplades de l'Afrique ont offert aux voyageurs des usages analogues. Dans le pays des Issinois, un édifice particulier, appelé le Burnamon, est destiné dans chaque village à recevoir les femmes durant la période mensuelle le plus léger prétexte d'insalubrité prive le mari d'exercer ses droits sur elle Et peut-être n'a-t-on pas assez remarqué que ce n'était pas, chez les Hébreux, un mince privilége pour la femme d'échapper, presque à son gré,

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à des exigences qui pouvaient quelquefo's ne pas lui convenir.

Les talmudistes lui font une obligation d'allaiter, et ils répètent la comparaison tirée des animaux. On leur reproche cependant d'avoir permis à la femme entourée par sa fortune de plusieurs servantes, de prendre une nourrice, mais voici dans quel sens : « Si une femme a une servante ou deux, elle ne peut se charger elle-même d'une partie des soins de l'intérieur, et confier à l'une de ses aides l'allaitement, qui est le premier de tous les soins : mais si elle a un nombre de servantes qui ne lui laissent aucune charge, elle pourra plus aisément s'adjoindre une nourrice qu'elle aura toujours sous les yeux 22. »

Remarquez au reste qu'il est plusieurs circonstances où la mère, malgré son plus grand désir, ne doit pas allaiter. Telle femme de belle apparence est impropre à ces fonctions; la constitution de telle autre éprouverait des détériorations trop profondes; enfin il convient souvent d'opposer à l'influence fâcheuse des parens sur le rejeton, le lait d'une étrangère saine et robuste. Mais, si l'usage des nourrices est à peu près inévitable, osera-t-on traiter à l'instar d'une simple mercenaire celle qui remplit une partie si importante des fonctions ma

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