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Il sera donc exact de dire que la vérité arrive à l'homme du dehors, qu'elle se révèle à lui, qu'il est dans certains cas expressément organisé pour la recevoir, et pour comprendre la parole métaphorique de Jéhovah, de laquelle dérivent les locutions, l'Eternel veut, demande, ordonne, et autres de ce genre : il sera exact de dire aussi que l'homme devient, métaphoriquement parlant, d'autant plus ami de Jéhovah, qu'il s'élève davantage à la connaissance de la vérité, puisqu'il est de la nature d'un ami de connaître toutes les pensées, tous les désirs, toutes les volontés de celui qu'il aime, et que les lois physiques, politiques et morales du globe terrestre et de l'homme, sont les volontés de l'Etre général. Mais quelle que soit la portée de l'esprit humain, il n'embrasse qu'une faible partie de ce qui est; de là cette autre métaphore: «< Nul mortel ne peut contempler toute la face de Jéhovah ; » car, voir sa face, comme l'a dit Maimonide, consiste à apprécier tous les êtres possibles, à comprendre leur union, leurs rapports, et les lois qui les régissent, soit en général, soit en particulier. Si Moïse, ajoute-t-il, eut ce bonheur, c'est qu'il avait reçu la sublime faculté de voir les choses sans voile, dépouillé de tous les préjugés, de toutes les passions, de toutes les vanités qui, naissant de

notre tempérament, notre éducation, notre ignorance et nos mœurs, élèvent comme un mur entre la vérité et nous. En effet, lorsque nous avançons que notre Dieu est enveloppé d'un nuage, cela ne le regarde pas lui-même, mais regarde notre nature, qui a besoin de se perfectionner, et de prendre la forme convenable, pour sortir des ténèbres dans lesquelles le vulgaire des hommes est plongé9.

Secondement, au moyen d'épithètes appropriées aux qualités humaines, les lois les plus importantes pour l'humanité ont été transformées en attributs de Jéhovah; la fécondité de la terre, la chaleur du soleil, les bienfaits de la pluie et de la rosée, les douceurs de l'amour, de l'amitié, et tous les biens de ce genre, l'ont fait reconnaître bon; l'étendue des cieux, le fracas des élémens, la main puissante qui relève les humbles et précipite dans l'abîme ceux dont la tête semblait toucher aux nues, ont dicté ses attributs de force et de puissance; comme le bien est le résultat de nos déterminations privées et publiques qui sont fondées sur la vérité, on l'a réputé fidelle; comme le mal suit tôt ou tard l'erreur et l'injustice, on d'a réputé vengeur: de là l'expression craindre Jéhovah, puisqu'il faut craindre de s'écarter, même involontairement, de la bonne route, à

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cause des conséquences naturelles et nécessaires de l'erreur. La crainte de l'Eternel, dit Salomon, c'est la haine du mal 1o; et quand ce nom se prend pour la loi de l'Etat, c'est aussi la crainte des peines qu'elle inflige au coupable.

Enfin, l'on a déjà vu que les attributs de clémence et de miséricorde exprimaient, qu'à peine rentrés dans la ligne de l'ordre et de la vérité qu'ils auraient abandonnée, les hommes, soit en particulier, soit en général, renaîtraient toujours au bonheur.

La troisième espèce de locutions concerne les rapports entre Jéhovah et le peuple. On le nomme Dieu d'Abraham, parce qu'il fut connu de ce patriarche; Dieu d'Israël, parce que Moïse constitua le peuple en prenant ce principe d'unité pour base, et en le faisant admettre comme l'objet du culte public. L'on désignait de même les dieux de tous les autres peuples; Dagon était le dieu des Philistins, et Kémos celui des Ammonites. Mais comme, selon la doctrine des Hébreux, l'homme est à la fois passif et actif dans ses rapports avec l'Etre universel n'est pas seulement Abraham ou Moïse qui découvrirent l'Eternel, mais ce dernier quie se découvrit à eux; ce n'est pas seulement le peuple d'Israël qui le choisit pour son Dieu,.

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mais ce Dieu qui, en se faisant choisir, chorsissait lui-même ce peuple.

Enfin, sans pousser plus loin cet examen, j'observe, d'une manière générale, que toutes les formes et figures sous lesquelles on met en scène de nos jours la vérité, la raison, la liberté, la justice, la patrie, la nature, sont accumulées, avec une profusion orientale, sur le Dieu d'Israël : comme la nature, il distribue les bienfaits des astres à toutes les nations de la terre; comme la patrie, il est affligé et irrité de la conduite de ses enfans; comme la justice, il porte l'épée qui doit punir le coupable; comme la liberté menacée, il arme son bras des flèches perçantes qui frapperont l'ennemi; comme la raison enfin et la vérité, il se rit de la ligue des rois, lorsque les rois aveuglés s'assemblent pour conspirer contre lui ".

Ici se termine ce que j'avais à dire sur le Jéhovah. Encore une réflexion : n'est-ce pas une chose grande, sublime, que le dogme tout entier de Moïse soit renfermé dans deux mots, Jéhovah ekhad, l'être est un, il n'existe qu'un seul être?

En prenant dans un sens littéral toutes les expressions et les figures du texte, on obtient l'histoire entière des opinions qui se sont formées à ce sujet, soit qu'on ait considéré ce

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dieu comme un sculpteur réel, travaillant de ses mains à une statue d'argile, pour en façonner l'espèce; soit qu'on lui ait donné une voix sonore, retentissant à l'oreille de ses privilégiés; comme celle d'un maître sévère qui parle un langage humain.

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