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cieux, ils peuvent ou causer des murmures, ou laisser de fâcheuses impressions dans les esprits de ceux qui les lisent.

Pour les purifier dès leur source, il lui conseillait de n'écrire jamais à des femmes qu'en leur répondant, si ce n'était par une pressante nécessité; jamais de son mouvement propre, si ce n'était à des personnes hors de tout soupçon: comme une mère, une sœur, une femme fort âgée, encore rarement et brièvement.

• Quant aux réponses, quoique longues, elles portent toujours leur justification en elles-mêmes, principalement si les sujets sont sérieux et graves, et traités sans compliments et sans afféteries. Le Sage disait : Quand tu seras assis à la table d'un prince, mets la pointe de ton couteau vers ta gorge (Prov. 23). Aussi quand un ecclésiastique écrit à une femme, s'il se pouvait, il devrait plutôt écrire du canif que de la plume, ou du moins, trancher ou retrancher sa plume si nettement, qu'elle ne traçât rien de superflu, de frivole, d'affété.

>>> S'il

y a occurrence où il faille marcher la bride en main, c'est en celle-ci autrement ce sont autant de figues de cette reine d'Egypte qui couvrent des aspics. »

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SECTION XXX. Des paroles d'humilité.

Je vous ai dit d'autres fois, mes Sœurs, que notre bienheureux Père était ennemi des paroles d'humilité.

Mais il faut que je vous apprenne ici une sainte et judicieuse industrie, dont il se servait pour corriger doucement, et sans qu'on s'en aperçût, les paroles d'humilité, qu'il appelait la fine et plus fine fleur de la vanité. C'est qu'il prenait toujours au mot celui ou celle qui les disait, et même y ajoutait quelque exagération, afin d'engendrer une salutaire confusion en la personne qui les proférait, et lui servît d'avertissement de ne s'y échauder plus : étant certain que, pour la plupart, ceux qui les avancent seraient bien marris qu'on les crût en ce qu'ils disent, et n'en attendent rien moins que la mésestime et abjection. Si bien que c'est les punir justement par où ils ont délinqué, que de les prendre au mot; et de plus, pour combler la mesure d'ajouter à la lettre. Je vous en veux marquer deux agréables rencontres.

Ayant été appelé de la magistrature à la prélature, comme il désirait de moi, dès le commencement, des choses qui me semblaient de trop haute perfection: «Mais, mon Pere, lui dis-je une fois, vous n'avisez pas que je sors tout fraîchement du monde, que je suis encore tout moite du naufrage; que je me trouve maître avant qu'avoir été disciple, capitaine premier que soldat. Vous parlez à moi comme à un homme fort avancé dans la piété, et capable de l'enseigner aux autres, et à peine suis-je à sa porte. >>

«Il est vrai, me dit-il, et je crois plus que vous, et possible vois-je aussi bien que vous tout ce que vous dites. Je vous regarde comme un homme sauvé du débris, et sortant d'un incendie, dont vous sentez encore la fumée, et qui êtes encore tout basané de sa noirceur. Mais après tout, vous voilà évêque; il faut avoir des sentiments de père, il faut rehausser votre courage vers la perfection.

Dieu, la raison, votre charge, requièrent cela de vous, il n'est pas question de regarder en arriére si vous ne voulez devenir statue. O pastor, o idolum (Zach. 11).

• Qui met la main au soc, et regarde en arrière, n'est pas propre à l'œuvre et au royaume de Dieu. Si vous vous confiez en vousmême, vous ne ferez jamais rien; mais si vous vous confiez en Dieu, vous ferez tout. La défiance de soi est fort bonne, pourvu qu'elle soit suivie de la confiance en Dieu, et plus nous avançons en celle-ci, plus nous profitons en celle-là. L'humilité découragée est une fausse humilité. »

L'autre occurrence est sur le sujet d'une de nos sœurs, laquelle ayant été choisie pour être supérieure, mit son néant si hautement bas, et son incapacité à cela si bassement haut, que c'était une merveille. Notre bienheureux la releva justement comme il fallait. Car il enchérit sur ses paroles d'humilité, lui disant qu'entre fille et feuille il n'y avait pas de grande différence; que toutes les sœurs n'ignoraient pas son insuffisance, la bassesse de son esprit, la faiblesse de son jugement, sa grossièreté en matière de conduite, ses imperfections toutes manifestes, et son mauvais exemple: et que possible Dieu avait permis son élection pour la corriger de tous ses défauts, et au moins afin qu'elle tàchât de les cacher, se voyant en spectacle à Dieu, aux anges, et aux hommes, prenant garde à ses pas en marchant en un lieu élevé.

Qu'elle avisât que ce n'était pas à elle que l'on confiait cette communauté, mais à Dieu, qui choisit les folles pour confondre et conduire les sages, lui qui a voulu sauver les fidèles par la folie de la foi. Et qu'elle prit garde qu'un roseau du désert en la main de Jésus-Christ, devenait une colonne du temple qu'elle se tînt bien serrée à cette main secourable, qui ne manque jamais à ceux qui implorent son appui.

Profitez de ses deux exemples, mes Sœurs, et apprenez quel état vous devez faire des paroles de vanité, qui empruntent le masque de l'humilité.

SECTION XXXI. De la disposition à la mort.

Comme je lui demandais quelle était la meilleure disposition pour bien mourir, il me répondit froidement: « La charité. Je lui dis que je savais bien que celui qui n'est point en la dilection de Dieu, est en la mort, et est un vrai tison d'enfer; et que mourir au Seigneur, était mourir, sinon en l'acte, au moins en l'habitude de la charité, laquelle embrasse toutes les autres, et les amène en une âme où elle fait son entrée : mais que je désirais savoir, la charité supposée, quelles vertus vives et animées d'elle, étaient les plus convenables à exercer.

Il me dit : « L'humilité et la confiance. » Et pour s'expliquer à sa façon gracieusement: Le lit d'une bonne mort, continua-t-il, doit avoir pour matelas la charité: mais il est bon d'avoir la tête appuyée sur les deux oreillers que je vous ai marqués, et d'expirer avec une humble confiance en la miséricorde de Dieu.

Il m'est avis que l'on pourrait appliquer à cela ce mot du Psal

miste: Si vous dormez entre deux voies, vous prendrez les ailes d'une colombe blanche et argentée, qui a le dos et la queue rembrunis d'or (Ps. 67).

» Le premier des oreillers, qui est l'humilité, nous fait reconnaître notre misère, nous fait trembler de frayeur; mais par cette crainte amoureuse nous concevons, et enfantons l'esprit de salut, esprit non servile, mais filial, auquel nous crions Abba, Père. Humilité courageuse et généreuse, qui, nous abattant en nousmêmes, nous relève en Dieu; et sur la défiance de nos propres forces, nous fait appuyer en Dieu seul.

» De là vient que le passage est aisé vers l'autre oreiller, qui est celui de la confiance en Dieu. Or, quelle est cette confiance, sinon une espérance affermie, et fortifiée par la considération de la bonté infinie de notre Père céleste, plus désireux que nous-mêmes de notre bien? O Dieu, j'ai espéré en vous, disait le Psalmiste, et je ne serai point confondu éternellement (Ps. 30). »

SECTION XXXII. Sa tendresse.

Le saint amour a ses tendresses: notre bienheureux Père, qui était tout de miel, en avait d'incomparables pour les àmes qu'il chérissait en Notre Seigneur. Cela est si visible dans ses épîtres, qu'il n'y a rien de si touchant ni de plus évident. Il avait en une haute estime de vertu et de piété une sienne belle-sœur, qui avait remis son âme à sa conduite spirituelle. Elle était fille selon la chair, et encore selon l'esprit,. de votre digne Mère, mes Sœurs, et qui a donné le voile aux premières filles de votre Congrégation. Le frère de notre bienheureux étant mort, cette jeune veuve étant demeurée enceinte, elle n'attendait que le jour de sa délivrance pour donner du pied au siècle, et se jeter parmi vous autres, entre les bras de sa chère Mère et de prendre votre habit, et faire profession parmi vous.

La Providence céleste en ordonna autrement, et se contentant de sa bonne volonté, lui fit accomplir en peu de jours beaucoup d'années, la tirant à soi peu de temps après son accouchement ayant été novice et professe, et mourant en votre habit en fort petit espace.

Le bienheureux, qui avait été son père spirituel, l'assista jusqu'au dernier soupír, et lui fermant l'un des yeux, sa bonne Mère eut bien le courage de lui fermer l'autre.

On ne saurait dire combien le bienheureux s'attendrit sur cette chère trépassée. Après lui avoir rendu les derniers devoirs, et les honneurs funéraires, il commanda qu'on lui tînt des chevaux prêts pour me venir voir. On lui remontre que la bonne mère de la défunte était en une affliction extrême sur cette perte, et qu'elle avait grand besoin de consolation. « Vous faites tort à mon affection, repartit-il, de l'estimer plus affligée que moi. Je connais sa forcé d'esprit, et la faiblesse du mien, comment lui apporterais-je de la consolation, moi qui en ai plus besoin qu'elle? Ne trouvez pas mauvais que j'aille la chercher où je pense la rencontrer. »

Il me vint donc voir, et me raconta l'histoire de cette sainte

mort, précédée d'une si pieuse vie, avec tant de larmes, que je pensai avec lui fondre en pleurs. Il estimait beaucoup, et selon Dieu, les vertus insignes de la mère; mais il faisait un si haut état de la perfection surnaturelle que Dieu avait répandue, par sa grâce, dans l'esprit de la fille, sa chère sœur, qu'il en parlait comme d'un ange, plutôt que d'une créature mortélle.

Ne vous imaginez rien de lâche, ni de faible en cette piété, mes Sœurs car la dévotion n'est pas une vertu farouche, stupide, insensible, dénaturée. L'Eglise animée du même esprit qui faisait dire à saint Paul : « Pleurez un peu sur le mort; mais non pas comme ceux qui n'espèrent pas en la résurrection; » nous permet d'avoir de tendres sentiments sur la perte des personnes qui nous sont chères. Que la partie inférieure et sensible de l'âme soit dans les laines, et dans les alarmes tant qu'il vous plaira, pourvu que la supérieure demeure ferme.

SECTION XXXIII. Rencontre pareille.

Dans la moisson générale de l'univers, les Apôtres ne laissaient pas de recueillir de certains épis, je veux dire de prendre en leur conduite particulière certaines âmes d'élite. « Qui ne sait, dit notre bienheureux Père, en la préface de sa Philotée, que Timothée Tite, Philémon, Ónésime, sainte Thècle, et Appia, étaient les chers enfants du grand saint Paul; comme saint Marc, et sainte Pétronille de saint Pierre, et Electa de saint Jean? »

A l'imitation de notre bienheureux Père, et par son conseil, j'entrepris dans mon diocèse la conduite de quelques personnes dévotes, et tâchais de faire contribuer mes avis à leur avancement dans le service de Dieu, entre autres, une fille de petite condition, mais d'éminente vertu; j'ajouterai hardiment (car je sais que je ne mens point), de singulière sainteté, et à laquelle j'avais obtenu place dans un cloître de filles de grande observance, fut attaquée d'une maladie qui l'emporta de ce monde en l'autre, et comme je le pense, fort assurément dans le sein de la clémence de Dieu.

J'avoue que je fus d'autant plus sensiblement touché de cette perte, qu'elle fut inopinée, et qu'elle arriya comme à la veille de sa consécration au service de Dieu.

Je rendis à ses funérailles, qui se firent avec célébrité, tout l'honneur que je pensai devoir à une personne plus riche de vertu, que de bien de fortune. Et parce que j'arrosai ces honneurs funèbres de quelques larmes, qui malgré moi s'échappèrent de mes yeux, cela fut rapporté à notre bienheureux Père, qui me vint voir quelque temps après. Il m'en fit grande fête, et se réjouit de ce que j'entrais en des sentiments paternels, et même en des tendresses maternelles, pour les ouailles que Dieu m'avait confiées. Et comme je m'accusais de faiblesse : « Il est vrai, dit-il, que la nature est infirme; mais sachez que cela procède de force d'esprit, et quand je dis d'esprit, j'entends l'esprit de la dilection sacrée, qui est le vrai esprit de Dieu. Continuez à être ainsi faible, de la faiblesse qui faisait dire à l'Apôtre: Qui est infirme avec lequel je ne sois infirme (II. Cor. 11)? »>

S. François. 1

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L'Eglise recommande aux clercs une parfaite mansuétude. C'est pour cela que les ecclésiastiques ne se mêlent jamais dans les affaires où il y a du sang. Et le sang, quoique justement répandu, est une des causes d'irrégularité. Quelques-uns (même) ont estimé que la chasse était défendue aux clercs, non-seulement pour l'indécence des causes, et les agitations violentes de cet exercice; mais parce qu'il se termine dans la mort et le sang des bêtes poursuivies afin que par là même ils apprissent à éviter toute image de cruauté.

Notre bienheureux Père étant un jour chez moi, on m'avait donné un chevreuil tout en vie, qui paissait dans le verger. Un seigneur de marque nous vint voir, qui traînait à sa suite son équipage de chasse: il désira donner le plaisir au bienheureux, de voir faire ses chiens après cette pauvre bête. Il fit ce qu'il put pour sauver la vie à ce pauvre animal, et même ne voulut pas descendre dans le verger, se contentant de regarder ce spectacle, qu'il appelait carnassier, par la fenêtre de sa chambre qui regardait de ce côté-là.

Un grand peuple s'amassa pour prendre part à ce plaisir. Les cors commencent à sonner, les chiens à clabauder; la pauvre bête est mal-menée, et comme si elle eût reconnu son libérateur, elle venait faire des bonds autour de la muraille, au pied de la fenêtre où était le bienheureux, comme si elle eût réclamé son secours. Il se retira, comme la larme à l'œil, suppliant que l'on cessât, comme s'il eût demandé grâce pour un criminel.

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Il n'en vit pas la fin; car le pauvre animal avait eu de si dures atteintes, qu'il fut bientôt aux abois. On le lui apporta mort; à peine le put-il voir et quand on en servit sur la table, il avait du regret d'en manger. « Hélas, disait-il, quel plaisir infernal! C'est ainsi que les démons enragés poursuivent les pauvres âmes par les tentations et les péchés, pour les précipiter à la mort éternelle, et on n'y prend pas garde.»

Possible, mes Sœurs, que ces esprits du siècle, qui se donnent le nom de forts, estimeront ces remarques faibles: mais la perdrix de saint Jean, la biche de saint Gilles, et tant de semblables exemples dans la vie des Saints, montrent assez que l'on peut tirer de leurs enseignements de semblables choses. Mais à vous je n'ai que faire de m'excuser; car je sais que ces simplicités vous sont de merveilleuse édification.

A propos de ceci, il me souvient de ce que dit saint Chrysostome, souhaitant que quelqu'un eût remarqué les moindres et plus domestiques actions de saint Paul, et des autres Apôtres; estimant qu'elles eussent beaucoup servi au réglement de la vie des chrétiens en semblables opérations. Je désirerais que l'on eût écrit d2 quelle façon saint Paul faisait ses pavillons, quel commerce il en faisait leur réglement au manger, voyager, dormir, travailler,

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1 Voyez un trait semblable de S. Anselme, Introduct., 20 Part. chap. XIII, tome III, page 422.

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