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liste complète de tous les barbarismes qu'on peut faire à l'aide de cette négation. Nous nous contenterons de donner quelques-unes de ces expressions nouvelles que nous fournissent les écrivains :

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Le congrès des nations est permanent, INAMOVIBLE, INDESTITUABLE. (Bignon.)

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(Roucher.)

La pièce est INJOUABLE avec les acteurs que nous avons. (Voltaire.) Hardi nocher, vainqueur d'une onde innavigable. (Delille.) La tulipe s'élève : un port majestueux, Un éclat qui du jour reproduit tous les feux, Dans les murs byzantins mérite qu'on l'adore Et lui font pardonner son calice inodore. Mais la superbe tour qui domine la place, Encore inoffensée, insulte leur audace. Dans les négociations matrimoniales, on néglige l'essentiel; de là les mécomptes, l'indifférence, la froideur, l'INSUPPORT, les dissensions domestiques et les inimitiés. (Portalis.)

(Baour-Lormian.)

Vous pouvez adresser des lettres à M. Lavergne, banquier; cela est INVIOBLABLE et INVIOLÉ. (Voltaire.)

Inaction, désœuvrement, oisiveté.

L'inaction est la situation plus ou moins passagère, plus ou moins prolongée, de celui qui n'agit pas; le désœuvrement est l'état de celui qui n'a pas l'emploi de son activité; l'oisiveté est le vice de celui qui ne fait rien ou qui perd son temps dans des occupations inutiles. Le mot inaction n'emporte que le sens général de cessation d'activité, cessation qui doit toujours se comprendre comme momentanée, s'il s'agit des personnes; désœuvrement marque un état

(1) La chimie.

permanent d'inaction, et implique un besoin d'activité non satisfait; oisiveté désigne le caractère d'une vie volontairement traînée dans l'indolence, les plaisirs ou les exercices inutiles.

Incendie, embrasement.

Incendie désigne l'action du feu dans une masse qui brûle ou qu'on brûle; 'embrasement marque l'état de combustion d'un corps devenu un brasier, une braise. L'incendie a son commencement, ses progrès, dont le dernier terme est l'embrasement. On dit de l'incendie qu'il est violent, rapide, et de l'embrasement qu'il est complet. Incendie, en dehors du sens physique, se présente sous un aspect moral: un incendie est toujours un malheur; souvent c'est un malheur et un crime. Embrasement n'a jamais qu'un sens physique. Incendie désigne une action successive, qui peut même n'être que partielle, tandis qu'embrasement désigne l'action générale d'un courant de feu par lequel toutes les parties d'un objet sont enflammées simultanément : si l'incendie qui a éclaté au théâtre n'avait pas été étouffé à temps, au bout de quelques minutes, l'embrasement eût été général.

Incessamment.

Cet adverbe signifie proprement sans cesser, d'une manière continue; il a rapport à un action présente :

Qu'est devenu le temps heureux où je menais INCESSAMMENT, Sous les yeux de mes parents, une vie innocente et sage? (J.-J. Rousseau.)

Le plus souvent, aujourd'hui, on lui donne le sens de bientôt, prochainement, en le joignant à un futur :

Je vous enverrai INCESSAMMENT une tragédie. (Voltaire.)

Le roi a ordonné à son ambassadeur de partir INCESSAMMENT. (Académie.)

Incursion, irruption.

Incursion exprime l'action de courir dans ou sur; irruption, désigne l'action double de briser une barrière et de se précipiter au delà. Incursion marque un mouvement plus soudain et plus passager; irruption, une agression plus violente et plus soutenue. Les partis détachés font des incursions; les masses font irruption. L'objet de l'incursion est de faire du butin; celui de l'irruption est d'envahir. Les barbares qui détruisirent l'empire romain commencèrent par des incursions qu'ils renouvelèrent souvent, parce

que les empereurs payaient bien leur retraite; et leurs invasions finirent par de terribles irruptions, dont la violence ne s'arrêta que lorsqu'il ne leur resta plus qu'à s'asseoir sur les ruines de l'empire..

Indéclinable.

Ce mot est un terme de grammaire particulier aux langues qui ont des cas ou des déclinaisons, et se dit particulièrement de certains noms irréguliers, et quelquefois des mots variables qui ne reçoivent pas les signes du genre et du nombre. Autrefois nos grammairiens donnaient le nom d'indéclinables à la préposition, à l'adverbe, à la conjonction et à l'interjection, qu'aujourd'hui nous désignons plus justement sous celui d'invariables.

Indemniser, dédommager.

Indemniser exprime une action de droit rigoureux; dédommager, une action de simple convenance, ou même de pure générosité. Les tribunaux nous condamnent à indemniser justement celui à qui nous avons causé un préjudice dont l'importance a été appréciée; nous dédommageons de notre propre mouvement celui qui a éprouvé des pertes que nous ne voulons pas laisser à sa charge. On indemnise en argent ou en valeurs appréciables en argent; on dédommage en argent, en valeurs quelconques, et en équivalents de toute na-ture. Indemniser n'est guère d'usage dans le sens figuré, où dédommager a, au contraire, de nombreux emplois.

Indolent, nonchalant, paresseux, négligent, fainéant.

Ces mots marquent, en général, un défaut d'action dans le sujet. Leurs différences viennent des origines diverses qu'ils assignent à ce défaut. L'indolent manque de passion; le nonchalant, d'ardeur; le paresseux, de ressort; le négligent, de souci; le fainéant, de volonté. L'indolent ne s'intéresse à rien; le nonchalant veut n'en prendre qu'à son aise; le paresseux craint la fatigue; le négligent n'aime pas l'ordre; le fainéant fuit toute action.

Induire en, à.

L'étymologie est la source la plus sûre que l'on puisse consulter pour bien distinguer ces deux expressions, qui signifient, en général, Conduire d'une manière lente, plus ou moins cachée, à faire une chose. Induire en, c'est mettre directement et immédia

tement dans la chose : INDUIRE EN erreur. Induire à, c'est seulement mettre sur la voie qui mène à une chose ou à faire une chose: IN

DUIRE A erreur.

Induire en erreur, c'est donc tromper quelqu'un; induire à erreur, c'est faire qu'il se trompe. Cette distinction, déjà observée par beaucoup d'écrivains, quoique négligée par un plus grand nombre, nous paraît devoir être définitivement admise. Une autre différence plus constamment reconnue est celle qui est relative à l'intention. On induit en erreur avec ou sans dessein; c'est toujours avec dessein qu'on induit à erreur.

Ineffable, inénarrable, indicible, inexprimable.

Mot pour mot, ineffable signifie ce dont on ne peut parler; inénarrable, ce qu'on ne peut raconter; indicible, ce qu'on ne peut dire ; inexprimable, ce qu'on ne peut exprimer. Quoique tous ces qualificatifs paraissent se confondre, ils se distinguent néanmoins par des nuances analogues à celles qui existent entre les verbes latins dont ils représentent négativement les divers sens. Ineffable convient aux choses dont on ne pourrait parler dignement à cause de leur sublimité ou de leur caractère sacré; il se dit proprement des mystères; inenarrable, à celles que leur nature merveilleuse rend impossibles à raconter dans un langage humain; il est presque exclusivement employé dans un sens religieux; indicible, à celles qui sont tellement délicates et fugitives qu'on les sent, qu'on les voit, sans pouvoir leur donner un nom, un caractère; il s'applique surtout aux nuances du sentiment, aux charmes de la beauté, aux innombrables accidents des effets produits par l'art et par la nature; inexprimable convient à celles dont la forme et la couleur ne peuvent être égalées par les ressources du langage.

Ineffaçable, indélébile.

L'un et l'autre se disent de choses qu'on ne peut pas faire disparaître en les détruisant; mais il y a entre eux une différence fondamentale. Ineffaçable s'applique à la forme; indélébile s'applique à la matière. On dira d'une lettre qu'elle est ineffaçable, et de l'encre dont on s'est servi pour la peindre qu'elle est indélébile. Au figuré, on dit, avec des distinctions analogues, une gloire ineffaçable, parce que la gloire est une chose superposée à la personne; et un nom indélébile, parce que le nom est tellement inhérent à la personne qu'il fait en quelque sorte partie d'elle-même. Ineffaçable, d'ailleurs, ne marque pas aussi absolument qu'indélébile ce qui résiste à la destruction.

Infatuer, fasciner, entêter.

La signification commune à ces trois verbes est Donner ou inspirer une prévention excessive et déraisonnable. Voici leurs distinctions littérales : infatuer, c'est Rendre fou d'une chose ou d'une personne; fasciner, Ensorceler, mettre sous le charme de quelque objet; entéter, Porter à la tête, s'établir dans un esprit si fortement qu'on peut le maîtriser et le mener où l'on veut. Un esprit vide se laisse facilement infatuer d'une idée qui le remplit et le flatte; un esprit faible et crédule est fasciné par tout objet qui a des dehors imposants ou merveilleux; un esprit lourd et opiniàtre repousse toutes les raisons qui contrarient l'idée préconçue dont il est entété.

Infecter, infester.

Infecter signifie, au propre, Répandre une mauvaise odeur, la contagion; et, au figuré, Gâter, corrompre :

Excepté ces moments de calamité où l'air est INFECTÉ de vapeurs mortelles; excepté ces jours de désastres marqués par les rigueurs de la nature, dans tout autre temps, lorsque les hommes sont malheureux, ceux qui gouvernent sont coupables.

L'idolatrie INFECTA tout le genre humain. (Bossuet.)

Infester signifie Ravager, désoler, etc.:

(La Harpe.)

Athènes, avec ses vaisseaux, INFEStait les possessions des Lacédémoniens.

(La Harpe.) Autrefois on pensait que les malins esprits se faisaient un plaisir d'INFEster les châteaux inhabités. (Trévoux.)

Inhumer, enterrer.

Ces deux verbes signifient étymologiquement Mettre en terre; mais inhumer a été spécialement affecté à la sépulture religieuse, et enterrer a conservé le sens général. On enterre un homme, un chien, un trésor, etc.; on n'inhume que l'homme. Il y a encore cette différence entre un homme enterré et un homme inhumé, que le premier a été simplement mis en terre, et que le second a été mis en terre avec des cérémonies religieuses. On enterre les cadavres des soldats tués sur le champ de bataille; plus tard, si, dans cette masse, on reconnaît des parents, on les fait inhumer. On enterre partout; on n'inhume que dans les cimetières ou dans les autres lieux consacrés aux sépultures.

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