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Afin de, afin que; pour.

Afin de et afin que expriment le but, mais d'une manière indéterminée ; ils marquent une vue éloignée et éveillent l'idée d'une conséquence plutôt probable que certaine. Pour annonce un but précis, un résultat immédiat et prochain; il marque une vue certaine et à peu près infaillible dans son résultat. Cette phrase de la Bruyère marque très-bien en quoi diffèrent ces deux expressions :

Le courtisan qui a vu la cour le matin, la voit le soir POUR la reconnaître le lendemain, ou afin que lui-même y soit connu.

Age.

Age, la durée ordinaire de la vie. Le mot de Louis XIV au maréchal de Villeroi, après la perte de la bataille de Ramillies : Monsieur le maréchal, on n'est pas heureux à NOTRE AGE, est un modèle de délicatesse; à nos áges eût été une faute. Employé pour exprimer les degrés différents de la durée de la vie chez deux ou plusieurs individus, áge n'est plus d'usage aujourd'hui au pluriel; et comme on ne dit pas : Quels sont LES AGES de cet enfant et de ce vieillard? un homme de soixante ans ne pourrait pas dire non plus à un jeune homme de vingt ans : A NOS AGES, la vie offre des aspects bien différents. Dans cette acception, âge est essentiellement du nombre singulier; ainsi, l'on condamnerait aujourd'hui l'emploi du pluriel dans la phrase suivante :

Il faut dans l'amitié de la conformité, des rapports, des AGES à peu près semblables. (Mme Lambert.)

L'auteur devait écrire un âge et non des âges, sans se préoccuper du nom pluriel qui précède et de l'adjectif pluriel qui suit âge. Ajoutons qu'on ne doit jamais employer au pluriel âge lorsqu'il est accompagné d'un adjectif déterminatif, et que ces expressions, à nos áges, à vos áges, à leurs âges, sont aujourd'hui proscrites par le goût et le bon usage: ce sont des constructions tombées en désuétude; on les trouve fréquemment dans les écrivains et les poëtes anciens, nous ne le contestons pas :

Quelque inégalité qui soit entre nos âges,

Ai-je rien entrepris qui troublât ton repos ? (Mairet.)

mais il faut les y laisser, et ne pas chercher à les rajeunir.

Agé de, à l'âge de.

La première de ces expressions désigne l'âge indépendamment de toute idée accessoire: Son fils est AGÉ DE vingt-cinq ans, la seconde ajoute à l'idée d'âge une idée relative de circonstance : Son fils s'est marié A L'AGE DE vingt-cinq ans. Dans le premier exemple, la durée est considérée en elle-même; dans le second, elle est considérée au point de vue d'une époque précise, d'un fait déterminé; d'où il résulte que, dans cette phrase de Bossuet :

Alexandre pousse ses conquêtes jusqu'aux Indes, et vient mourir à Babylone, AGÉ DE trente-trois ans;

á l'âge eût mieux convenu que âgé de, attendu qu'à l'idée d'âge est jointe une idée de circonstance qu'il est important de bien déterminer. On dira donc :

Fontenelle est mort à L'ÂGE DE quatre-vingt-dix-neuf ans et sept mois,

parce que c'est l'époque précise de la mort de Fontenelle qu'on veut ici exprimer.

Agreste, champêtre.

Le mot agreste exclut toute idée de culture et d'agrément; le mot champêtre, au contraire, réveille, non-seulement l'idée de culture, mais celle des agréments qui l'accompagnent. Un lieu agreste n'offre que des rochers stériles, des plantes sauvages, une terre inculte; il inspire la tristesse ou tout au plus une stérile mélancolie. Un lieu champêtre présente un spectacle riant et agréable; ce sont des plaines fertiles, de gras pâturages couverts de riches troupeaux, des prairies émaillées de fleurs, des arbres chargés de fruits, des travaux qu'animent l'innocence et la gaieté, etc. On ne connaît point de plaisirs agrestes; mais rien n'est plus touchant que les plaisirs champêtres. L'idée de ce mot est inséparable de celle d'agrément. Les exemples qui suivent indiquent clairement la différence qui existe entre ces deux expressions:

Toute campagne n'est pas AGRESTE et toute ville n'est pas polie. (La Bruyère.) Tout cela donne à cette maison un air plus CHAMPÊTRE, plus vivant, plus animé, plus gai. (J.-J. Rousseau.)

Agriculteur, cultivateur.

Le premier embrasse l'agriculture en grand; le second s'occupe d'un genre de culture particulier et dans un domaine circonscrit.

Qui dit agriculteur, dit principalement un producteur de céréales, de bestiaux, de denrées alimentaires; et qui dit cultivateur, dit tout simplement un particulier adonné à une culture restreinte. Il y a d'ailleurs dans le mot agriculteur une idée de science qui ne se trouve pas dans celui de cultivateur.

Ai, oi.

Autrefois la voyelle double oi se prononçait oa, comme dans le mot danois; la prononciation a changé pour un grand nombre de mots, françois, anglois, etc., longtemps avant que l'orthographe ait été modifiée.

Souvent un changement de prononciation a lieu sans qu'on en puisse assigner la cause; mais ici l'histoire nous la fait connaître.

En 1533, Catherine de Médicis, fille du duc d'Urbin, épousa le roi Henri II, alors duc d'Orléans. Cette alliance attira en France beaucoup d'Italiens. En 1600, Henri IV épousa Marie de Médicis, fille du grand-duc de Toscane; ce fut alors que la plupart des beaux esprits d'Italie passèrent en France. La cour était tout italienne: cependant on y parlait toujours le français; mais comme la voyelle double oi n'existe pas dans la langue du Tasse, les Italiens trouvèrent de la difficulté à la prononcer, et lui donnèrent le son é : bientôt cette corruption passa de la cour à la ville; et une chose digne de remarque, c'est que Molière, qui nous donne tant d'exemples de vieux langage, n'a pas employé une seule fois la rime en oi dans son Tartufe, représenté en 1664, tandis qu'on y trouve beaucoup de vers comme ceux-ci :

D'autres prendraient cela d'autre façon peut-être,
Mais ma discrétion se veut faire paraître.

Ah! je vous brave tous, et vous ferai connoître
Qu'il faut qu'on m'obéisse, et que je suis le maître.

Dès 1668, un certain de Lesclache voulut introduire le changement de l'oi en ai, et en 1675, un sieur Bérain, avocat au parlement de Rouen, fit la même tentative; mais c'étaient des auteurs trop obscurs pour faire adopter leur opinion, d'autant plus qu'il y avait encore beaucoup de partisans de l'ancienne prononciation; aussi s'est-elle soutenue jusqu'au milieu du dix-septième siècle. Racine donna ses Plaideurs en 1668, et l'on y trouve les vers suivants :

Tenez, voilà le cas qu'on fait de votre exploit.

- Comment! c'est un exploit que ma fille lisoit?
Ah! tu seras un jour l'honneur de ta famille.

Tu défendras ton bien. Viens, mon sang, viens, ma fille.
Va, je t'achèterai le Praticien françois,

Mais, diantre, il ne faut pas déchirer les exploits.

On voit, par la rime, que lisoit et françois se prononçaient oa. On pourrait objecter que Racine n'a mis cette prononciation surannée dans la bouche de son plaideur que pour la tourner en ridicule; s'il en était ainsi, cela prouverait toujours que cette prononciation était encore suivie, car on ne se moque pas de ce qui n'existe point; mais il est facile de démontrer que ce n'était pas là son intention, puisque dans Mithridate qui parut cinq ans après, en 1673, on lit :

Mais dans mon désespoir je cherche à les accroître :
Madame, par pitié, faites-le-moi connoître.

Ma colère revient et je me reconnois:
Immolons en partant trois ingrats à la fois.

Cependant la pronciation é avait déjà un grand crédit, car, dans la même pièce, on trouve les vers suivants :

Détruisons ses honneurs et faisons disparoître
La honte de cent rois, et la mienne peut-être.

Et pour connaître un traître,

Il n'est point de moyens... Mais je la vois paroître!

En 1674, Boileau écrivait, dans le premier chant de l'Art poétique:

Durant les premiers ans du Parnasse françois,

Le caprice tout seul faisait toutes les lois.

et dans le deuxième chant :

On dit, ce propos, qu'un jour, ce dieu bizarre,
Voulant pousser à bout tous les rimeurs françois,
Inventa du Sonnet les rigoureuses lois.

Ainsi, l'on prononçait encore françois en non français. Enfin, dans une dissertation faite à ce sujet, en 1743, Dumarsais dit que, dans la prononciation soutenue, il ne faut pas donner à la syllabe oi le son d'un é ouvert, et qu'on doit prononcer françois, connoître, et non français, connaître. Racine fils nous en fournit la preuve dans son poëme de la Religion:

A de moindres objets tu peux le reconnoître :
Contemple seulement l'arbre que je fais croître.

Car il lui eût été facile de substituer naître à croître, si le son oi avait choqué dans connoitre. C'est là la dernière trace d'une prononciation tout à fait proscrite aujourd'hui.

Il est donc incontestable que oi n'est plus propre aujourd'hui à représenter la prononciation de certaines syllabes; on ne peut donc raisonnablement se refuser à suivre l'orthographe que Voltaire a établie dès le commencement du dix-huitième siècle.

Aider.

Ce verbe est tantôt transitif et tantôt intransitif; on dit AIDER ▲ une personne et AIDER une personne.

Aider à une personne, c'est la soulager, en partageant personnellement sa peine, son travail, comme dans ces phrases:

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AIDEZ À cet homme qui plie sous la charge qu'il porte. (Académie.)

Il LUI a AIDÉ à porter ce fardeau. (Féraud.)

Télémaque, voyant Mentor qui lui tendait la main, pour LUI AIDER à nager, ne songea plus qu'à sortir de l'île fatale. (Fénelon.)

J'AIDAI AU Rhodien confus à se relever. (Le même.)

Dans nos études, quand mon thème était fini, je LUI AIDAIS à faire le sien.

(J.-J. Rousseau.)

Il parut sensible à l'attention que j'eus de LUI AIDER à sortir du bateau.

(Le même.) Dois-je demeurer auprès de mon fils pour avoir soin de ses affaires, et LUI AIDER à gouverner ses Etats? (Mme Dacier.)

Au figuré, on emploie la même construction:

La nature fait naître dans tous les pays des esprits et des courages élevés, mais il faut LUI AIDER à les former. (Bossuet.)

Aider une personne, c'est lui prêter secours sans partager personnellement sa peine ou son travail. Celui qui prête de l'argent à une personne pour payer une partie de ses dettes AIDE cette personne à payer ses dettes.

Ils se sont appauvris pour AIDER les pauvres. (Bossuet.)

Plusieurs ont raconté dans nos forêts lointaines

Qu'ici le riche aidait le pauvre dans ses peines. (A. Giraud.)

On dit aussi : Il L'A AIDÉ de son argent à bâtir cette maison, et non pas il lui a AIDÉ; On doit s'aider LES uns LES autres,{et non pas les uns AUX autres, comme l'a dit Bossuet.

Nous nous aidions l'un l'autre à porter nos malheurs.

(Racine.)

Dieu AIDE AUX fous et AUX enfants est une phrase consacrée, qui

ne doit pas tirer à conséquence pour d'autres.

Avec les noms de choses, aider à exprime le concours :

Il faut que votre mémoire AIDE un peu à la mienne. (Fénelon.)

Le repos de l'esprit AIDE À la guérison du corps. (Académie.)
La vertu AIDE au talent. (Raynouard.)

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