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MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES ÉDITEURS

RUE VIVIENNE, 2 BIS, ET BOULEYARD DES ITALIENS, 15
A LA LIBRAIRIE NOUVELLE

Tous droits réservés

405$6.5

7 1873, April 24.

Minot "Fund.

Lundi 16 septembre 1867.

MÉMOIRES

DU COMTE BEUGNOT.

:

Ces Mémoires sont trop spirituels pour qu'on ne tienne pas à en dire son mot après tant d'autres critiques qui en ont bien parlé. Leur destinée a été assez singulière le fils de l'auteur, le comte Arthur Beugnot, homme d'esprit lui-même et qui avait le culte de la mémoire de son père, mais qui savait les précautions qu'il faut prendre quand on a plein la main de révélations contemporaines, en avait publié, essayé çà et là dans des revues quelques fragments et des chapitres détachés. Sous cette forme, je dois le dire, ils avaient été assez peu remarqués et n'avaient que médiocrement réussi. Qu'y manquait-il? Je ne sais peut-être simplement le vin n'était-il pas depuis assez longtemps

(1) 2 vol. in-8°, Dentu, Palais-Royal.

:

en bouteille, et n'avait-il pas fait tous les voyages voulus pour nous revenir juste à point, à l'heure propice. Il est des saisons aussi pour les lectures. Quoi qu'il en soit, jamais le comte Arthur Beugnot ne s'était décidé à réunir les fragments en volumes. Lui-même, érudit fort distingué, mais encore plus causeur spirituel, il se plaisait à raconter des scènes de la vie de son père, des épisodes dramatiques et comiques du Conseil d'État, des malices sur quelques contemporains du Consulat et de l'Empire, par exemple sur François de Neufchâteau, qui, ayant à faire le récit du 19 brumaire, le soir même, devant des auditeurs avides et impatients, ne parvenait pas à sortir des parenthèses ni des embarras que sa voiture avait rencontrés dans sa route vers Saint-Cloud : on lui demandait les grands résultats, les résolutions prises, et il vous expliquait, à n'en pas finir, comment il avait eu toutes les peines du monde à passer. Tous ces récits étaient fort bien rendus et mimés, d'une voix quelque peu forte et robuste, par un homme de haute stature et en qui un filet de l'ironie paternelle se faisait encore sentir; mais cette ironie n'était plus la source même et ne venait que par une sorte de transmission et d'habitude : elle était de souvenir plus que d'inspiration et de jet. L'originalité n'y brillait que de reflet; on était à la seconde génération.

Réunis aujourd'hui en volumes par les soins du comte Albert Beugnot, fils du précédent, ces Mémoires ont eu un complet succès et bien mérité. Je ne crois pas qu'on y ait tout mis; je suppose qu'il y a eu bien

des suppressions et des coupures. L'auteur, il est vrai, ne les écrivit pas de suite et avec continuité; il y revint à plus d'une reprise et comme par époques, sans se soucier beaucoup des liaisons. Mais il est évident qu'il y a eu des parties non imprimées et auxquelles il est référé même dans ce qu'on a donné et qui est aujourd'hui sous les yeux du lecteur. Aussi c'est bien moins comme récit continu, comme témoignage et contrôle positif concernant des faits historiques, que ces Mémoires méritent de compter, qu'à titre de portraits vivants et de tableaux. On voit passer devant soi une suite de peintures de mœurs fort contrastées, prises chacune sur le vif dans les régimes successifs que l'auteur a traversés et qu'il a trouvé moyen de railler, tout en les servant. Les coupures mêmes qu'on y a faites dans les parties intermédiaires, et qui rendent les oppositions plus tranchées, prêtent à l'ensemble du livre une apparence d'art qui était sans doute fort étrangère à l'intention de l'auteur.

Les Mémoires se composent de quatre morceaux principaux Mme de Lamotte et l'affaire du collier sous Louis XVI; les souvenirs de 1793 et des prisons sous la Terreur; - l'administration du grand-duché de Berg sous Napoléon; les débuts de la Restauration, la confection de la Charte, etc. Ce n'est guère que dans cette dernière partie que le livre prend le caractère de Mémoires suivis et que l'auteur s'attache à éclaircir en témoin et en coopérateur des mieux informés quelques-uns des actes importants de l'histoire. Partout ailleurs ce sont plutôt de fidèles impressions

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