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insolence en le destituant de la royauté; mais en même temps elles se portèrent un coup mortel qui atteignit la république entière. Ainsi, toutes ces entreprises, tout ce génie séduisant, toutes ces conquêtes commerciales eurent pour résultat de laisser le pays plein de divisions, moins puissant à l'étranger, et moins libre qu'à son avènement: fatale destinée que Salomon a partagée avec beaucoup de monarques, et qui ramène la pensée vers le plus grand homme des temps modernes !

La plupart des historiens avides d'une occasion pour des descriptions brillantes et pour répéter les termes de mépris usités contre le peuple hébreu, n'ont pas distingué les diverses faces de sa politique, et ont prétendu qu'après sa mort tout commerce avait disparu du pays d'Israël. Cela n'est pas exact: la ville d'Elath, à peu de distance d'Ezion-Guéber, fut possédée, perdue, reprise et reperdue par les rois juifs (133): tous les objets de luxe que j'ai cités supposent des relations étendues avec une foule de contrées. Cinq cents ans après Salomon, Jérusalem méritait, comme on l'a vu, d'être appelée la porte des peuples; elle excitait la jalousie de Sidon et de Tyr, et Ézéchiel, faisant la description du commerce de cette dernière ville, disait : « Juda et le pays d'Israël ont porté sur tes marchés le blé,

l'huile, le miel et le baume; la tribu de Dan, Javan et Mosel, le fer fabriqué *, la casse et le roseau aromatique (131). » Enfin on aperçoit de tout temps, dans Jérusalem, un nombre très-considérable d'étrangers.

Quand les dix tribus eurent été transplantées dans la Perse par Salmanazar, et lorsque les Juifs de Babylone eurent formé des établissemens, les relations commerciales avec ces contrées s'agrandirent: mais c'est surtout après la dispersion générale que le commerce, qui n'avait offert jusqu'alors qu'un intérêt secondaire, devint leur objet principal.

L'espoir qu'ils gardèrent long-temps de recouvrer leur liberté, et l'accueil peu favorable qu'ils reçurent des autres nations, les attachèrent à la fortune mobilière. Les persécutions et les spoliations auxquelles ils furent en butte, affermirent ces idées. Alors naquit entre eux et

*Moïse a dit, en parlant du pays d'Israël, que c'était une terre où l'on trouvait le fer et l'airain (Deut, VIII, 9). La Phénicie mettait surtout dans le commerce ses étoffes teintes en pourpre et les produits de ses verreries; l'Égypte, ses toiles et ses gazes légères; l'Idumée, des armes dont on a vanté l'excellence; la Syrie, ses draps, ses broderies, ses pierres précieuses; l'Arabie, ses parfums, ses chevaux ; la Grèce et l'Arménie, des vases d'airain travaillés; l'Espagne, ses métaux ; l'Assyrie et l'Inde, de riches étoffes, de l'ivoire et de l'ébène.

les peuples qui les opprimaient une véritable guerre intestine, dans laquelle l'or fut la seule arme défensive et offensive des Hébreux. Cependant durant le cours de cette lutte déplorable, où le plus fort se plaisait par système * à faire du plus faible un objet de pitié, ils rendirent d'éminens services au commerce, que l'ignorance du moyen-âge poursuivait de son mépris. Si l'invention des lettres de change ne leur appartient pas en propre si l'on doit l'attribuer à cette nuée d'agioteurs italiens et lombards qui, vers le commencement du douzième siècle, inonda l'Europe, et qui, en disparaissant, laissa sur les Juifs tout l'odieux de son passage, ils en répandirent l'usage de toute part. Tribu dispersée parmi toutes les tribus de la société humaine,

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* Les Chrétiens d'autrefois disaient que pour prouver la vérité de leur doctrine il fallait que les Juifs fussent malheureux. Alors ils émettaient d'une main le principe, et de l'autre ils travaillaient à la confection de la preuve. Singulière manière d'argumenter!

** «< Cependant on vit le commerce sortir du sein de la vexation et du désespoir, dit Montesquieu; les Juifs proscrits tour à tour de chaque pays inventèrent les lettres de change.... » (Esprit des Lois, liv. XXI, ch. xx.) En effet ils avaient de temps immémorial dans leur jurisprudence des modèles de lettres d'achat, de lettres de donation, de lettres d'échange. Il n'y avait qu'un pas de là aux autres lettres.

ils continuèrent à travailler, sans s'en douter eux-mêmes, à la formation de cette unité qui est toute la pensée de leur loi : ils mirent en rapport l'Europe, l'Asie et l'Afrique; ils transportèrent dans chacune les produits des autres, et réveillèrent chez la plupart des peuples européens les idées d'industrie et les liens commerciaux.

Quelle résistance n'ont-ils pas faite sur le seul terrain laissé à leur activité! Et n'est-ce pas une chose frappante que de les voir se redresser souvent du sein de la poussière, envelopper leurs oppresseurs, et s'élever, par leurs propres forces, au point d'agir sur les destinées des empires!

Certes, lorsqu'on songe à l'économie, l'habileté, la tenacité qu'il a fallu aux Juifs, seulement pour vivre, il est impossible de ne pas reconnaître que leurs facultés régulièrement dirigées enssent produit de grandes choses, et que cette force de vie qui les distingue doit tenir à quelque cause profonde, qu'on aurait tort de ehercher ailleurs que dans les grands principes de leur première institution.

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CHAPITRE VII.

DU TRÉSOR DU TEMPLE ET DES IMPÔTS..

LES peuples anciens avaient coutume de renfermer une partie de leurs richesses dans les temples, pour les évènemens imprévus: il n'exischez eux, comme parmi nous, la rapide circulation de capitaux qui les porte en un clind'œil sur le point nécessaire.

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Le trésor du temple des Hébreux n'appartenait donc pas à la tribu des sacerdotes. De même qu'ils n'avaient qu'une patrie, qu'une loi, qu'un but d'utilité nationale, ils ne possédaient qu'un trésor général qu'on nommait indistinctement le trésor de Dieu et du peuple. Les richesses particulières que se procurèrent les rois, furent, comme on le verra dans la suite, une dérogation à la loi primitive.

Les sénateurs et les sacerdotes veillaient en

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