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par leurs soins, un père rigoureux était apaisé; un fils égaré rentrait dans la maison paternelle; des familles désunies renaissaient à la paix; rarement leurs efforts étaient infructueux, car en inspirant au citoyen qui les avait chargés de sa défense, la pensée qu'Israël tout entier partageait sa peine, ils lui rendaient le courage; tandis que l'homme dont ils censuraient la conduite ou qu'ils suppliaient de revenir à de meilleurs sen. timens se disait à lui-même : « Les anciens de mon peuple ne sont pas injustes, ils savent que dans quelques années j'occuperai leur place, pour juger à mon tour leurs propres enfans.»> Enfin durant les jours consacrés, la présence de ces vieillards qui écoutaient avec un respect religieux la lecture de la loi et les exhortations des orateurs, faisait sentir aux jeunes citoyens l'importance des sujets qui s'y traitaient, et communiquait aux assemblées le assemblées le caractère calme et mesuré qui convient à des hommes libres.

Ainsi se passèrent les choses durant les longues périodes de repos dont jouit Israël, en dépit des ennemis puissans dont il était entouré; telle est la politique simple et forte qui imprima dans l'ame des Hébreux des souvenirs éternels, et qui, malgré les actions odieuses produites par la barbarie des âges, fait trouver

encore un charme indicible dans leurs livres sacrés *.

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* Homère nous peint les assemblées des peuples présidées par les vieillards. Le bouclier d'Achille les montre assis sur des pierres luisantes, et formant une enceinte sacrée chacun d'eux, avant de parler, reçoit un sceptre de la main d'un héraut. Quand la légère Iris descend chez les Troyens par l'ordre de Junon, elle trouve les vieillards environnés de la jeunesse, qui formaient un conseil aux portes du palais de Priam. A la voix du fils d'Ulysse, l'assemblée des habitans d'Ithaque se réunit, et les vieillards sont à leur tête. De toutes les manières de gouverner, celle qu'on propose aujourd'hui comme la plus raisonnable et la meilleure semblerait donc aussi la plus ancienne et la plus sacrée, sous ce rapport qu'elle aspire â prendre pour guide les lumières proportionnées aux temps, l'expérience et la probité.

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La théocratie égyptienne eut ses prophètes; mais c'était une subdivision de la caste sacerdotale, chargée de quelques fonctions judiciaires. En fut-il de même chez les Hébreux? Formaient-ils une partie nécessaire du sacerdoce comme l'ont prétendu, avec des intentions opposées, les théocrates modernes et l'École de Voltaire ? ou bien faudra-t-il reconnaître, avec de savans philologues et publicistes, qu'ils étaient également indépendans du sacerdoce et de la royauté (90)? et devra-t-on s'écrier, avec un historien allemand: «Opposition bizarre, contraste singulier, qui eependant est propre à la constitution de l'état juif? Nous retrouvons dans les prophètes la voix de véritables patriotes qui, appuyés sur une disposition de la loi de Moïse, di

saient la vérité au peuple, aux prêtres et aux rois, en se servant de l'histoire comme d'une autorité (91),

Pour résoudre cette question qui entre si profondément dans les entrailles de la théocratie, je ne puis distinguer avec trop de soin la nature et le but de l'institution, des abus qui s'y attachèrent et de toutes les circonstances qui sont les parties acccessoires et nullement le fond du sujet.

De même qu'on accorde de nos jours un esprit plus ou moins élevé à l'homme qui sort de la elasse ordinaire, les Hébreux disaient de leurs concitoyens doués de facultés supérieures, de raison, d'imagination, de vertu, de génie, qu'ils possédaient l'esprit de Dieu, en d'autres termes, l'esprit par excellence; car il faut savoir qu'une des manières d'exprimer grammaticalement le superlatif dans leur langue, consiste à ajouter au substantif un des noms de Dieu; à dire par exemple des arbres de Dieu, pour des arbres trèsélevés; une épée de l'Éternel, pour une épée terrible; des montagnes, une flamme, un discours de Dieu, pour de hautes montagnes, une flamme ardente, un sage discours (92).

<< Lorsqu'un homme, dit Maimonide, est tellement pénétré d'une influence suprême qu'il se sent poussé à quelque action grande et héroïque;

à délivrer le peuple, même un seul individu, de la tyrannie des méchans; ou bien à devenir le bienfaiteur d'un certain nombre d'hommes, nous appelons ce don l'esprit de Dieu; et nous disons de l'homme qui l'a obtenu, qu'il est revêtu de cet esprit; que cet esprit repose sur lui, qu'il est avec lui, et autres choses de ce genre; tels sont les juges d'Israël, au sujet desquels nos livres sacrés s'expriment en ces termes : « Alors l'Éternel suscita aux Hébreux des juges, et il fut avec ces juges pour les délivrer (93). »

Mais parmi les diverses facultés de l'esprit, il en est une qui semble embrasser toutes les autres, et qui donne à l'espèce humaine sa plus grande suprématie sur tous les êtres de la création: c'est la voyance, que notre mot prévoyancc ne rend qu'incomplétement et que les Hébreux définissent: « Ce haut degré de la faculté imaginative, en vertu duquel une chose apparaît à un homme et est vue par lui, comme si elle existait actuellement hors de lui, comme s'il l'apercevait au moyen de ses sens externes (94). »

Ainsi, prophète et voyant sont deux mots synonymes; ainsi, l'homme qui prophétisait ne devinait pas seulement l'avenir; car ces deux qualités sont bien distinctes dans l'Écriture (95), il voyait l'état réel des choses et il répétait hautement sa pensée : « Vous êtes un peuple léger

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