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la scène du monde : Que les plus hautes facultés s'épuisent, et qu'il y a autant de sagesse à ne pas se survivre à soi-même, que de justice à déposer sans regret dans d'autres mains les avantages ou même le fardeau auxquels on avait ajouté quelque prix.

Le grand-conseil reste en permanence; ses délibérations s'accomplissent à la face du peuple : le secret, au contraire, était un des premiers principes de l'Égypte. Dans le désert, il s'assemblait devant le tabernacle dressé à chaque campement; plus tard, il occupa l'un des portiques du temple, à Jérusalem, de sorte que la maison de Jéhovah fut plus particulièrement appelée maison de vérité, dans le lieu où l'on conservait les tables des principes et le livre de la loi; et maison du jugement, là où cette loi recevait des développemens et une action (61).

Toutes les fonctions législatives exercées par Moïse rentraient dans les attributions du conseil public. Pendant sa vie, ce sénat avait partagé avec lui le fardeau du peuple; après sa mort, il était son héritier légal, comme le sacerdoce héritait d'Aaron et c'est ici le cas de citer les paroles suivantes de Basnage, quoique cet auteur se contredise lui-même: « Plusieurs chrétiens se sont imaginés que le grand-sanhédrin établi par Moïse fut aboli à sa mort; on trouve une preuve

:

du con

traire dans la chronique des Samaritains. Les Juifs partagent le sentiment de ces derniers, et le bon sens le dicte; car si ce grand législateur eut besoin de ce conseil, pendant sa vie, il était encore plus nécessaire à ceux qui lui succédèrent dans l'administration de la république (62). »

Il appartenait au sénat de développer selon les besoins du moment les principes de la loi fondamentale, non-seulement en ce qui tient au droit civil et politique, mais dans les rites même; attendu que les rites avaient tous pour but, comme la loi à laquelle ils servaient de rempart, un intérêt temporel et national: il proclamait en conséquence les jugemens du Dieu d'Israël, en d'autres termes, ce qu'exigeaient le bien public et la raison d'État. Ce principe est trop sagement rappelé dans les déclarations de l'assemblée des députés israélites de France et d'Italie, convoquée en l'année 1807, pour que je les passe sous silence.

« Réunis à Paris, au nombre de soixante et onze docteurs et notables d'Israël, nous nous constituons en grand-sanhédrin, afin de rendre des ordonnances conformes aux principes de nos saintes lois, et qui servent de règle et d'exemple à tous les Israélites.... Ainsi, en vertu du droit que nous confèrent nos usages et nos lois, et qui détermine que dans le sénat réside essen

tiellement la faculté de statuer selon l'urgence des cas " en ce que requiert l'observance desdites lois.... nous procèderons....... Partant, nous enjoignons à tous, au nom de notre Dieu, d'observer fidèlement nos déclarations, statuts et ordonnances, regardant d'avance ceux qui les violeraient ou en négligeraient l'observation comme péchant notoirement contre la volonté de ce Dieu. C'est pourquoi le grand sanhédrin, légalement assemblé ce jour.... et en vertu des pouvoirs qui lui sont inhérens.... examinant.... reconnaît et déclare.... puis statue.... enfin ordonne dans tout ce qui tient à la législation.. invite dans tout ce qui tient à la morale (63). »

Mais le sénat n'est que le conseil de la nation; il ne doit être regardé que comme la partie intellectuelle, la tête de l'assemblée générale : dans toutes les occasions importantes, il faut donc que ses décisions soient soumises à cette assemblée, qui, par son approbation, les change en lois. « Enfans d'Israël ! s'écriaient alors les anciens, vous voici tous, délibérez entre vous, et donnez votre avis (64). Si vous approuvez ce qu'on vous propose et si vous pensez que cela vienne de notre Dieu, que ce soit convenable, parlez (65). » Dans le temps même où les Hébreux demandérent un roi, ils furent loin de vouloir porter atteinte à ces principes. « Leur chef, dit l'abbé

:

Guénée, devait toujours gouverner la nation conformément aux lois; son autorité n'est ni despotique ni arbitraire le sénat, formé des membres les plus distingués de toutes les tribus, lui sert de conseil; il en prend les avis dans les affaires importantes, et s'il s'en trouve qui intéressent la nation entière, la congrégation, c'est-àdire l'assemblée du peuple, est convoquée; on propose, ils décident, et le chef exécute (66). »

Mais si, par sa position même, le grand-conseil a le plus souvent l'initiative dans la confection des décrets, en droit, cette initiative appartient aussi aux assemblées des tribus. Moïse dit aux Hébreux: «En ce temps-là je vous fis une proposition et vous l'acceptâtes ;.... ensuite vous vîntes me proposer vous-mêmes quelque chose qui me sembla bon, et je l'exécutai (67). » Quand nous verrons le peuple demander un roi à Samuel; ce juge protestera contre, au nom du Jéhovah, mais il ne manquera pas de céder à la volonté générale.

Le sénat fait la paix, et déclare la guerre qu'on appelait arbitraire, par opposition à la guerre contre les Cananéens, qui était réputée inévitable ; quand la paix est résolue, sa décision suffit; dans le cas contraire, il faut porter la question à l'assemblée générale (68).

On sait qu'il désignait le grand-sacerdote et

qu'il l'instituait de concert avec cette assemblée. Tout décret sur la taxe vient de lui*; par ses ordres, le trésor de l'État renfermé dans le sein même du temple, reçoit une destination; des villes sont bâties, le temple est réparé quand il le commande (69); à lui et aux chefs de la force publique sont confiés les registres du dénombrement, à l'exactitude desquels le pontife luimême doit veiller. Enfin, comme interprète politique de la loi, il décide, après avoir consulté la magistrature sacerdotale et conservatrice, de toutes les grandes questions de droit public, des différens de tribus à tribus, et de tous les appels en dernier ressort; et comme haut conseil de justice criminelle, il connaît de toutes les concussions qui ont rapport à l'intérêt général, de tous les crimes de lèse-loi; de sorte que les prophètes, les sacerdotes, les chefs militaires, les sénateurs eux-mêmes peuvent être appelés devant lui et jugés à la face de l'assemblée (70).

Mais après avoir montré la puissance du sénat d'Israël, ne dirai-je pas aussitôt les contre-poids qui devaient l'arrêter dans la ligne des intérêts

communs ?

* Je parle plus loin des impôts que les rois firent peser sur la nation, et dont ils eurent souvent lieu de se repentir.

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