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aller écrire le Décalogue sur le Sinaï, on croit peut-être qu'il mit son frère, grand-pontife alors provisoire, à la tête des anciens pour tenir sa place? En aucune manière : Aaron resta dans ses fonctions; mais un ancien du peuple, nommé Hur*, occupa le siége vacant: «< Attendez-moi ici, leur dit-il, Aaron et Hur seront avec vous; que toute personne qui aura quelque affaire, s'adresse à eux (54). » De même l'existence matérielle des deux conseils est démontrée par ce qui arrive sous Josaphat, quatrième roi de Juda, vers l'an 890: il rétablit un tribunal de lévites et sacerdotes, et un tribunal d'anciens à la tête de ceux-là est Amaria, le principal sacerdote; à la tête de ceux-ci Zébadia, fils d'Ismaël (55).

Mais j'ai avancé que le grand-conseil est trèssouvent désigné dans les livres hébraïques par le nom de son président ou du juge, de la même manière qu'à Venise on appelait le sénat, prince sérénissime, en se servant de la qualification particulière au doge; et sur ce point, je n'aurai plus à lutter contre les docteurs. Lorsque les Hébreux disent qu'un homme jugea Israël, cela signifie que cet homme gouverna de concert avec

* Il est très-certain que cet homme était des anciens du peuple : les quatre fils d'Aaron, qui seuls avaient avec leur père le titre sacerdotal, sont désignés par leur nom,

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les anciens ainsi les expressions, le prince ou le juge a dit....... Moïse, Samuel, Esdras a dit,....... indiquent toujours, en droit, l'accord et la volonté du sénat, lors même que des circonstances auraient empêché qu'il se fût déclaré d'une manière ostensible. Par exemple, Jéhovah donna cet ordre à Moïse dans le désert: « Vaen Égypte, assemble les anciens d'Israël, et leur dis .... ensuite tu iras, toi et les anciens d'Israël, vers le roi d'Égypte pour traiter avec lui. » Moïse obéit et les assembla; mais il est écrit que Moïse et Aaron qui lui servait comme d'interprète, allèrent vers le roi d'Égypte et lui parlèrent.... Içi, le nom des anciens est donc sous-entendu; s'ils ne se présentèrent point par le fait, en droit, leur présence fut réelle : « Tu iras, toi et les anciens d'Israël, vers le roi d'Égypte (56).... »

De même, au retour de la captivité de Babylone, plusieurs envoyés des peuples voisins parurent devant le prince Zorobabel, et devant les chefs des pères ou les anciens pour leur faire quelques propositions; Zorobabel et les autres anciens d'Israël leur répondirent...... Mais plus loin, le texte, sans indiquer les anciens, dit « que Zorobabel s'occupa à faire rebâtir la ville et le temple..... » On voit ici que le nom du prince renferme celui du sénat : dans une autre circonstance, ce dernier est employé sans le nom du

prince: «Les anciens faisaient rebâtir et ils pros. péraient » tandis qu'ailleurs les deux noms sont encore unis: « Que le prince des Juifs et leurs anciens fassent rebâtir (57).

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L'homme, notoirement privé de tout espoir d'une postérité qui l'attachât au sort futur de la patrie, ne pouvait pas entrer dans le conseil. Une autre exception, dictée dans l'intérêt des mœurs, portait sur le fruit reconnu d'un adultère ou d'un inceste, et nom sur le bâtard, comme on l'a souvent dit, puisque Jephté, juge d'Israël, était fils d'une courtisane: mais en ceci, la sévérité du législateur fut excessive; car il ajouta: « Que les enfans de cet homme n'entreraient dans l'assemblée qu'après la dixième génération. » L'Ammonite et le Moabite, ennemis déclarés et voisins d'Israël, n'y siégeaient jamais il eût été trop dangereux de leur confier les intérêts de la chose publique. L'Iduméen et l'Égyptien y arrivaient après la troisième génération; on exigea d'eux ce temps d'épreuve, comme à Athènes on exigeait des prétendans aux magistratures, qu'ils fussent au moins petits-fils d'un citoyen. Enfin le fils de quelque étranger que ce fût et d'une femme israëlite, était reçu aussitôt, attendu que les femmes transmettaient par elles-mêmes tous les droits (58).

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Quelques uns ont pensé que le président du

sénat, appelé tantôt naci (le prince), tantôt le chophet (le juge), comptait parmi les soixante-dix, et que le sénat tout entier ne représentait que le législateur. Mais le nombre impair convenait mieux à l'assemblée, et Moïse dit en termes exprès : «Que les anciens supporteraient AVEC LUI la charge du gouvernement», loin de dire après lui. Leur nombre correspondait donc à un sénateur, pour neuf mille hommes environ, au-dessus de vingt ans, si l'on admet les indications numériques du Pentateuque.

Suivant les docteurs eux-mêmes, l'assemblée choisit le membre le plus savant pour l'élever à la présidence: il représente Moïse. A sa droite est le doyen d'âge, sous le nom de père de la maison du jugement; à sa gauche, une espèce de vice-président, appelé le premier sage. Les autres sénateurs se rangent des deux côtés, en demi-cercle, selon l'ordre de leur promotion; les scribes ou greffiers ont des places particulières; il y a aussi des messagers (59).

Les suffrages sont recueillis quelquefois par le président, quelquefois par le plus jeune membre, afin qu'il n'en impose pas aux autres. On va des derniers aux premiers: chacun motive son avis : la majorité d'une voix décide certaines questions, comme on le verra plus tard; souvent elle est insuffisante. Dans les grandes questions publiques,

T. I.

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on devait chercher l'unanimité des suffrages: les propositions de Moïse aux anciens sont accueillies tout d'une voix.

Le candidat nommé, ainsi que je l'ai dit, d'après le principe suivi dans les assemblées savantes, recevait l'imposition des mains* : le président prononçait son admission, en lui posant les deux mains sur la tête, de la même manière que le législateur avait fait à Josué, et en l'invitant à prendre séance. Quoique le nom d'anciens appartint au grand-conseil, le jeune homme doué de qualités supérieures y pénétrait: « Avec la sagesse, je serai honoré dans les assemblées et estimé des anciens, malgré ma jeunesse : quand je me tairai, ils attendront que je parle; quand je prendrai la parole, ils m'écouteront attentivement, et ils mettront la main sur leur bouche, de crainte de m'interrompre (60). »

L'usage fit durer leurs fonctions toute la vie, quoique la loi soit loin de l'ordonner; Moïse, au contraire, abandonnant le timon des affaires, lorsqu'il était encore plein de vigueur, donne cette grande leçon à tout homme qui joue un rôle sur

* Certains docteurs prétendent, dans leurs exagérations, que le grand-sanhedrin parlait soixante-dix langues différentes : ce qui suppose qu'on aurait exigé de chaque candidat qu'il connût au moins une langue autre que sa langue maternelle.

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