Oldalképek
PDF
ePub

Sois toujours douce, honnête, affable et sage,
D'une coquette évite l'art flatteur ;
Que la candeur, peinte sur ton visage,
Fasse juger des vertus de ton cœur.

Puissé-je dire à mon heure dernière :
De tout danger j'ai sauvé mon enfant !
Je finirai sans regret ma carrière,

Si je te laisse heureuse en expirant,

LE DERVICHE ET LE SULTAN,

APOLOGUE.

Par M. LE BAILLY.

FLÉAU de ses états, un farouche sultan
Ne dormoit plus. Tant pis ![le sommeil d'un tyran, |
Dit un sage par excellence,

Fait le repos de l'innocence.

Un jour, las de chercher ce sommeil qui le fuit,
De son palais il sort sans bruit,

Vole au désert: peut-être un remords salutaire
Dirige-t-il ses pas vers ce lieu solitaire. }
Là vivoit, loin du monde, un derviche pieux;
Détaché des biens de la terre,}

Déjà, par la pensée, il habitoit les cieux,
Et reposoit alors couché sur une pierre.§
« Ce misérable! il dort, dit le sultan, et moi !...]
>> Moi qui puis à mon gré disposer de sa vie,
» Il faut que je lui porte envie ! »

Il soupire à ces mols. « Hola! réveille toi!

» Écoute, et réponds à ton maître :
>> En te voyant dormir ainsi,
1
» Il est aisé de reconnoître 1

>> Que tu vis exempt de souci; }

» Mais ton lit, c'est la pierre, et couché de la sorte, } » Comment peux-tu dormir aussi bien ?». «< Eh!

>> Dit le dervis, de sommeiller

>> Sur le duvet ou sur la dure? }

qu'importe,

J'ai fait un peu de bien, ma conscience est pure: << Est-il un plus doux oreiller? >>

RÉCIT DE LA MORT DE LAOCOON,

Par VIRGILE, traduction de Delille.

PRÊTRE du dieu des mers, pour le rendre propice, Laocoon offroit un pompeux sacrifice,

Quand deux affreux serpents, sortis de Ténédos,
(J'en tremble encor d'horreur) s'alongent sur les
flots;

Par un calme profond, fendant l'onde écumante,
Le cou dressé, levant une crête sanglante,
De leur tête orgueilleuse ils dominent les eaux;
Le reste au loin se traîne en immenses anneaux.
Tous deux nagent dè front, tous deux des mers
profondes

Sous leurs vastes élans font bouillonner les ondes.
Ils abordent ensemble, ils s'élancent des mers;
Leurs yeux rouges de sang lancent d'affreux éclairs,
Et les rapides dards de leur langue brûlante

S'agitent en sifflant dans leur gueule béante.
Tout fuit épouvanté. Le couple monstrueux
Marche droit au grand-prêtre; et leur corps tortne
D'abord vers ses deux fils en orbe se déploie,
Dans un cercle écaillé saisit sa foible proie,
L'enveloppe, l'étouffe, arrache de son flanc
D'affreux lambeaux suivis de longs ruisseaux de san
Leur père accourt: tous deux à son tour le saisissent,
D'épouvantables nœuds tout entier l'investissent;
Deux fois par le milieu leurs plis l'ont embrassé,
Deux fois autour du cou leur corps s'est enlacé;
Ils redoublent leurs noeuds ; et leur tête hideuse
Dépasse encor son front de sa crête orgueilleuse.
Lui, dégouttant de sang, souillé de noirs poisons
Qui du bandeau sacré profanent les festons,
Roidissant ses deux bras contre ces noeuds terribles,
Il exhale sa rage en hurlements terribles.
Tel, d'un coup incertain par le prêtre frappé,
Mugit un fier taureau de l'autel échappé,
Qui, du fer suspendu victime déjà prête,
A la hache trompée a dérobé sa tête.
Enfin, dans les replis de ce couple sanglant,
Qui déchire son sein, qui dévore son flanc,
Il expire.... Aussitôt l'un et l'autre reptile
S'éloigne (1), et de Pallas gaguant l'auguste asile,
Aux pieds de la déesse, et sous son bouclier,
D'un air tranquille et fier va se réfugier.

(1) Il faudroit s'éloignent; le verbe qui suit l'un et autre doit toujours être au pluriel. (Note dé l'éditeur.)

L'ENFANT BIEN CORRIGÉ.

FABLE.

LE pauvre Nicolas, tout courbé sous le poids
D'un énorme fagot, s'en revenoit du bois,

Un soir, beaucoup plus tard que selon sa coutume.
En marchant il disoit d'un ton plein d'amertume :
La pauvre Marguerite est bien triste à présent ; |
Elle s'inquiète, elle pleure ; /
Hélas! chaque moment 1

Lui paroît long, long comme une heure. /
Antoine est triste aussi ; c'est un si bon enfant!
C'est tout le portrait de sa mère.

Si les dieux nous aident, j'espère
Qu'il sera juste et bienfaisant :

Cet espoir est bien doux. Mais voici que j'approche,
Ils seront consolés quand ils me reverront; |

Comme ils seront joyeux ! comme ils m'embrasseront! Mais s'ils me font quelque reproche,

1

Je leur dirai pourquoi j'ai tardé si long-temps; Au lieu de m'en vouloir, ils seront bien contents. Tout en raisonnant de la sorte,

Nicolas arrive à sa porte; }

Il entre; il voit sa femme assise près du lit;
Sur la traverse de la chaise }

Sa tête est renversée; elle pleure et gémit; }
Son fils est à genoux ; il tient, il presse, il baise }
Sa main, qu'elle paroît vouloir lui retirer.

Cessez dit Nicolas, cessez de soupirer ;

E

Me voilà bien portant. J. Est-ce ainsi qu'on m'embrasse? Vous ne me dites rien? mon fils, tu ne viens pas

[ocr errors][merged small]

Tu le sais bien, viens donc ! Ils veulent me punir. ¡
Ne boudez plus ; tenez, mettez-vous à ma place; /
Voyez si je devois plus tôt m'en revenir.
J'avois fait mon fagot ; je sortois du bocage;
Il n'étoit pas encore absolument bien tard,
Quand j'y vois arriver un malheureux vieillard; {
Il est, je crois, de ce village

Que par notre fenêtre on aperçoit là-bas; /
Il se traînoit à peine. A voir votre démarche,
Lui dis-je, patriarche,

[ocr errors]

Vous semblez déjà las. }

Il me répond par un hélas

Qui me fait grand' pitié. Vite, je prends ma hache,
Je lui coupe un fagot; je ne le fais pas gros,

Il ne l'eût pas porté ; de deux harts je l'attache
Et le mets sur son dos.

Il me remercie et me quitte.

Je veux doubler le pas pour arriver plus vite: /
La neige tient à mes sabots,

[ocr errors]

Et m'empêche... Quoi donc ! ma chère Marguerite, !
Encore des soupirs, encore des sanglots?

Tu ne pardonnes point? tu ne m'aimes donc guère ?
Je ne l'aurois pas cru.
. Marguerite, à ces mots,
Le prenant par la main, lui dit : Malheureux père,
Pourrois-tu désirer d'être aimé de la mère

Du fils le plus méchant?

« ElőzőTovább »