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Tend la gorge aux couteaux par son père apprêtés. Calchas va dans son sang.... Barbares! arrêtez ; C'est le pur sang du dieu qui lance le tonnerre. J'entends gronder la foudre et sens trembler la terre. Un dieu vengeur, un dieu fait retent ir ces coups.

DÉDALE ET ICARE,

FABLE TIRÉE DES MÉTAMORPHOSES D'OVIDE.

Trad. de M. DE SAINT-ANGE.

DÉDALE cependant qu'un long exil ennuie,
Sent le désir si doux de revoir sa patrie;
Mais la mer l'emprisonne, et ses désirs sont vains.
Si la Crète, dit-il, s'oppose à mes desseins,
Si la terre et la mer me ferment le passage,
Que l'air m'ouvre un chemin pour sortir d'esclavage.
Minos possède en vain et la terre et les flots;
L'air est libre pour moi; je ne crains plus Minos.
Il dit, et fait céder au pouvoir du génie
Les lois de la nature et de la tyrannie.

Des plumes que son art assortit avec choix,
Par degrés à leur rang se placent sous ses doigts.
Tels sous la main de Pan l'Arcadie a vu naître
Les tubes inégaux de la flûte champêtre.
Une cire onctueuse, enduite aux environs,
Des plumes qu'il attache unit les avirons;
El, par un dernier pli, leur légère courbure
Dans le travail de l'art imite la nature.

Icare auprès de lui l'observe, et sans songer

Qu'il s'amuse, en jouant, de son propre danger,
Court après le duvet qu'emporte le Zéphire',
De ses doigts apprentis, touche, amollit la cire,
Et nuit à l'ouvrier par ses jeux enfantins.
Quand l'ouvrage eut cent fois repassé sous ses mains,
Dédale, qui dans l'air en suspens se balance,
De ses ailes d'abord éprouve la puissance;
Et, sûr de leur usage, il l'enseigne à son fils.
Prends le milieu des airs, et crois-en mes avis;
N'approche point trop près des ondes infidelles,
Tu verrois leur vapeur appesantir tes ailes.
Si trop près du soleil s'élève ton essor,
Tu vois fondre la cire, et tu péris encor.

Là, tu vois Orion : ici, le char de l'Ourse

Vole entre l'un et l'autre ; imite, et suis ma course.
Tandis qu'il veut encor, par de légers essais,
Des avis qu'il lui donne assurer le succès,

Des pleurs mouillent ses yeux, et ses mains pater

nelles,

Ses mains tombent deux fois, en attachant les ailes. 11 embrasse son fils: une secrète voix

Lui dit qu'il l'embrassoit pour la dernière fois.
Il s'élève dans l'air, l'appelle sur sa trace,

Et d'un vol inquiet craint pour sa jeune audace :
Comme une mère instruit l'oiseau novice encor
A régler les écarts de son premier essor;

L'œil tourné sur son fils, d'un vol hardi mais sage,
De son art périlleux il lui montre l'usage.

Le pêcheur près des eaux assis sur le gazon,
Au moment qu'à la ligne il suspend l'hameçon,

Le conducteur du soc, la main sur sa charrue,
Le pasteur immobile, et les yeux vers la nue,
En voyant ces mortels voyager dans les cieux,
S'étonne, les admire, et les prend pour des dieux.
Lébynthe et Calydné, monts chéris de l'abeille,'
A droite de leur vol avoient vu la merveille;
A gauche ils ont laissé le temple de Samos,
Délos et son oracle, et le roc de Paros.
Le jeune ambitieux, follement intrépide,
Pour s'élever au ciel, abandonne son guide.
Trop voisin du soleil, un océan de feux
De la cire amollit les liens onctueux:
Déjà la plume échappe à ses ailes fondues
De ses bras, mais en vain, il frappe encor les nues.
Il appelle son père, et tombe au fond des mers,
Fameuses par son nom, sa chute et ses revers.
Son père infortuné, qui déjà n'est plus père,
Dédale cherche au loin le jeune téméraire.
Icare, où te trouver? Il appelle à grands cris
Icare, et sur les eaux voit flotter ses débris.
Il maudit de son art l'invention funeste;
De son malheureux fils il recueille le reste,
Lui dresse dans une île un tombeau de gazon;
Et cette île depuis a conservé son nom.

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FÉLICITÉ DES SAINT S.
Par RACINE le fils.

Аn! qui me donnera l'aile de la colombe?
Loin de ce lieu d'horreur, de ce gouffre de maux,

J'irois, je volerois dans le sein du repos.
C'est-là qu'une éternelle et douce violence
Nécessite des Saints l'heureuse obéissance;
C'est-là que de son joug le cœur est enchanté;
C'est-là que sans regret l'on perd la liberté.
Là, de ce corps impur, les ames délivrées,
De la joie ineffable à sa source enivrées,

Et riches de ces biens que l'œil ne sauroit voir,
Ne demandent plus rien, n'ont plus rien à vouloir.
De ce royaume heureux Dieu bannit les alarmes,
Et des yeux de ses Saints daigne essuyer les larmes.
C'est-là qu'on n'entend plus ni plaintes, ni soupirs;
Le cœur n'a plus alors ni craintes, ni désirs.
L'Eglise enfin triomphe; et, brillante de gloire,
Fait retentir le ciel des chants de sa victoire.
Elle chante, tandis qu'esclaves désolés,
Nous gémissons encor sur la terre exilés.

Près de l'Euphrate, assis, nous pleurons sur ses rives;
Une juste douleur tient nos langues captives.
Et comment pourrions-nous, au milieu des méchants,
O céleste Sion! faire entendre tes chants?
Hélas! nous nous taisons; nos lyres détendues
Languissent en silence aux saules suspendues.
Que mon exil est long! O tranquille cité !
Sainte Jérusalem! O chère éternité !
Quand irai-je au torrent de ta volupté pure
Boire l'heureux oubli des peines que j'endure!
Quand irai-je goûter ton adorable paix !
Quand verrai-je ce jour qui ne finit jamais!

(POEME DE LA GRACE.)

LA MORT D'HECTOR.

Par LUCE DE LANCIVAL.

POLYDAMAS à PARIS.

DANS les champs Phrygiens, l'ordre da sage Euće
Tenoit de nos guerriers la vaillance enchaînée;
Sortis de leurs remparts jusqu'alors assiégés,
Sous leurs différents chefs les Grecs étoient rangés ;
Entr'eux et les Troyens s'étend un large espace
Où vont lulter la force, et l'adresse et l'audace;
Les deux camps sont muets, et du combat fatal
Chacun désire, attend, redoute le signal.
Sitôt qu'Hector parut, on ouvrit la barrière.
« Le voilà, dit Achille enflammé de colère;
» Viens, ton sang va payer le sang de mon ami!
>> Le vainqueur de Patrocle est mon seul ennemi.
>> C'est Hector que je veux ! » C'est Hector qui t'im-
mole,

Lui répond votre frère; il dit, et son trait vole,
Atteint le bouclier, y reste suspendu.
Achille est ébranlé du choc inattendu ;
Il prend son javelot, dans les airs le balance;
Et, de tout son effort, à son tour il le lance.
Mais Hector le prévoit, et le coup est paré:
Du trait de son rival chacun s'est emparé.
Tandis qu'Achille, armé de la lance tròyenne,
Fond sur Hector, Hector le frappe de la sienne a
Il brise sa cuirasse; et le fer repoussé,

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