Oldalképek
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On le vit plein de gloire à son brillant réveil,
Laissant dans le tombeau sa dépouille grossière,
Par un sublime essor voler vers la lumière.

O ver! à qui je dois mes nobles vêtements,

De tes travaux si courts, que les fruits sont charmants!
N'est-ce donc que pour moi que tu reçois la vie?
Ton ouvrage achevé, ta carrière est finie;

Tu laisses de ton art des héritiers nombreux,
Qui ne verront jamais leur père malheureux.
Je te plains, et j'ai dû parler de tes merveilles;
Mais ce n'est qu'à Virgile à chanter les abeilles.
Le roi pour qui sont faits tant de biens précieux,
L'homme élève un front noble, et regarde les cieux.
Ce front, vaste théâtre où l'ame se déploie,
Est tantôt éclairé des rayons de la joie,
Tantôt enveloppé du chagrin ténébreux.
L'amitié tendre et vive y fait briller ces feux,
Qu'en vain veut imiter, dans son zèle perfide,
La trahison, que suit l'envie au teint livide.
Un mot y fait rougir la timide pudeur.
Le mépris y réside, ainsi que la candeur,
Le modeste respect, l'imprudente colère,
La crainte et la pâleur, sa compagne ordinaíre,
Qui, dans tous les périls funestes à mes jours,
Plus prompte que ma voix appelle du secours.
A me servir aussi, cette voix empressée,
Loin de moi, quand je veux, va porter ma pensée,
Messagère de l'ame, interprète du cœur,

De la société je lui dois la douceur.

Quelle foule d'objets l'œil réunit ensemble !

Que de rayons épars ce cercle étroit rassemble !
Tout s'y peint tour-à-tour : le mobile tableau
Frappe un nerf qui l'élève, et le porte au cerveau,
D'innombrables filets, ciel ! quel tissu fragile!
Cependant ma mémoire en a fait son asile,
Et tient dans un dépôt fidelle et précieux

Tout ce que m'ont appris mes oreilles, mes yeux:
Elle y peut à toute heure et remettre et reprendre,
M'y garder mes trésors, exacte à me les rendre.
Là, ces esprits subtils, toujours prêts à partir,
Attendent le signal qui les doit avertir.
Mon ame les envoie ; et, ministres dociles,
Je les sens répandus dans mes membres agiles:
A peine ai-je parlé, qu'ils sont accourus tous.
Invisibles sujets, quel chemin prenez-vous?
Mais qui donne à mon sang cette ardeur salutaire?
Sans mon ordre il nourrit ma chaleur nécessaire;
D'un mouvement égal il agite mon cœur ;

Dans ce centre fécond, il forme sa liqueur;
Il vient me réchauffer par sa rapide course;
Plus tranquille et plus froid, il remonte à sa source,
Et, toujours s'épuisant, se ranime toujours.
Les portes des canaux destinés à son cours
Ouvrent à son entrée une libre carrière,
Prêtes, s'il reculoit, d'opposer la barrière.
Ce sang pur s'est formé d'un grossier aliment,
Changement que doit suivre un nouveau changement:
Il s'épaissit en chair, dans mes chairs qu'il arrose;
En ma propre substance il se métamorphose..
Est-ce noi qui préside au maintien de ces lois?

Et pour les établir ai-je donné ma voix?
Je les connois à peine; une attentive adresse
Tous les jours m'en découvre et l'ordre et la sagesse
De cet ordre secret reconnoissons l'auteur:
Fut-il jamais des lois sans un législateur?

SUR L'AVEUGLEMENT DES HOMMES.
Par J.-B. ROUSSEAU.

QU'AUX accents de ma voix la terre se réveille :
Rois, soyez attentifs; peuples, ouvrez l'oreille :
Que l'univers se taise, et m'écoute parler.
Mes chants vont seconder les accords de ma lyre :
L'esprit saint me pénètre; il m'échauffe, il m'inspire
Les grandes vérités que je vais révéler.

L'homme en sa propre force a mis sa confiance;
Ivre de ses grandeurs et de son opulence,
L'éclat de sa fortune enfle sa vanité.

Mais, ô moment terrible! ô jour épouvantable
Où la mort saisira ce fortuné coupable,

Tout chargé des liens de son iniquité!

Que deviendront alors, répondez, grands du monde,
Que deviendront ces biens où votre espoir se fonde,
Et dont vous étalez l'orgueilleuse moisson?
Sujets, amis, parents, tout deviendra stérile;
Et dans ce jour fatal l'homme à l'homme inutile
Ne paiera point à Dieu le prix de sa rançon.

Vous avez vu tomber les plus illustres têtes,

N

Et vous pourriez encore, insensés que vous êtes!
Ignorer le tribut que l'on doit à la mort!

Non, non,
tout doit franchir ce terrible passage:
Le riche et l'indigent, l'imprudent et le sage,
Sujets à même lọi, subissent même sort.

D'avides étrangers, transportés d'alégresse,
Engloutissent déjà toute cette richesse,

Ces terres,

ces palais de vos noms ennoblis. El que vous reste-t-il en ces moments suprêmes? Un sépulcre funèbre, où vos noms, où vous-mêmes Dans l'éternelle nuit serez ensevelis.

Les hommes, éblouis de leurs honneurs frivoles,
Et de leurs vains flatteurs écoutant les paroles,
Ont de ces vérités perdu le souvenir :

Pareils aux animaux farouches et stupides,
Les lois de leur instinct sont leurs uniques guides,
Et pour eux le présent paroît sans avenir.

Un précipice affreux devant eux se présente;
Mais toujours leur raison, soumise et complaisante,
Au-devant de leurs yeux met un voile imposteur.
Sous leurs pas cependant s'ouvrent les noirs aby mes,
Où la cruelle mort, les prenant pour victimes,
Frappe ces vils troupeaux dont elle est le pasteur.

1

Là s'anéantiront ces titres magnifiques,
Ce pouvoir usurpé, ces ressorts politiques,
Dont le juste autrefois sentit le poids falal;

Ce qui fit leur bonheur deviendra leur torture;
Et Dieu, de sa justice apaisant le murmure,
Livrera ces méchants au pouvoir infernal.

Justes, ne craignez point le vain pouvoir des hommes,
Quelqu'élevés qu'ils soient, ils sont ce que nous

sommes: Si vous êtes mortels, ils le sont comme vous. Nous avons beau vanter nos grandeurs passagères, Il faut mêler sa cendre aux cendres de ses pères : Et c'est le même Dieu qui nous jugera tous.

LE SACRIFICE D'ABRAHAM,

Poëme.

FIDELLE adorateur de l'arbitre suprême,
Craint, respecté des rois, plus grand que les rois

même,

Opulent sans orgueil, vertueux sans effort,
Abraham jouissoit du plus illustre sort.
Un fils, de ses vertus imitateur docile,
Et fruit miraculeux d'une couche stérile,
Un fils à l'Éternel consacré comme lui,
Étoit de sa vieillesse, et l'espoir et l'appui.
Quel appui, quel espoir! Un oracle adorable
Lui promet en ce fils une race innombrable,
Un peuple redouté, fidelle, florissant,
Et toujours protégé du bras du Tout-Puissant.
Mais toi qui dans son cœur lis sa reconnoissance,
Grand Dieu! qu'exiges-tu de son obéissance?

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