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Et querous voir heureuse est mon plus cher désir. 1 Ruth embrasse sa mère et promet d'obéir. {

Bientôt un doux sommeil vient fermer sa paupière.]

Le soleil n'avoit pas commencé sa carrière,

Que Ruth est dans le champ. Les moissonneurs lassés
1
Dormoient près des épis autour d'eux dispersés; }
Le jour commence à naître, aucun ne se réveille.
Mais aux premiers rayons de l'aurore vermeille
Parmi ses serviteurs Ruth reconnoît Booz.
D'un paisible sommeilil goûtoit le repos ; |
Des gerbes soutenoient sa tête vénérable.
Ruth s'arrête O vieillard, soutien du misérable,
Que l'ange du Seigneur garde tes cheveux blancs !
Dieu, pour se faire aimer, doit prolonger tes ans.
Quelle sérénité se peint sur ton visage !
Comme ton cœur est pur, ton front est sans nuage.
Tu dors, et tu parois méditer des bienfaits :}
Un songe t'offre-t-illes heureux que tu fais ?
Ab !s'il parle de moi, de ma tendresse extrême
Crois-le; ce songe, hélas! est la vérité même. }

Le vieillard se réveille à ces accents si doux.
Pardonnez, lui dit Ruth, j'osois prier pour vous;
Més voeux étoient dictés par la reconnoissance :
Chérir son bienfaiteur ne peut être une offense
Un sentiment si pur doit-il se réprimer?
Non, ma mère me dit que je puis vous aimer.
De Noémi dans moi reconnoissez la fille : !
Est-il vrai que Booz soit de notre famille?/

1

Mon cœur et Noémi ne l'assurent tous deux.
O ciel !frépond Booz,ô jour trois fois heureux!!
Vous êtes cette Ruth, cette aimablesétrangère |
Qui laissa son pays et ses dieux pour sa mère ! |
Je suis de votre sang; et, selon notre loi,↓
Votre époux doit trouver un successeur en moi.
Mais puis-je réclamerice noble et saint usage? |
Je crains que mes vieux ans n'effarouchent votre âge.
Si je suis heureux seul, ce n'est plusfun bonheur.
Alque ne lisez-vous dans le fond de mon cœur!
Lui dit Ruth; vous verriez que la loi de ma mère {
Me devient dans ce jour et plus douce et plus chère.
La rougeur, à ces mots, augmente ses attraits.
Booz tombe à ses pieds Je vous donne à jamais
Et ma main et ma foi le plus saint hymenée]
Aujourd'hui va m'unirà votre destinée. |
A cette fête, hélas! nous n'aurons pas l'amour ; |
Mais l'amitié suffit pour en faire un beau jour.
Et vous, Dieu de Jacob, seul maître de ma vie,
Je ne me plaindrai point qu'elle me soit ravie. |
Je ne veux que le temps et l'espoir,ô mon Dieu! {
De laisser Ruth heureuse, en lui disant adieu. [
Ruthile conduit alors dans les bras de sa mère.
Tous trois à l'Éternel adressent leur prière;
Et le plus saint des nœuds en ce jour les unit. |
Judas'en glorifie; et Dieu, qui les bénit,
Aux désirs de Booz permet que tout réponde. {
Belle comme Rachel, comme Lia féconde,
Son épouse eut un fils; et cet enfant si beau ↑
Des bienfaits du Seigneur est un gage nouveau:

C'est l'aïeul de David. Noémi le caressse;
Elle ne peut quitter ce fils de sa tenuresse,
Et dit, en le montrant sur son sein endormi:
Vous pouvez maintenant m'appeler Noémi.

LE SACRIFICE DES PETITS ENFANTS,
Idylle de LÉONARD.

MIRTIL ET CHLOÉ.

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LE tendre enfant Mirtil, au lever de l'aurore,
Vit la plus jeune de ses sœurs |
Tristement occupée à rassembler des fleurs.
En les réunissant, Chloé mêloit ses pleurs
Aux larmes du matin qui les baignoient encore.
Elle laissa couler deux ruisseaux de ses yeux,]
Si tôt qu'elle aperçut son frère.

CHLOÉ.

Hélas! Mirtil, bientôt nous n'aurons plus de père ! Que notre sort est douloureux !

MIRTIL.

Ah! s'il alloit mourir, ce père qui nous aime! }
Ma soeur ! il est si vertueux!

Il a tant d'amour pour les Dieux!/
CHLOÉ.

Oui, Mirtil, et les Dieux devroient l'aimer de même

MIRTIL.

O ma sœur! comme ici tout me paroît changer! Comme tous les objets semblent dans la tristesse !

En vain mon agnéau me caresse
Depuis cinq jours je le délaisse,

Et c'est une autre main qui lui donne à manger.
Vainement mon ramier s'approche de ma bouche; \
De mes plus belles fleurs je n'ai point de souci :]
Enfin ce que j'aimois n'a plus rien qui me touche.
Mon père ! și tu meurs, je veux mourir aussi.

CHLOÉ.

Hélas !il t'en souvient, mon frère! } Cinq jours bien longs se sont passés | Depuis que sur son sein nous tenant embrassés Il se mit à pleurer.....!

MTR TIL.

Oui, Chloé! ce bon père!

Comme il devint pâle et tremblant!

« Mes enfants, disoit-il, je suis bien chancelant, » Laissez-moi... je succombe au mal qui me tour

Il se traîna jusqu'à son lit.

Depuis ce temps il s'affoiblit,

Et tous les jours son mal augmente.

CHLOÉ.

Ecoute quel est mon dessein:

Si tu me vois de grand matin

Occupée à cette guirlande,

mente. >> }

C'est qu'au Dieu des bergers j'en veux faire une of

Notre mère nous dit toujours

frande.

Queles Dieuxsont cléments, qu'ils prêtent leur secours,

Aux simples voeux de l'innocence! Moi, je veux du dieu Pan implorer la clémence. Et vois-tu cet oiseau, mon unique trésor? Hé bien! je veux au Dieu le présenter encor.

MIRTIL.

:

O ma sœur attends-moi je n'ai qu'un pas à faire ; De mes fruits les plus beaux j'ai rempli mon panier; Je vais l'aller chercher ; et pour sauver mon père, Je veux y joindrejmon ramier.

-Ces mots finis, il court, va saisir sa richesse, Et sous un poids si doux, il revole à l'insant : | Il sourioit en le portant,

Tour à tour agité d'espoir et de tristesse.

Les voilà tous deux en chemin ]

Pour arriver aux pieds de la statue. Elle se présentoit sur un côteau voisin

Que des pins ombrageoient de leur cime touffue. Là, s'étant prosternés devant le Dieu des champs, Ils élèvent vers lui leurs timides accents.

CHLOÉ.

Daigne, ô Dieu des bergers, agréer mon offrande, Et laisse-toi toucher aux pleurs que je répands! | Tu vois ! je n'ai qu'une guirlande;

A tes genoux je la suspends ; '

J'en ornerois ton front, si j'étois assez grande.
O Dieu !' rends notre père à ses pauvres enfants!

MIRTIL.

Conserve ce bon père! & Dieu! sois-nous propice!

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