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La duch.-S'il en est ainsi, n'enchaîne point ta langue; viens avec moi, et du souffle amer de nos paroles, étouffons mon fils maudit, qui a étouffé tes deux aimables enfants. (Tambours derrière le théâtre.) J'entends les tambours; n'épargne pas les imprécations.

Le Roi RICHARD et sa suite entrent, au pas de marche.

Le roi Rich.—Qui ose m'arrêter dans ma marche guerrière? La duch. - Celle qui aurait pu t'arrêter aussi, en t'étouffant dans son sein maudit, et prévenir ainsi, misérable, tous les meurtres que tu as commis.

Élis.-Oses-tu bien ceindre, d'une couronne d'or, ce front qui devrait être marqué d'un fer chaud, si l'on te faisait justice, comme assassin du prince qui possédait cette couronne, et le meurtrier cruel de mes pauvres fils, et de mes frères ? Dis-moi, vil scélérat, où sont mes enfants?

La duch.-Etre immonde, où est ton frère Clarence, et le petit Ned Plantagenet, son fils?

Élis.-Où est le noble Rivers, et Vaugham, et Grey?
La duch. Où est le fidèle Hastings?

Le roi Rich.- Une fanfare, trompettes! Tambours, battez l'alarme que le ciel n'entende pas les bavardages de ces femmes, qui mandissent l'oint du Seigneur. Sonnez, vous dis-je. (Fanfares, alarmes.) (Aux reines.) Modérez-vous et parlez-moi plus doucement, ou j'étouffe vos cris sous la voix retentissante de la guerre. La duch.-Es-tu mon fils?

Le roi Rich.-Oui, grâce à Dieu, à mon père et à vous.

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Alors, écoute, avec patience, les accents de ma

Le roi Rich.-Madame, je tiens de vous une disposition d'esprit qui ne peut souffrir l'accent du reproche.

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Laisse-moi parler.

Le roi Rich.— Parlez, mais je ne vous écouterai pas.

La duch.-Je serai douce et modérée dans mes paroles. Le roi Rich. Parlez vite, bonne mère, je suis pressé. La duch.-L'es-tu donc tant en effet? Dieu sait que je t'ai attendu, moi, dans les tourments et l'agonie.

Le roi Rich.-Et, ne suis-je pas venu enfin pour vous consoler? La duch.-Non, par la sainte Croix ! oh non; tu le sais bien: tu es venu dans le monde, pour me faire du monde un enfer;

A grievous burden was thy birth to me:

Tetchy and wayward was thy infancy.

Thy school-days, frightful, desperate, wild, and furious;
Thy prime of manhood, daring, bold, and venturous;
Thy age confirm'd, proud, subtle, sly, and bloody,

More mild, but yet more harmful, kind in hatred :
What comfortable hour can'st thou name,

That ever grac'd me in thy company?

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K. Rich. 'Faith, none, but Humphrey Hour, that call'd your

To breakfast once, forth of my company.

If I be so disgracious in your sight,

Let me march on, and not offend you, madam.

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Duch. Either thou wilt die, by God's just ordinance, Ere from this war thou turn a conqueror;

Or I with grief and extreme age shall perish,

And never look upon thy face again.

Therefore, take with thee my most heavy curse;
Which, in the day of battle, tire thee more,

Than all the complete armour that thou wear'st!
My prayers on the adverse party fight;
And there the little souls of Edward's children
Whisper the spirits of thine enemies,

And promise them success and victory.

Bloody thou art, bloody will be thy end;

[grace

Shame serves thy life, and doth thy death attend.

(Exit.)

Q. Eliz. Though far more cause, yet much less spirit to curse. Abides in me; I say amen to her.

(Going.)

K. Rich. Stay, madam, I must speak a word with you.
Q. Eliz. I have no more sons of the royal blood,
For thee to murder: for my daughters, Richard,—
They shall be praying nuns, not weeping queens;
And therefore level not to hit their lives.

K. Rich. You have a daughter call'd-Elizabeth,
Virtuous and fair, royal and gracious.

ta naissance a été un douloureux travail pour ta mère; ton enfance a été colère et chagrine; les jours de ton éducation ont été effrayants, désespérés, furieux, sauvages; ta première jeunesse a été téméraire, audacieuse, avide de dangers; dans l'age mûr, tu as été orgueilleux, subtil, faux, sanguinaire, plus calme, mais plus dangereux encore, et caressant dans ta haine. Dis-moi, peux-tu trouver une seule heure, passée avec toi, qui ait été pour ta mère une heure de consolation?

Le roi Rich.-Non, par ma foi, si ce n'est l'heure d'Humphrey, qui vous appela une fois à déjeûner, quand vous étiez avec moi. Si ma vue vous est pénible, madame, laissez-moi continuer ma route, et cessez de vous faire ce chagrin. Tambours, battez. La duch.-Je t'en prie, écoute-moi.

Le roi Rich.-Vous y mettez trop d'amertume.

La duch.-Un mot encore; car, c'est la dernière fois que tu entendras ma voix.

Le roi Rich.-Eh bien ?

La duch.-Ou tu mourras par le juste jugement de Dieu, avant de revenir vainqueur de cette guerre, ou je mourrai moi-même de chagrin et de vieillesse, et je ne te reverrai plus; emporte donc avec toi mes plus pesantes malédictions, et puissent-elles, au jour du combat, t'accabler d'un fardeau plus lourd que l'armure complète que tu portes. Mes prières sont pour le parti contraire, et les jeunes âmes des enfants d'Edouard souffleront du courage à tes ennemis et leur promettront le succès et la victoire. Tu es sanguinaire, une fin sanglante t'attend; l'infamie qui a été la compagne de ta vie, te suivra jusqu'à ta

mort.

(Elle sort.)

Élis. — Avec bien plus de sujet de te maudire, je ne sens pas en moi autant de force qu'elle; mais je lui dis: Amen. ( Elle s'éloigne.)

Le roi Rich. — Arrêtez, madame, j'ai un mot à vous dire. Élis. Je n'ai plus de fils du sang royal que tu puisses tuer. Mes filles, Richard, seront des religieuses en prières, non pas des reines en pleurs; ne dirige donc pas tes coups contre leur vie.

Le roi Rich.-Vous avez une fille appelée Elisabeth, vertueuse et belle, une princesse charmante.

III.

12

Q. Eliz. And must she die for this? O let her live,
And I'll corrupt her manners, stain her beauty;
Slander myself, as false to Edward's bed;
Throw over her the veil of infamy:

So she may live unscarr'd of bleeding slaughter!
I will confess she was not Edward's daughter.

K. Rich. Wrong not her birth, she is of royal blood.
Q. Eliz. To save her life, I'll say-she is not so.
K. Rich. Her life is safest only in her birth.

Q. Eliz. And only in that safety died her brothers.

K. Rich. Lo, at their birth good stars were opposite. Q. Eliz. No, to their lives bad friends were contrary. K. Rich. All unavoided is the doom of destiny.

Q. Eliz. True, when avoided grace makes destiny. My babes were destin'd to a fairer death,

If grace had bless'd thee with a fairer life.

K. Rich. You speak, as if that I had slain my

cousins.

Q. Eliz. Cousins, indeed; and by their uncle cozen'd
Of comfort, kingdom, kindred, freedom, life.
Whose hands soever lanc'd their tender hearts,
Thy head, all indirectly, gave direction:

No doubt the murderous knife was dull and blunt,
Till it was whetted on thy stone-hard heart,
To revel in the entrails of my lambs.

But that still use of grief makes wild grief tame,
My tongue should to thy ears not name my boys,
Till that my nails were anchor'd in thine eyes;
And I, in such a desperate bay of death,
Like a poor bark, of sails and tackling reft,
Rush all to pieces on thy rocky bosom.

K. Rich. Madam, so thrive I in my enterprise,

And dangerous success of bloody wars,

As I intend more good to you and your's,

Than ever you or your's by me were harm'd!

Q. Eliz. What good is cover'd with the face of heaven, To be discover'd that can do me good?

Élis.-Faut-il qu'elle meure pour cela? Oh, laisse-la vivre! Je corromprai ses mœurs, je flétrirai sa beauté; je me déshonorerai moi-même, comme infidèle à la couche d'Édouard; je la couvrirai d'un voile d'infamie. Oh, qu'elle puisse vivre ainsi à l'abri du poignard sanglant, je dirai qu'elle n'est pas fille d'Edouard. Le roi Rich.-Ne déshonorez point sa naissance; elle est de sang royal.

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Élis. - Pour sauver sa vie, je dirai qu'elle n'en est pas. Le roi Rich. Sa naissance suffit pour garantir sa tête. Élis.-Hélas! c'est cette garantie même qui a causé la mort de ses frères.

Le roi Rich. - Les étoiles protectrices étaient contraires à leur naissance.

Elis.-Non, de mauvais amis ont été contraires à leur vie. Le roi Rich.-Tout est soumis aux arrêts du destin.

Elis.- Oui, quand le crime fait la destinée. Mes pauvres enfants étaient destinés à une mort plus belle, si le ciel t'avait accordé, à toi, une plus belle vie.

Le roi Rich.-Vous parlez comme si j'avais tué mes neveux. Elis.-Tes neveux! oui, c'est bien leur oncle qui leur a ravi (1) le bonheur, la couronne, leurs parents, la liberté et la vie. Quelle que soit la main qui ait percé leurs jeunes cœurs, c'est toi qui indirectement l'as dirigée. Oh! sans doute, le poignard meurtrier serait resté impuissant et émoussé, s'il n'eût été aiguisé sur ton cœur de pierre, pour être enfoncé dans les entrailles de mes innocents agneaux. Ah! si l'habitude de la douleur n'en domptait les emportements, ma langue ne prononcerait pas à tes oreilles le nom de mes enfants, sans que tu sentisses mes ongles s'enfoncer dans tes yeux, et que moi, pauvre barque perdue dans ce golfe désespéré de la mort, dépouillée de voiles et de cordages, je me fusse brisée en pièces contre ta poitrine de rocher.

Le roi Rich. - Puisse-t-il être aussi certain, madame, que je réussirai dans mes entreprises et dans les périlleux hasards d'une guerre sanglante, qu'il est vrai que je vous veux plus de bien, à vous et aux vôtres, que je ne vous ai jamais fait de mal, aux vôtres et à vous!

Élis.-Eh! quel bien peut-il exister sous la voûte du ciel, qui soit un bien pour moi ?

(1) Jeu de mots entre cousin, cousin, et cozen, ravir par ruse.

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