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goulême; Guillaume, comte de Poitou; et, ce qui paraît digne de remarque, par un Renaud de Pons. Mais, avant d'exposer le mémoire de l'évêque Léon de Beaumont, qui explique à quel titre ce seigneur portait le nom de Renaud de Pons, nous devons entretenir le lecteur d'un fait relatif au fils du vicomte d'Aunay.

Trente-et-un ans après cette fondation, le fils que Guillaume nomme ici Cadelon, ou Calon, était devenu, par la mort de son père, vicomte d'Aunay. La foi dominait dans son âme et dans ses œuvres, et si elle subissait chez lui, comme chez les seigneurs de cette époque,'quelque éclipse, elle reprenait toujours son puissant empire sur des cœurs qui s'égaraient, mais qui ne s'endurcissaient pas jusqu'à l'impiété ! Nous laisserons parler le vicomte d'Aunay.

<< Par un effet, dit-t-il, de notre faible humanité, nos actions et nos paroles sont assez souvent condamnées à l'oubli. C'est pourquoi moi Calon, vicomte d'Aunay, j'ai pris soin de consigner par écrit la donation dont j'ai gratifié le monastère de la bienheureuse Marie de Saintes.

« Alors, sans doute par un arrêt de la justice de Dieu, le soleil répandait des torrents de feu qui, hors d'Aunay comme dans son enceinte,

Cart. de l'abbaye de Saint-Florent de Saumur, appelé le Livre Noir, fo. 84.

consumait châteaux, villages, maisons, blés, vignes, prairies et absolument toute verdure des champs. Les hommes eux-mêmes ne savaient où se réfugier pour se soustraire à cette excessive chaleur. Dans cette conjoncture, j'ai conçu le dessein, de concert avec les nobles hommes de ma vicomté, d'aller, pieds nus, en procession à Saint-Jean-d'Angély, portant avec nous la châsse de saint Just. Chemin faisant, nous avons choisi St.Julien pour lieu de station; nous y avons déposé sur l'autel de Saint-Julien la châsse de saint Just. Toutes nos prières achevées, nous avons voulu reprendre sur l'autel la châsse que nous y avions déposée, mais il nous a été impossible de l'enlever. Tous, stupefaits et effrayés, commencent à gémir et à répéter qu'il faut faire pénitence de ses péchés et s'en punir sévèrement aux pieds des saints autels. Cela fait, nous nous sommes encore approchés de l'autel de Saint-Julien avec un profond respect; mais voulant soulever la châsse, nous ne l'avons pu en aucune manière ! Chacun, avec l'expression de la plus grande componction, se demandait, en versant des larmes, quelle était la cause de ce jugement de Dieu! Enfin le pasteur de SaintJulien et la prieure Léthoïde, émus et touchés, dirent que j'avais opprimé les habitants du lieu, et que la châsse resterait immuablement sur l'autel jusqu'à réparation entière des injures que je leur avais fait subir.

<< En conséquence, moi, mes barons qui me suivaient, nous avons juré sur l'autel de rendre en définitive aux habitants ce que nous avions pris ou exigé justement ou injustement; de manière à ce qu'ils n'aient jamais rien à accorder ni à moi ni, dans la suite, à ceux de ma lignée.

« Alors, nous approchant de l'autel, nous avons sans obstacle enlevé la châsse, qui nous a paru si légère, que son poids était presque insensible, et nous nous sommes rendus à Saint-Jean avec le sentiment de la joie la plus vive.

« Mais, désirant ensuite dresser l'acte de donation, sur l'autel de Sainte-Marie de Saintes, j'ai juré, en présence de dame Arsende et de toute sa communauté, que je concède à Dieu, à la bienheureuse Marie et au monastère, tous les droits. que j'avais sur les hommes de Saint-Julien.

<«< Ce qui eut lieu en l'an de l'Incarnation de notre Seigneur mil cent moins deux, Xe des calendes de juillet, du vivant de Ramnulfe de Saintes, d'Arsende, abbesse du monastère, assistant comme témoins, Adémare, curé de Saint-Julien, ainsi que les chevaliers Acarde et Gauthier, et les laïques Rompcœurs et Guillaume Lambert'. »

1 Quoniam debilitate carnis cuncta quæ facta sunt aut dicta oblivioni traduntur; idcircò concessionem quam ego Chalo, vicecomes OEnaii feci ecclesiæ beatæ Mariæ Sanctonensis, cartulis sigillare curavi. Cùm enim judicio Dei igneus solis ardor trans OEnaium et quæ in eo erant, castella, vicos, domos,

C'est ainsi que la piété savait alors remplacer l'injustice; on se montrait aussi grand par le repentir, qu'on avait été faible et coupable dans l'égarement. On rougissait du mal commis; on se faisait gloire de le réparer; le respect humain n'était pas possible, parce que la foi restait toujours vivante. Honneur au moyen-âge!...

Mais revenons à Renaud de Pons, signataire de la charte de Guillaume, vicomte d'Aunay. L'évêque de Saintes va nous fixer.

<< Il est certain, dit le prélat, que la ville, château et chatellenie de Pons appartenaient, en 1067, à Guillaume, vicomte d'Aunay, comme on le voit par la charte citée. Elle est souscrite par un Re

segetes, et vineas, ac prata et omnia virida fortiter combureret, et etiam homines, alicubi, præ nimio solis ardore requiem non invenirent, habui concilium cum honestis hominibus terræ meæ, ut capsulam sancti Justi in processione ad sanctum Johannem, cum nudis pedibus, omnes portaremus. Cùmque ad Sanctum Julianum stationem faceremus, ibi super altare Sancti Juliani capsulam posuimus. Finitis orationibus, cùm capsulam desuper altare capere voluimus, non potuimus. Quâ de causâ omnes stupefacti et conterriti, universaliter cœperunt plorare ac dicere ut pænitentiam agerent de peccatis suis, et se ad sacra altaria verberare facerent. Quo facto, cum maxumâ reverentiâ ad altare item accessimus. Capsulam deindè levare volentes, nullo modo eam levare potuimus. Quamobrem omnes cum maxumo gemitu et ploratu cœperunt inquirere quare hoc divino judicio fieret. Denique capellanus Sancti Julian; et Lethoïdis priorissa compuncti, me homines Sancti Juliani njustè opprimere, dixerunt non antè capsulam desuper altare moveri posse, donec injuriam quam super homines Sancti

naud de Pons. Il en résulte que ce seigneur portait ce nom, quoique la seigneurie de Pons fût possédée par une autre famille, soit qu'il eût quelque portion ou fief dans Pons, comme plusieurs autres en avaient, soit que ses ancêtres eussent possédé la seigneurie de Pons et en eussent tiré leur nom; ce qui est moins vraisemblable, parce que les surnoms pris des seigneuries n'étaient que peu ou point fixés avant l'année 1067.

<«<< Ce fut sans doute le même Renaud de Pons qui souscrivit pareillement à une charte qui est dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers. Par cette charte, Constantin Legras, avec sa sœur et sa mère, fit une ample donation

Juliani faciebam, emendare. Quapropter ego et barones mei qui simul mecum aderant, juravimus super altare et finivimus quicquid in illis hominibus habebamus vel exigebamus justè aut injustè; ità quod ego nec posteri mei, nostri generis, nec vi nec prece deinceps aliquid ab illis hominibus exigere possemus. Deindè ad altare accedentes, tantâ levitate capsulam levavimus, quòd vix aut minimè eam sentiremus; et ad Sanctum Johannem cum maxumo gaudio perreximus. Posteà verò chartam peragere cupiens super altare beatæ Mariæ Xanctonensis, juravi in præsentià Dominæ Arsendis abbatissæ et totius conventûs; et concessi Deo et beatæ Mariæ et toti conventui quicquid juris in illis hominibus requirebam.

Hoc etiam actum est anno ab Incarnatione Domini millesimo centesimo minùs duobus, X Kalendas Julii, Ramnulfo, Xanctonensi episcopo existente, Arsende gregem Sanctimonialium regente; vidente Ademaro Sancti Juliani capellano; et Acardo militibus Gautherio; Rumpicorda et Willelmo Lamberto laïcis. (Ex Cart. monast. Sanct. Maria Santon. fo 71.)

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