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dans la partie admirable si maladroitement ou si malicieusement détruite, en 1803, et fort ridiculement réparée, quant à la façade, trente ans plus tard, nous aurions encore cette basilique aussi extraordinaire que curiense dans son ensemble architectural! N'avait-on pas eu l'inconcevable projet de faire disparaître ce qui nous reste de cet antique et précieux monument, et d'assigner à la religieuse population de Saintes l'ancienne cathédrale pour seule et unique paroisse ?.. Il faut avouer que les inspirations, dans notre siècle, ne sont pas toujours heureuses!.... Mais, grâce au ciel, nos sociétés archéologiques, quoique venues un peu tard, mettront obstacle désormais aux efforts de l'esprit de destruction, et il nous sera donné par elles de conserver au moins les glorieux lambeaux qui révèlent le génie chrétien du moyen-âge. On devra, à Saintes, au zèle de nos archéologues, la réparation de l'église basse qui, nous l'espérons, redeviendra le tombeau de saint Eutrope.

Le prédécesseur de l'abbé Grany, Odon de la Beaume, avait affermé, le 9 mars 1464, un moulin appelé Moulin de Chantemerle, situé en la commune de Courcouri. Les religieux de Saint-Eutrope tenaient ce moulin, depuis le XIe siècle, « de feu Constantin Legras, en son vivant, dit une charte conservée dans les archives du monastère, sicur de Brenoil (Berneuil), qui donna et délaissa au

prieur et couvent les trois quartes parties qu'il avait audit moulin et en ses appartenances..... » Cette donation avait été confirmée « par Geoffré Loys de Pons, et aussy puis après par Robert et Hélie....... » Les moines avaient, dès l'année 1223, inféodé ce moulin à l'abbé de la Frenade, moyennant << dix septiers de bled, neuf d'orge et un de froment, qu'il avait promis payer par cliescun an au prieur et couvent de Saint-Eutrope, prins en l'aire de la maison de Latouche, dedans les octaves de la feste de Nostre-Dame mi-aoust...» Mais l'abbé de la Frenade, ayant cessé de payer la rente, le moulin revint au monastère de Saintes. «< En depuis, continue la charte, les guerres et hostilités avoient eu grand cours et par long-temps au pays et duché de Guienne; pendant lesquelles le sire de Pons que lors estoit, avoit donné empeschement audit prieur et couvent en la possession et jouissance dudit moulin; mesme s'estoit efforcé d'en faire et avoit fait baillette d'en prendre et percevoir les fruits et de les appliquer à la seigneurie de Pons... >>

Louis II de Rochechouart, devenu abbé de Saint-Eutrope, revendiqua le domaine de sa maison conventuelle. « Les religieux se tirèrent par devers feu messire Jacques de Pons, lors et en son vivant, sieur de Pons et de Brenoil, père de Guy, défendeur; luy remonstrèrent leurs droits et luy en firent apparoir, lequel leur fist délivrance des

trois quartes parties dudit moulin et de ses appartenances, et d'abondant ledit feu leur donna l'autre quarte partie que Constantin Legras, son prédécesseur, avoit réservée en iceluy moulin, pour estre participant perpétuellement ès prières bien faites et oraisons dudit prieuré et des hebdomadies du prieur; et aussy que le domadier qui diroit la grand'messe, les mercredis et samedis de l'an, perpétuellement en ladite églize avec les religieux qui illec seroient, amprès ce que le diacre auroit dit ite missa est, seroient tenus dire un bon ne recorderis avec le verset et l'oraison pour l'âme dudit feu sieur de Pons et de ses successeurs.. Gui, en droit et possession dudit moulin, se démit, se devétit et se dessaisit, et en vétit et saisit lesdits prieur et couvent, et les en fit vrais seigneurs acteurs, procureurs, possesseurs et demandeurs,

etc... >>

Gui ne consentit à rendre le moulin de Chantemerle que parce qu'il y fut contraint par sentence du 5 février 1494, rendue à Saintes par Geoffroi de Prahec, assesseur du lieutenant-général, noble et puissant seigneur, le sénéchal de Saintonge.

<< Par quoi sçavoir faisons, le nom de Dieu premièrement appelé, que avons, par nostre sentence, déclaration ou appointement, dit, sentencié, déclaré, disons, déclarons, sentencions le noble et puissant Guy, seigneur de Pons; l'avons forclus et débouté, forcluons et déboutons de toutes

défenses déclinatoires, dilatoires et péremptoires. Et, en outre, avous condamné et condamnons ledit Guy, sieur de Pons ès dépens.

« Donné et fait à Xaintes, sous nos seings et scel, le Ve jour de febvrier 1494. G. PRAHEC 1. »

Louis Ier de Rochechouart était fils de Jean, seigneur de Mortemart, de Vivonne, honoré de la dignité de Chambellan par Charles VII, et de Jeanne Torsay, de Lézay, seconde épouse de Jean. Il était archidiacre du pays d'Aunis, lorsque l'élection l'appela au siège de Saintes. L'archevêque de Bordeaux refusa de la confirmer. Notre évêque eut alors recours à l'archevêque de Bourges, qui prenait la qualité de patriarche et prétendait droit de suprématie sur les provinces de Narbonne, d'Auch, de Bordeaux, de Toulouse et d'Albi. L'élection de Louis Ier reçut à Bourges pleine et entière confirmation. Alain de Coëtivy, cardinal, après avoir obtenu le suffrage d'un seul chanoine dont le nom est assez bizarre, Jehan Pourpoint eut la vaniteuse prétention de faire valoir ses titres imaginaires à l'évêché de Saintes. L'ambition ne s'arrête pas dans les voies de l'obséquieuse intrigue; elle croit que tout lui est dû; elle porte, dans son espèce, le caractère de l'amour-propre le plus présomptueux. L'une et l'autre de ces passions humaines sont parfois ridicules et tou

Arch. mss. inéd. de St.-Eutrope de Saintes.

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jours insoutenables, surtout quand elles font oublier convenance et justice. Ceux qu'elles séduisent savent tout saisir avec une souplesse insigne; les traits d'esprit qui éblouissent, les airs de docteur qui imposent, les paroles sentencieuses qui étonnent, les flatteries adroites qui remuent l'âme, sont les puissantes ressources ordinairement employées par les ambitieux de tous les états; ils croient tellement à leur compétence, qu'ils demeurent stupéfaits, dès qu'ils s'aperçoivent que la pitié leur lègue un sourire. Bref, l'Éminence dont nous parlons crut sans doute que la pourpre romaine lui donnerait gain de cause en cour de Rome : elle commença par excommunier son compétiteur, abus assez commun dans ces temps où la cupidité des clercs compromettait fort souvent une autorité usurpée et qui, rendue à sa libre et légitime action, les condamnait eux-mêmes comme la honte du sanctuaire et le fléau du monde. Heureusement, à Rome, on ne va pas vite; on y sait connaitre les hommes et juger sainement les choses; aussi le Souverain-Pontife, ayant pris une connaissance exacte de cette affaire, deboutat-il de sa demande Alain de Coëtivy et maintint, dans sa canonique élection, le seigneur Louis de Rochechouart.

Pendant que ce prélat siégeait à Saintes, un homme célèbre par son ambition, son rang et ses disgrâces, gouvernait le monastère de Saint-Jean

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