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les frères, qui pesèrent de tout leurs poids sur les belles provinces de la Gaule et sur l'Aquitaine en particulier. Les Normands, non moins furieux qu'acharnés à tout détruire, parurent ensuite comme une nouvelle calamité, portant l'épouvante et la mort, du Septentrion au Midi de la France. Les Anglais eurent leur tour, et, avant leur honteuse défaite par Jeanne-d'Arc la guerrière, que de maux n'ont-ils pas causés dans notre illustre patrie!..

Le XVIe siècle devait donc aussi avoir son esprit d'époque. Il faut l'avouer, l'esprit de ce siècle de révolte ne dut pas faire « marcher la société européenne à grands pas vers sa régénération politique et religieuse,» ainsi que nous le dit l'honorable M. Massiou. Il nous permettra de lui faire observer que ce n'est point là une régénération, mais une dégradation intellectuelle, puisque c'est l'audacieux individualisme soulevé contre la raison de Dieu, et la rebellion de l'erreur contre toute vérité révélée. Singulière et étrange régénération, qui a produit l'anarchie dans le gouvernement des empires, et l'athéisme pratique, suivi de l'abject

Hist. civ. pol. et relig. de la Saint. par M. Massiou, 2 Période, tom. II. pag. 454, ligne 3. Get auteur avoue aujourd'hui que la mauvaise foi ne l'inspira point quand il écrivit son Histoire; nous aimons cet aveu de sa part, car nous préférons l'écrivain qui peut se tromper à l'écrivain qui voudrait tromper.

et hideux matérialisme en religion! L'esprit du XVIe siècle est d'autant plus sinistre et déplorable, qu'il emprunte tous ses caractères des anciennes hérésies, si haineuses et si cruelles dans leurs vengeances et leur action turbulente.

Depuis les louables efforts de Grégoire VII, au XIe siècle, pour affranchir l'Église des éléments essentiellement nuisibles à son repos et à la vigueur de sa discipline, pour enchaîner des passions humaines, mises en jeu soit par les exactions des princes et des puissants seigneurs, soit par une trop grande surabondance de richesses dans le clergé, on vit, de siècle en siècle, se former le terrible orage qui éclata au XVIe. L'appât de l'or et l'ambition pour les dignités ecclésiastiques firent entrer dans le sanctuaire quelques méchants papes, en bien petit nombre néanmoins, comparativement à la multitude de saints et de grands hommes qui ont occupé le siège de Pierre; des évêques mondains, des prêtres sans vertus, des moines sans vocation, pour qui une vie fastueuse et sensuelle était toute la fin qu'ils se proposaient, recevaient ou usurpaient les ordres ; puis, le séjour trop prolongé des papes à Avignon, les pontificats de Jean XXIII, d'Alexandre VI, du belliqueux Jules II, et surtout la funeste influence des doctrines de Wiclef et de Jean Hus en Angleterre, en Bohême et en Allemagne, au commencement du XVe siècle, avaient conduit les esprits dans

la voie de la révolte contre l'autorité de l'Église et contre les dogmes sacrés de la foi catholique.

Quelle fut donc, dit un historien, la source fatale de ce déluge soudain de sectaires, de fanatiques, de blasphémateurs et d'impies qui, dans le cours du XVIe siècle, assaillirent le vaisseau de Pierre et faillirent à le submerger sans ressource, en feignant de le mieux diriger? Depuis quatre ou cinq générations, le cri de la réforme, passé de bouche en bouche et devenu plus séditieux dans sa progression, avait enfin étouffé, dans une infinité de fidèles, jusqu'au premier germe de respect pour l'ordre ecclésiastique et pour l'Église même. Le mot hypocrite de réforme, fut alors employé par les hérétiques, comme le fut, plus tard, le mot séduisant de liberté par les révolutionnaires; le cri de ralliement est autre, mais le but est le même. A force d'entendre une foule de censeurs, sans mission et sans retenue, demander la réformation de l'Église dans son chef et dans ses membres, on s'était persuadé qu'il n'y avait plus rien de sain dans le corps entier. Telle fut la première cause du mépris et de l'emportement des peuples contre l'autorité ecclésiastique. Il en eut une seconde, et nous dissimulerions en vain que, parmi tant de zélateurs qui demandaient la réforme, il y en avait d'animés par un intérêt sincère pour le bien de l'Église, par la douleur religieuse dont les pénétrait la connaissance de

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ses maux et de ses besoins. Ainsi la réformation, demandée si long-temps et si long-temps éludée, fut, du moins en partie, ce qui causa dans l'Église les tristes bouleversements que nous allons décrire. Deux hommes parurent alors, comme deux fléaux, pour épouvanter le monde religieux et social. Martin Luther, né en 1484 à Eisleben, dans le comté de Mansfeld, embrassa la vie monastique chez les ermites de St.-Augustin à Erfurt. Il avait des talents et encore plus de jactance et d'audace. L'électeur de Saxe, Frédéric, avait fondé une nouvelle université à Wittemberg. Luther y fut envoyé comme professeur. « Homme ardent et impétueux, opiniâtre au point, dit l'histoire, de se montrer incapable d'écouter la sagesse et la raison, le moine allemand, plein de l'esprit d'erreur de l'hérésiarque Jean Hus, conçut une haine implacable contre les saintes pratiques de l'Église romaine et surtout contre son autorité divine, uniquement parce que l'orgueil dont son âme était pétrie avait été froissé d'une préférence dont il se croyait exclusivement digne. En 1517, le Luthéranisme n'était encore qu'une étincelle;

1518, c'était un incendie qui ne fit plus que s'étendre pour prolonger ses affreux ravages. » N'est-il pas curieux d'entendre l'auteur de l'Histoire civile, politique et religieuse de la Saintonge1, affirmer que

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Martin Luther avait compris le malaise de son siècle et résolu d'y remédier!... Il est plus juste de dire que le moine saxon, corrompu dans ses mœurs, désirait, comme ceux qui marchaient dans la même voie de la licence, attaquer et renverser la digue opposée à la démoralisation de l'esprit et du cœur.

Jean Calvin', qui naquit à Noyon, en 1509, non moins voluptueux que Luther et plus ignoble dans ses vices, était d'autant plus orgueilleux, dit encore l'histoire, qu'il se piquait davantage d'être modeste, que sa modestie même faisait la matière de son ostentation. Infiniment plus artificieux, d'une malignité et d'une amertume tranquille mille fois plus odieuses que tous les emportements de son précurseur, orgueil qui perçait tous les voiles dont il s'étudiait à l'envelopper; qui, malgré la bassesse de sa figure et de sa physionomie, se retraçait sur son front sourcilleux, dans ses regards altiers et la rudesse de ses manières, dans tout son commerce et sa familiarité même, où, abandonné à son humeur chagrine et hargneuse, il traitait ses collègues avec toute la

1 Pendant notre séjour à Noyon, en 1837, mourut en fervent catholique, comme il avait toujours vécu, le dernier membre de la famille de Calvin. On me fit observer que les Protestants ne venaient pas plus habiter Noyon, que les Anglais n'aiment à se fixer à Orléans. Les uns ont à rougir de leur chef, et les autres tremblent encore devant la statue de Jeanne-d'Arc.

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