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grave, au lieu de s'imposer le repos dont il avait tant besoin, il reprend en toute hâte ses habitudes laborieuses. Le mal s'aggrave : les docteurs Hardouin, Le Bidois, Roulland, Leclerc s'en inquiètent et le conjurent de songer sérieusement à sa santé propre au lieu de s'occuper de celle des autres; il ferme l'oreille à leurs conseils, à leurs instantes prières, et ne s'arrête que lorsqu'enfin la pneumonie en est arrivée au point où l'art ne peut plus rien contr'elle.

Cependant il consignait ses volontés suprêmes dans un codicile où s'achève et se couronne dignement sa vie d'honnête homme et de bon citoyen; on y retrouve sa tendresse pour les pauvres et pour le bel établissement où il avait eu long-temps le bonheur de leur prodiguer ses soins; son esprit d'ordre et de justice; son respect pour les lois et les institutions du pays; sa pieuse sollicitude pour sa ville natale et en particulier pour son Musée, sa Bibliothèque, son École de Médecine, son Académie des Sciences, Arts et BellesLettres! Avec quelle délicatesse il y laisse à tout ce qu'il aimait un affectueux souvenir (34)!

Ce dernier adieu dit au monde et à ce qu'il y regrettait, il s'alite, fait demander notre excellent collègue, M. l'abbé Varin, qui vient deux fois l'entretenir des vérités éternelles, reçoit quelques amis qui lui pressent la main en pleurant, et meurt dans les bras du docteur Lépée qui le soigna jusqu'à son dernier moment avec une affection toute filiale, le vendredi, 10 décembre, vers une heure du matin. Il était entré, depuis un mois et dix-huit jours, dans sa soixantequinzième année,

Le lundi, 13, la cité tout entière, grands et petits, se pressaient à ses obsèques. Dans l'imposant cortège qui accompagna le mort à sa dernière demeure, on remarquait le général commandant la sous-division militaire, M. Châtry de Lafosse; un ancien ministre d'État, M. de Guernon-Ranville; M. Borgarelli d'Ison; M. de Caumont, et une foule d'autres personnages qui, à des titres divers, honorent le pays. Le Corps enseignant, Facultés, Lycée, professeurs, élèves, y assistait en masse.

A dix heures et demie, le convoi partit de la rue de Bernières. MM. Raisin-Mutel et Cachelou, neveux du défunt, conduisaient le deuil. Les élèves de l'École de Médecine réclamèrent l'honneur de porter le cercueil à l'église paroissiale. Les quatre coins du drap mortuaire étaient tenus par MM. le Recteur de l'Académie, le Directeur de l'École de Médecine, le Doyen de la Faculté des Lettres et le Proviseur du Lycée.

Après le service, célébré à St.-Pierre, le corps fut transporté, sur le char funèbre, à l'Hôtel-Dieu, où le reçut le clergé de l'établissement; de nouvelles prières furent adressées au ciel pour le repos du mort; ses restes furent ensuite, d'après un vœu exprimé par lui en termes pleins d'affection dans ses dispositions testamentaires, déposés au milieu des pauvres dont il avait été pendant sa vie l'ami et le père.

Là, sur la tombe encore ouverte, M. le Maire, président de la Société d'agriculture; M. Vastel, directeur de l'École; M. le docteur Le Prestre et M. Roulland rappelèrent, dans d'éloquentes paroles, les vertus et les mérites du citoyen, du professeur et du prati

cien. Puis un détachement du 41o. de ligne rendit à la décoration que M. Le Sauvage avait si bien gagnée et si dignement portée, les honneurs militaires; et la foule s'écoula, silencieuse, recueillie; on sentait qu'on venait de faire une de ces pertes qui ne se réparent point!

NOTES.

(1) C'est la maison qui porte le n°. 88. Le Parc-le-Roy était, à ce qu'il paraît, une très-ancienne auberge qui a été, en 1834, remplacée par la grande maison de commerce que dirige aujourd'hui M. Lesaulnier.

(2) Octobre 24, 1778. Baptisé par moy Jean François Monpellier, prêtre, vicaire de cette paroisse, un fils né d'hier du légitime mariage de Jean-Jacques Sauvage et de Marie-Louise-Jeanne Coquille, nommé Edme. Le parrain, Philippe-Jean Autin, secrétaire à l'intendance de Caen; la marraine, Marie-Thérèse Fergaut, veuve Beaupré ; et ont signé... » Extrait des Registres de l'Etat civil.

(3) Sur Coquille-Deslongchamps (Henri), né à Caen en 1746, mort à Paris en 1808, voyez F. Boisard, Notices biographiques, littéraires et critiques sur les hommes du Calvados qui se sont fait remarquer par leurs actions ou par leurs ouvrages, in-12, Caen 1848, p. 81.

(4) L'abbé Delarivière (qui méritait peut-être une mention dans le Dictionnaire des sciences philosophiques; à qui, dans tous les cas, si Dieu me prête vie, je consacrerai quelques pages dans mon Histoire des philosophes normands), après avoir professé à Caen, où il était en même temps secrétaire de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres, fut attaché, pendant quelques années, comme professeur, au collège royal de Clermont, et en

suite, comme inspecteur, à l'Académie de Strasbourg. J'ai un moment, vers 1819 ou 1820, suivi, à la Sorbonne, où il vint terminer sa carrière universitaire, ses leçons sur la logique. On a de lui, à ma connaissance, 1o. Élé– ments de grammaire française, 1 vol. in-8°., Caen, 1799; - 2°. Principes généraux de grammaire française et de grammaire latine, broch. in-8°., Caen, 1800; - 3o. Notice historique sur M. Dugua, broch. in-8°., Caen, 1802; 4o. Discours prononcé à la distribution des prix de l'École centrale du Calvados, le 15 août 1802, broch. in-8°., Caen, 1802; 5o. Projet d'un cours d'éducation, broch. in-8°., Caen, 1804; 6°. Exposé sommaire des travaux de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de la ville de Caen, broch. in-8°. de 44 pages, Caen, 1805, réimprimé, en 1811, avec les additions que nécessitait l'histoire de la Compagnie depuis 1805 et formant alors un vol. in-8°. de 360 pages avec ce titre : Rapport général sur les travaux de l'Académie des Sciences, Arts et Belles - Lettres de la ville de Caen depuis décembre 1800 jusqu'au 1er janvier 1811; dans ce Rapport, l'auteur mentionne et analyse, de la page 278 à la page 303, cinq opuscules lus par lui devant ses collègues et intitulés : a. Observations sur le plan d'une méthode pour l'enseignement élémentaire de la lecture; b. Sur l'instruction de la première enfance; c. Quelques considé– rations sur le sort des indigents et sur l'extinction de la mendicité; d. Sur le calendrier républicain et sur le nouveau système des poids et mesures; c. Dissertation sur la mémoire;

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– 7o. Rapport sur les travaux de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen pour les années 1811, 1812, 1813, 1814 et 1815, faisant suite au Rapport général imprimé en 1811, in-8°. de 315 pages; 8°. Grammaire française classique, première partie, Rudiments, in-12 de 4-180-LXVII pages, Clermont-Ferrand, 1817; ce livre est dédié à Messieurs de l'Académie des Sciences, Arts et

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