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Que si peut-être l'on s'imagine que cette prière de l'Eglise déroge aux mérites, l'on ne comprend pas bien son intention. Nous croyons qu'il y a des mérites, mais aucun de nous en particulier n'ose présumer qu'il en ait : car en ce lieu de tentation, nous sommes si fort enclins à l'orgueil, qu'il est expédient pour notre salut que Dieu nous cache à nous-mêmes les biens qu'il nous fait. Ainsi tant que nous sommes en cette vie, bien loin de vanter nos mérites, comme faisoit cet arrogant pharisien, nous nous prosternons devant Dieu, à l'exemple du saint prophète, et nous espérons le fléchir à cause de ses grandes miséricordes; d'autant plus que, sentant notre infirmité, nous savons bien qu'il est impossible que nous persévérions jusqu'à la fin, parmi tant de difficultés qae nous rencontrons dans la voie étroite, si la grâce ne nous soutient par une influence continuelle : de cette sorte , les enfants de Dieu lui demandent la vie éternelle comme une pure libéralité; parce que, si c'est la justice qui les y reçoit ensuite de la promesse divine, c'est la miséricorde qui les y conduit par Jésus-Christ, notre Sauveur.

Quelle est donc l'injustice de nos adversaires, qui disent que c'est la présomption qui nous a enseigné le mérite? Comment la présomption l'a-t-elle enseigné, puisque telle est la nature de ce mérite, qu'il se perd tout entier sitôt qu'on présume? « L'Eglise a des mérites, dit saint » Bernard', mais pour mériter, non pour pré

>> sumer. >>>

Si nous présumions des mérites, reconnoìtrions-nous qu'ils nous sont donnés, l'apôtre saint Paul disant : Si tu as regu, de quoi peurfe te glorifier ? ? Si donc nous confessons hunblement, avec le saint concile de Trente 3, que les mérites nous sont donnés, il est clair que' nous ne voulons pas glorifier l'homme; et si nous ne voulons pas glorifier l'homme, il paroit que nous avons dessein de glorifier Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ.

:

C'est ce que notre concile témoigne en ces termes : « Nous qui ne pouvons rien par nous» mêmes, nous pouvons tout avec celui qui »> nous fortifie ainsi l'homme n'a pas de quoi » se glorifier, MAIS TOUTE NOTRE GLOIRE EST EN » Jésus-Christ: en lui nous vivons, en lui nous » méritons, en lui nous satisfaisons, faisant des » fruits dignes de pénitence, lesquels tirent de >> lui leur vertu, par lui sont présentés à son » Père, en lui sont agréés par son Père*. »

Habet merita, sed ad promerendum, non ad præsumendum. Serm. LXVIII. in Cant., n. 6. tom. 1. col. 1506.

II. Cor., W. 7.-3 Sess. XIV. c. 46; Ci-dessus, ch. 13.
Nara qui à nobis tanquam ex nobismelipsis nihil possumus,
TOME VIII.

Cominent done osez-vous dire, 3 ministre ! qu'il n'est plus permis de mourir en l'Eglise romaine en se fiant ès seuls mérites de JésusChrist? Quoi! ne nous est-il pas permis de dire en mourant ce que l'Eglise dit tous les jours dans son sacrifice : Seigneur, ne pesez point nos mérites; mais sauvez-nous par grâce, au nom de Jésus-Christ? Ne nous est-il pas permis de mourir en la foi du concile de Trente, qui dit que nous n'avons pas de quoi nous glorifier en nousmêmes; mais que toute notre gloire est en Jésus-Christ ? Certes, nous espérons de mourir en cette sainte et salutaire pensée; nous dirons, et vivants et mourants, que Jésus-Christ est toute notre gloire, par conséquent tout notre salut, tout notre appui, toute notre confiance.

Et ne nous opposez pas, ainsi que vous faites, que nous croyons être sauvés par quelque autre chose': car ce reproche est peu raisonnable. Il est vrai que nous confessons, et c'est une maxime très-indubitable, que plusieurs choses coopèrent à notre salut, ou plutôt que par la grâce de Dieu, toutes choses coopèrent à notre salut; mais nous avons notre espérance en Jésus-Christ seul : parce que tout ce qui contribue à nous sauver, n'a de force ni de valeur que par ses mérites.

Je n'estime pas avoir assez fait en réfutant vos objections par des raisons si claires et si évidentes; il faut encore que vous soyez condamné par la doctrine de vos collègues. Ecoutez votre confrère Daillé parlant de vos amis les luthériens, en son Apologie, ch. 9. « Quand, dit-il, » selon les lois du discours, il s'ensuivroit légi>> timement et nécessairement de l'opinion des >> luthériens, qu'il faille adorer le sacrement, » toujours me suffit-il, pour ne pas abhorrer >> leur communion, qu'ils ne tiennent pas cette » conséquence, mais, au contraire, la rejettent >> avec moi; » et il ajoute encore en ce même lieu, que « ce seroit UNE EXTRÊME INJUSTICE de la >> leur imputer. » Et dans la lettre à M. de Monglat, faite sur le sujet de son Apologie : « En» core, dit-il, que l'opinion des luthériens sur » l'eucharistie induise, selon nous, aussi bien » que celle de Rome, la destruction de l'huma»nité de Jésus-Christ, cette suite néanmoins ne >> leur peut être mise sus SANS CALOMNIE, vu qu'ils » la rejettent fornellement. » Appliquez ce raisonnement à la matière où nous sommes, et vous y verrez votre condamnation.

Vous dites que nous ne mettons pas notre confiance aux seuls mérites de Jésus-Christ.

eo cooperante qui nos confortat, omnia possumus : ita nou habet homo unde glorietur, sed omnis nostra gloriatio in Christo est, etc. Sess. XIV. cap. 8. Pag. 16.

Pag. 113.

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Nous enseignons positivement le contraire. Vous soutenez que notre créance ne le permet pas, vous tâchez de le prouver par des conséquences que vous tirez de notre doctrine; nous les rejetons, nous les désavouons, nous les détestons. Vous ne pouvez donc nous les imputer, SANS UNE EXTRÊME INJUSTICE ET SANS CALOMNIE. Vous nous les imputez toutefois; et c'est la principale raison par laquelle vous ne craignez pas de nous condamner. Donc, selon les principes de vos collègues, la sentence que vous prononcez contre nous est fondée sur une calomnie manifeste, et donnée par une extrême injustice.

Ainsi, nonobstant vos oppositions, il est vrai que nous pouvons et vivre et mourir dans cette bienheureuse espérance, qui s'appuie sur Jésus-Christ seul; et si cette confiance a sauvé nos pères, comme votre Catéchisme l'enseigne, il résulte clairement, de votre discours, que nous pouvons attendre la vie éternelle dans la communion de l'Eglise romaine.

Mais elle ne permet pas, dites-vous, de mourir avec assurance de son salut 1; et par là vous tâchez de nous faire entendre que notre confiance n'est pas assez forte. Répondons en peu de paroles à cette objection que vous faites dans le dessein de mettre quelque différence entre nos ancêtres et nous.

Nous avons l'assuranee de notre salut, telle que l'ont toujours eue les enfants de Dieu; « lesquels, certes, dit saint Augustin, quoi» qu'ils soient infailliblement assurés du prix de >> leur persévérance, toutefois ils ne sont pas >> assurés de leur persévérance. »

Nous avons l'assurance de notre salut, telle que la prêchoit saint Bernard : « Qui est celui » qui peut dire, Je suis des élus, je suis des » prédestinés à la vie, je suis du nombre des >> enfants? » et après, « Nous n'en avons pas la >> certitude; mais la confiance nous console, de » peur que nous ne soyons tourmentés l'anpar >> xiété de ce doute 3. »

Je produis ces deux grands hommes à notre adversaire, parce qu'il les appelle saints dans son Catéchisme, afin qu'il connoisse, par leur témoignage, que nous avons l'assurance d'être sauvés, telle que l'ont eue les hommes de Dieu et les saints docteurs de l'Eglise. Après quoi je ne vois rien de plus ridicule que d'apporter,

' Pag. 443.

* Qui licet de perseverantiæ suæ præmio certi sint, de ipsa tamen perseverantia reperiuntur incerti. Lib. x1. de Civ. Dei, cap. 42. tom. vii. col. 282.

Quis dicere potest, Ego de electis sum, ego de prædestinatis ad vitam? Certitudinem utique non habemus: sed spei fiducia consolatur nos, ne dubitationis hajus anxietate penitus cruciemur. $ rm. 1. de Septuag., n. 4. tom, 1. col, 814.

comme un empêchement de notre salut, cette incertitude modeste en laquelle la bonté de Dieu laisse les élus pour les rendre plus humbles et plus diligents. Au contraire, saint Augustin nous apprend qu'il importe pour notre salut que nous ne sachions pas ce secret : « parce qu'en » ce lieu de tentation l'infirmité est si grande, » que la certitude infaillible peut facilement en» gendrer l'orgueil 1. »

Mais finissons enfin ce discours par ce raisonnement invincible, qui découvrira manifestement deux insignes faussetés du ministre. Il accuse le concile de Trente d'avoir établi une nouvelle doctrine touchant la justification et les bonnes œuvres. Cependant il paroìt sans difficulté qu'elle a été de point en point enseignée il y a plus de douze cents ans, par le plus célèbre de tous les docteurs, avec l'applaudissement de toute l'Eglise. Il ajoute, que cette doctrine détruit le fondement de la foi : c'est-à-dire la confiance en Jésus-Christ seul. Toutefois il n'est pas assez téméraire pour accuser saint Augustin d'un crime si énorme au contraire il déclare en termes formels, qu'il ne trouve rien en sa foi qui puisse donner une juste cause de séparation. Ainsi, l'autorité de saint Augustin nous est un rempart assuré. Car, si notre foi est la sienne, il est clair qu'on ne se doit pas séparer de nous, puisqu'on ose se séparer de saint Augustin. Que s'il y a de l'injustice à se séparer, il y en a bien plus à nous condamner; tellement que les maximes de notre adversaire sont la justification de l'Eglise. C'est ainsi que la nouveauté est forcée, par une secrète vertu, à venir rendre témoignage à l'antiquité; «c'est ainsi » que l'unité sainte est honorée même par le >> schisme. >>

SECONDE VÉRITÉ.

QU'IL EST IMPOSSIBLE DE SE SAUVER EN LA RÉFORMATION PRÉTENDUE.

CHAPITRE PREMIER.

Que, selon les principes du ministre, les premiers auteurs de la réformation prétendue sont des schismatiques; qu'il se contredit lui-même quand il enseigne que du temps de ses pères l'Eglise romaine étoit la Babylone de l'Apocalypse.

Jusques ici notre innocence s'est défendue contre les accusations du ministre; nous devions

1 Quis enim ex multitudine fidelium, quamdiu in hàc mortalitate vivitur, in numero prædestinatorum se esse præsumat? Quia id occultari opus est in hoc loco, etc... Quæ præsumptio in

cette juste défense à la sainteté de l'Eglise, qui étoit attaquée par ses calomnies. Maintenant la charité nous oblige de faire connoître à nos adversaires le péril évident de leurs âmes; et combien leur perte est inévitable, s'ils ne retournent en la communion de l'Eglise en laquelle leurs pères ont été sauvés, et qui est toujours prête à les recevoir avec des entrailles de mère.

Pour expliquer mon raisonnement avec ordre, je pose ces trois maximes fondamentales. Preinièrement, je dis qu'il est impossible de faire son salut dans le schisme : car nous entendons par le mot de schisme uue injuste séparation. Or cette injuste séparation est incompatible avec la charité fraternelle: par conséquent tous ceux qui sont dans le schisme tombent en cette juste malédiction, que l'apôtre saint Jean prononce : Celui qui n'aime pas son frère demeure en la mort. Tout homme qui hait son frère est homiride'.

Secondement, il est assuré que jamais il ne peut être permis de se séparer de la vraie Eglise, et bien moins quand elle sera reconnue pour telle; parce que l'Eglise étant le lieu d'unité, tous ceux qui se retirent de la vraie Eglise, violent visiblement le sacré lien de la fraternité chrétienne.

Je pose pour troisième maxime, qu'une Eglise demeure toujours véritable Eglise, tant qu'elle peut engendrer des enfants au ciel; car il n'appartient qu'à la vraie Eglise de donner des frères à Jésus-Christ, et des héritiers au Père céleste. L'Eglise ne conçoit que de son Epoux, qui la rend féconde par son Esprit saint; et ainsi tant qu'elle engendre des enfants à Dieu, elle est pleine du Saint-Esprit, Jésus-Christ la traite toujours en épouse: elle est donc par conséquent véritable Eglise.

Ces vérités étant supposées, je soutiens que nos adversaires ne peuvent excuser leur séparation, et que les principes qu'ils nous accordent montrent que les premiers auteurs de leur secte n'ont pas été des réformateurs, mais de très-dangereux schismatiques, qui se sont séparés de la vraie Eglise. C'est ce qu'il m'est aisé de prouver par ce raisonnement invincible.

Le ministre est convenu avec nous que jusqu'à l'an 1543 on pouvoit obtenir la vie éternelle en la communion de l'Eglise romaine'; elle étoit donc encore véritable Eglise selon les inaximes que j'ai posées et toutefois il est assuré que longtemps avant cette année nos adisto tentationum loco non expedit, ubi tanta est infirmitas, ut superbiam possit generare securitas. De Corr. et Grat., c. 43. n. 40. tom. x. col. 772.

I. Joan., M. A4, A6. — 2 Ci-dessus, Sect. 1. ch. 1.

versaires s'étoient séparés et avoient abandonné sa communion. Par conséquent ces réformateurs prétendus étoient des rebelles et des schismatiques, qui fuyoient la communion d'une Eglise, laquelle conduisant ses enfants au ciel, montroit bien par sa sainte fécondité qu'elle étoit encore l'Eglise de Dieu. En effet, le catéchiste remarque lui-même que les fondements de la foi y étoient entiers'; et que les fidèles y pouvoient faire leur salut à cause de la sincère confiance que l'Eglise, cette bonne mère, les obligeoit d'avoir en Jésus-Christ seul.

Ce raisonnement jette l'hérésie avec ses ministres dans une confusion nécessaire et je pense qu'elle n'a jamais paru plus visible que dans le catéchisme que nous réfutons. Le sieur Ferry ne peut se résoudre sur cette importante difficulté, savoir, si les premiers qui ont embrassé la réformation prétendue, en sortant de la communion de l'Eglise romaine, l'ont quittée volontairement, ou s'ils en ont été chassés par la force. Mais qu'il résolve d'eux ce qu'il lui plaira, nous avons toujours de quoi les convaincre. S'ils se sont retirés volontairement de la communion d'une vraie Eglise en laquelle on pouvoit se sauver, il paroît manifestement qu'ils sont schismatiques selon les maximes que j'ai posées; et quand même nous accorderons qu'on les a chassés, ils n'éviteront pas leur condamnation car la communion de l'Eglise est si nécessaire, qu'ils devoient toujours demeurer unis, encore qu'on tâchât de les éloigner; et je ne dis pas ici à nos adversaires une chose qui doive leur être inconnue. L'Eglise luthérienne les excommunie: toutefois parce qu'ils la croient une vraie Eglise, ils pensent être obligés de s'unir à elle; ils lui tendent les bras quoiqu'elle les chasse, et ils entrent en son unité autant qu'ils le peuvent. Si donc l'Eglise romaine étoit vraie Eglise, puisque, selon la confession du ministre, elle portoit en son sein les enfants de Dieu; quelque violence qu'on fit aux réformateurs prétendus, jamais ils ne devoient rompre de leur part le lien de la communion ecclésiastique.

Mais au contraire ils ont ému toute la querelle; ils se sont séparés les premiers; ils ont fait de nouvelles Eglises ils ont établi un nouveau service, et pour montrer que non-seulement ils fuyoient, mais encore qu'ils avoient en horreur la communion de l'Eglise romaine, ils ont publié par toute l'Europe que sa doctrine étoit sacrilége, et que son service étoit une idolâtrie; qu'elle étoit le royaume de l'An

1 Ci-dessus, Sect. 1. ch. 4, 5 et 6.

techrist et la Babylone de l'Apocalypse, en laquelle on ne pouvoit demeurer sans résister à ce commandement de Dieu Sortez de Babylone, mon peuple1. Certes, on ne les contraignoit pas de parler ainsi : donc ils n'ont pas été chassés par la force, mais ils se sont rétirés volontairement. Cependant l'Eglise romaine étoit encore la vraie Eglise, puisque, selon les principes du catéchiste, les fidèles de Jésus-Christ y pouvoient mourir sans préjudice de leur salut. C'est ce qui jette le sieur Ferry dans une étrange contradiction; car d'un côté il dit nettement, « qu'il faut extirper le membre pourri, » comme l'Eglise a toujours pratiqué, excom>> muniant les hérétiques, ou se soustrayant de >> leur communion 2, » et que l'on ne pouvoit abandonner l'ouvrage de la réformation, « sans » désobéir au commandement Sortez de Babylone, mon peuple 3; » ce qui prouve la nécessité de se séparer. Mais reconnoissant en sa conscience que jamais il ne peut être permis de se retirer de la vraie Eglise, telle qu'étoit l'Eglise romaine, puisqu'il avoue que les fidèles s'y pouvoient sauver, il est obligé de répondre que ses pères vouloient demeurer en son unité, si on ne les en eût retranchés: «Chassés et >> poursuivis, dit-il, nous avons été contraints » de nous séparer'; » et encore plus clairement: «Ils ont plutôt été chassés, qu'ils ne >> sont sortis. Car ils entendoient avec saint » Augustin ce commandement, Retirez-vous, » sortez de là, ne touchez point à choses souillées, » D'UN DÉPART SPIRITUEL ET D'UN DÉTACHEMENT DE » COEUR. C'est aussi l'exposition qu'on donnoit » d'ancienneté à Metz à cet autre commande>>ment de sortir de Babylone, à savoir, non en » corps, mais en esprit. »

>>

Il est digne d'observation que le catéchiste confesse que ses prédécesseurs entendoient ces paroles, Retirez-vous, sortez de là, dans le même sens qu'on donnoit, avant la réformation prétendue, à ce commandement de l'Apocalypse Sortez de Babylone, mon peuple. Or il remarque en un autre lieu que nos pères, qui vivoient alors en la communion de l'Eglise romaine, croyoient satisfaire à ce précepte, «s'ils »> ne participoient pas aux péchés de ceux parmi » lesquels ils vivoient, sans qu'il leur fût besoin » de s'en séparer autrement", » c'est-à-dire, de se séparer de communion. En effet, le ministre avoue qu'ils mouroient en la communion de l'Eglise romaine. Par conséquent, il nous fait bien voir que ceux qui ont suivi les pre

Apoc., XVII. 4.-2 Pag. 127.- · Pag. 43 et 47. — P. 438, 5 Pag. 434.6 - Pag. 18.

miers la réformation prétendue consentoient de demeurer unis avec nous en la communion de l'Eglise romaine, encore qu'ils prêchassent par toute la terre qu'elle étoit la Babylone maudite. et la prostituée de l'Apocalypse. O hérésie confuse en ses jugements! ô désordre et contradiction de l'erreur!

Et que le ministre ne réponde pas qu'ils seroient demeurés en l'Eglise à condition qu'elle se seroit réformée selon les maximes qu'ils lui proposoient; car il dit, « qu'ils entendoient ce » commandement, Retirez-vous, d'un détache»ment de cœur. » C'étoit donc leur intention de vivre en l'Eglise, liés avec elle de communion, et toutefois détachés de cœur. Ainsi ils ne la regardoient pas comme réformée : mais toute corrompue qu'ils la supposoient, ils vouloient demeurer en sa communion, pourvu qu'ils en pussent retirer leur cœur, ce qui enferme une doctrine contradictoire, digne certes des ennemis de la vérité.

Quelle étrange confusion de pensées! S'il est vrai que l'Eglise romaine étoit la Babylone dont parle saint Jean, si c'est d'elle qu'il est écrit : Sortez de Babylone, mon peuple, étoit-il besoin d'employer la force pour en éloigner les fidèles, et d'où vient que la parole de Dieu ne suffisoit pas? Mais le ministre s'est bien aperçu qu'elle ne pouvoit pas être cette Babylone, puisqu'elle donnoit encore des enfants à Dieu. Car en quelle Ecriture nous lira-t-il que la prostituée de l'Apocalypse engendre les enfants légitimes, et les conserve en son sein jusqu'à la mort? Ainsi, pressé en sa conscience, et non point persuadé par la vérité, il tombe nécessairement en des contradictions manifestes. O hérésie toujours chancelante, toujours incertaine, qui n'ose dire ni qu'elle vouloit demeurer, ni qu'elle est sortie volontairement, de peur d'être contrainte de confesser et sa rébellion et son schisme! Eveillez-vous enfin, ô pauvres errants! voyez le triomphe de la vérité dans le désordre de vos ministres, et dans vos réponses contradictoires. Si vos pères ont été schismatiques, en se séparant de la vraie Eglise, qui conduisoit à Dieu ses enfants; vous qui entreprenez leur défense, vous qui persistez dans leur schisme, vous attirez sur vous leur condamnation. Retournez donc à l'unité sainte qui a sauvé nos pieux ancêtres, ainsi que votre ministre le reconnoit. Enfants des schismatiques, revenez à la mère des orthodoxes.

CHAPITRE II.

De la durée perpétuelle de l'Eglise visible que le ministre la reconnoît; et que l'Eglise prétendue réformée confesse sa nouveauté, et prononce sa condamnation.

L'unité catholique doit être ancienne, et par conséquent le schisme est toujours nouveau. Ainsi la nouveauté visible de nos adversaires les fait reconnoître pour schismatiques, et montre que l'Eglise n'est point parmi eux, parce qu'elle ne peut jamais être dans la nouveauté.

La force de ce raisonnement est fondée sur ces trois propositions, que j'entreprends de prouver par ordre Que la durée de l'Eglise est perpétuelle Que cette Eglise perpétuelle doit être visible, et que le ministre l'avoue dans son Catéchisme Que l'Eglise prétendue réformée prononce elle-même sa condamnation, parce qu'elle confesse sa nouveauté. Pour entendre solidement ces trois vérités, il faut que nous remontions jusqu'au principe, et que nous considérions les desseins de Dieu dans l'établissement de l'Eglise.

Nous disons que l'Eglise a été fondée pour ètre le lieu de concorde auquel il plaît à notre grand Dieu d'unir les choses les plus éloignées : d'où il s'ensuit manifestement que sa durée n'a point de limites, non plus que sa grandeur et son étendue; et comme, selon les anciennes prophéties, il n'y a point de mers ni de nations qui puissent borner ses conquêtes, aussi n'y aura-t-il aucun temps qui la voie jamais ruinée. Car de même que la foi de l'Eglise doit unir en NotreSeigneur Jésus-Christ toutes les contrées de la terre, elle doit aussi unir tous les temps; de sorte que ceux-là s'aveuglent volontairement, qui nient que sa durée soit perpétuelle.

Et certes, les Ecritures divines nous représentent deux sortes de siècles, le siècle présent et le siècle futur. Ce dernier a son étendue pendant toute l'éternité; le premier ne finira qu'à la résurrection générale. Il faut que Jésus règne en l'un et en l'autre; et le royaume qu'il a sur la terre est l'image de son royaume céleste. De même donc que le Fils de Dieu sera éternellement béni dans le ciel, aussi, ne cessera-t-il jamais d'avoir des adorateurs sur la terre. Or il est certain, par les saintes lettres, que Dieu ne reçoit les adorations que dans son temple, qui est l'Eglise. Ainsi elle sera toujours en ce monde, jusqu'au dernier jugement. C'est pourquoi les prophètes ont dit, et les apôtres l'ont confirmé, que le règne de Jésus-Christ n'auroit point de fin parce que l'Ecriture nous montrant deux siècles dans lesquels le Fils de Dieu doit régner,

il faut nécessairement que son règne remplisse la durée de l'un et de l'autre.

Si nous voulons maintenant connoître que cette Eglise perpétuelle doit être visible, laissons. les conjectures humaines, et jugeons des qualités de l'Eglise par l'intention de celui qui l'a instituée.

Deux raisons ont obligé le Sauveur du monde à lui donner une forme visible. L'une de ces raisons regardoit les hommes, l'autre l'établissement de sa propre gloire.

Si nous étions de ces intelligences célestes, lesquelles, étant dégagées de toute matière, vivent d'une pure contemplation, il ne seroit pas nécessaire de nous unir autrement qu'en esprit mais puisque nous sommes des hommes mortels, il étoit certainement convenable que la Providence divine liât notre communion par quelques signes sensibles.

Mais la principale raison, c'est que JésusChrist, fondant son Eglise, veut que sa doctrine y soit professée, pour y être glorifié, comme dans son temple, devant Dieu et devant les hommes. C'est pourquoi il l'a mise sur la montagne, pour attirer les infidèles, ou pour les confondre.

De là vient qu'il l'a revêtue de signes externes, qui ne permettent pas qu'elle soit cachée. Il lui a donné ses saints sacrements, qui sont les sceaux sacrés de la communion des fidèles, par lesquels nous portons en nos corps les livrées de Jésus-Christ notre capitaine. Il y a établi des pasteurs et une forme de gouvernement, qui unit tout le corps de l'Eglise.

Le Fils de Dieu, le Verbe éternel, invisible par sa nature, voulant être le chef de l'Eglise, a daigné se rendre sensible à nos yeux, en se revêtant d'une chair humaine; et pendant le cours de sa vie mortelle, il a assemblé près de sa personne une sainte société à laquelle il a ordonné de s'étendre par toute la terre : c'est ce qu'il a appelé son Eglise, c'est-à-dire, une assemblée de fidèles qui doit confesser son nom et son Evangile par conséquent il veut qu'elle soit visible.

De cette Eglise ainsi établie, Jésus-Christ, la parole du Père, qui porte toutes choses par sa puissance, a dit et prononcé dans son Evangile, que jamais elle ne seroit renversée. Les portes d'enfer, dit-il', ne prévaudront point contre elle. Aussi malgré les persécutions et les hérésies, c'est-à-dire, malgré la fureur du diable et ses artifices, cette Eglise appuyée sur cette parole demeure et demeurera toujours immobile.

Matth., XVI. 18.

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