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vèrent et l'exode et le second événement dont Manéthon parle comme d'une ancienne tradition.

Le roi Aménophis ambitionna, à l'exemple d'un de ses prédécesseurs, de voir les dieux. Un prêtre des plus savans lui déclara qu'il fallait pour cela chasser tous les hommes atteints de lèpre et de maladies semblables. On en compta quatre-vingt-dix mille, parmi lesquels plusieurs prêtres, et on les envoya travailler dans des carrières à l'orient du Nil. Ils obtinrent bientôt pour demeure la ville d'Avaris; ils s'y fortifièrent, levèrent l'étendard de la révolte, et recurent des secours des pasteurs qui habitaient la Palestine. Le roi marcha contre eux à la tête de trois cent mille hommes; mais, sur la foi d'une prédiction qui leur assurait la domination de l'Égypte pendant treize ans, il n'osa pas risquer la bataille, et il se réfugia en Éthiopie. Les insurgés se livrèrent à toutes sortes de violences : ils eurent pour législateur un prêtre d'Héliopolis, qui leur apprit à mépriser les simulacres des dieux et les animaux sacrés, et dont le nom d'Osarsiph fut changé en celui de Moïse 45.... Mais quelle étrange armée pour épouvanter trois cent mille hommes, qu'une armée de lépreux! Et ce qui est bien plus étrange, dit l'historien juif, c'est que le chef de ces masses lépreuses aurait commencé par

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faire des lois qui éloignaient du camp et de l'assemblée tout individu seulement soupçonné de cette maladie.

De tout cela cependant résulte la connaissance des mouvemens dont l'Égypte a été le théâtre. Et en rappelant toutes les circonstances: le roi nouvellement porté au trône, et qui n'avait pas entendu parler de Joseph; la crainte de voir les pasteurs captifs se joindre aux pasteurs du dehors; les prétendus lépreux livrés aux travaux des carrières; leur révolte ; le mépris que leur dicte leur chef pour les dieux du pays et les animaux sacrés; leur résistance à trois cent mille hommes; les conditions qu'un roi égyptien aurait accordées aux guerriers qu'il n'avait pu vaincre ; les conditions que Moïse voulut obtenir du pharaon, et le soulèvement unanime des Hébreux pour échapper à l'esclavage, on reste convaincu de l'existence absolue du fait principal et du caractère guerrier qui renforçait la puissance intellectuelle à laquelle cette révolution était due, de la même manière qu'on distingue très-bien la masse d'un édifice placé hors de la portée ordinaire des yeux, sans pouvoir se rendre un compte exact de tous les détails et de ses rapports avec les objets qui l'en

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tourent.

Mais pour opérer avec quelque sûreté la re

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traite, il fallait produire une stupeur profonde chez les Egyptiens accessibles à des terreurs superstitieuses. En effet, au même instant, dans tout le pays, une foule de premiers nés furent immolés par représailles aux mânes des enfans hébreux. Qui pourrait dire comment les choses se passèrent? Mais un cri affreux retentit au loin: << Sortez! sortez!» Et ils quittèrent leurs demeures dans les premiers jours du printemps, armés, organisés, ayant sur les épaules leurs sacs avec des vêtemens et des vivres et précédés par les bestiaux et les bagages 46. Ramessès fut le lieu où ils se réunirent des différens points de la contrée, au nombre de six cent mille hommes au-dessus de vingt ans, d'après le texte actuel du Pentateuque; au nombre de deux cent quarante mille, si on leur applique le récit de Manéthon; de soixante mille environ, si dans ce récit on applique le nombre indiqué aux individus et non pas aux hommes de guerre, ou enfin de six mille seulement, de l'avis de Volney *.

* L'étendue des vallées où campa toute cette population qui, dans la première hypothèse, devait s'élever à plus de deux millions d'àmes, la difficulté de lui faire traverser l'espace dont je parlerai bientôt, dans quelques heures de la nuit; l'accroissement extraordinaire accordé à une famille de soixante-huit ou soixante-dix hommes dans les temps que semble indiquer le Pentateuque, sort les principaux argumens avancés pour en montrer l'exagération. Suivant Wallace, le nombre des descendans d'un seul couple au

Une foule d'étrangers les suivit et fut incorporée à la nation 47. Cette masse se divisait en douze corps principaux, dont chacun faisait remonter son origine à l'un des fils de Jacob et portait son nom. La première tribu était celle de Ruben, fils aîné de ce patriarche; ses membres s'appelaient les Rubénites; la seconde, celle de Siméon ou des Siméonites; la troisième, de Lévi; la quatrième, de Juda ou des Juifs, dont, par extension et par abus, le nom a été donné à tous les enfans d'Israël. Les autres tribus étaient celles de Dan, de Nephtali, de Gad, d'Azer, d'Issachar, de Zabulon, de Joseph qui fut divisée en deux tribus, Éphraïm et Manassé, et de Benjamin.

Cependant les Egyptiens revenus du coup qui les avait frappés, brûlèrent d'assouvir leur vengeance. «< Eh quoi! s'écria le pharaon, nous avons laissé partir Israël, nos esclaves ! » Mais tandis qu'il assemblait son armée et ses cha

bout de 433 ans et un tiers, est de 24,576 personnes vivantes; de sorte qu'il trouve plus de 1600 mille individus lors de la sortie d'Egypte, parmi lesquels 600 mille hommes. Mais Wallace ne compte en général qu'une femme pour chaque individu, et un enfant et un vieillard pour trois couples, ce qui est en opposition directe avec la base même dú calcul. Je ne parle pas du Père Pétau, qui marche aussi vite dans l'accroissement des populations que dans les multiplications en chiffres. Michaëlis s'étaie, comme les rabbins, des mariages précoces, de la longévité, de la polygamie et de l'exces→ sive fécondité des femmes en Egypte. Le lecteur jugera.

riots de guerre, les Hébreux se hâtaient à travers un pays coupé de montagnes, ayant en tête, pour éviter que les diverses bandes ne prissent de fausses routes, un grand feu de matières résineuses, qui, de nuit, faisait apercevoir une vive flamme, et de jour, une épaisse vapeur. Les Arabes en usent encore ainsi; Alexandre eut recours à ce moyen 48, et l'historien sacré, lui-même, nous force à prendre cette idée de la colonne conductrice; car loin de marcher seule, elle était dirigée par les hommes qui connaissaient le mieux le pays. « Je t'en prie, dit-il à son beau-frère Hobab de Madian, ne nous quitte point, tu nous serviras de guide, attendu que tu connais tous les lieux où nous aurons à camper dans le désert. Nous te récompenserons plus tard de tes soins. 49

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On ne suivit pas le chemin des Philistins, qui était le plus court pour aller dans la terrepromise, afin de ne pas se placer aussitôt entre deux puissans ennemis; et après avoir remonté vers l'isthme de Suez, on fit comme un crochet qui ramena au midi, vers la mer Rouge. La première pause fut dans un lieu nommé Succoth (tente), à cause des tentes qu'on y dressa; la seconde fut à Etam. Moïse commanda ensuite un nouveau circuit, pour donner le change à l'ennemi, en lui suggérant que les Hébreux

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