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corps des submergés ne disparurent point, et furent poussés sur le rivage. Aussi voyez quelle différence entre les deux récits: les eaux se retirèrent par un veņt trèsviolent, dit l'historien; le souffle de la colère de Jéhovah fit arrêter les eaux, les amoncela, les condensa, dit le poëte. Les eaux retournèrent sur le matin, dit l'historien : Jéhovah souffla de nouveau, et tout cet amas condensé tomba sur les Égyptiens, dit le poëte.

Au pied du mont Adule entre mille roseaux
Le Rhin tranquille et fier du progrès de ses eaux,
Appuyé d'une main sur son urne penchante
Dormait au bruit flatteur de son onde naissante,
Quand un cri tout à coup, suivi de mille cris,
De ce calme profond vient tirer ses esprits.
Il se lève, il regarde...

Parmi les raisons qu'ont données de part et d'autre les auteurs qui soutiennent que les livres de Moïse ont été écrits long-temps après lui, et ceux qui lui en attribuent la rédaction même, il en est une qui frappe par-dessus toutes : c'est que le peuple hébreu devient beaucoup plus étonnant, s'il faut y reconnaître une série d'hommes dominés par la même pensée, et travaillant à des siècles de distance les uns des autres comme s'ils n'eussent été qu'un même individu; c'est que toutes ces choses, considérées comme objet d'imagination, ne seraient pas moins remarquables que si leur réalité était hors de litige.

60 Alors il prit un morceau de bois qu'il fendit en deux, et, après l'avoir jeté dans le puits, il dit au peuple que Dieu avait exaucé sa prière, et qu'il ôterait à cette eau tout ce qu'elle avait de mauvais, pourvu qu'ils exécutassent ce qu'il leur ordonnerait. Ils lui demandèrent ce qu'ils avaient à faire; il commanda aux plus robustes de tirer de l'eau de ce puits, et les assura que celle qui y resterait se

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rait bonne à boire. Ils obéirent, et reçurent ensuite l'effet de sa promesse (Antiq. judaïq., liv. HII, chap. r).

61 Manè quoque ros jacuit circuitum castrorum. Cùmque operuisset superficiem terræ, apparuit in solitudine minutum et quasi pilo tuşum, in similitudinem pruinæ super terram. Quod cùm vidissent filii Israël, dixerunt ad invicem man-hu? Quod significat, quid est hoc ?... Appellavitque domus Israël nomen ejus man : quòd erat quasi semen coriandri album, gustus ejus quasi simile cum melle (Exod., XVI, 14, 31).

Parmi beaucoup d'autres qualités que les commentateurs ont su rendre de plus en plus singulières : « Elle avait ceci de remarquable, dit Josèphe, que ceux qui s'en nourrissaient la trouvaient si délicieuse qu'ils ne désiraient point d'autre nourriture. » Il tombe encore aujourd'hui en ce pays-là une rosée semblable à celle qu'il plut alors à Dieu d'envoyer en faveur de Moïse (Antiq., liv. III, chap. 1. — Voy. PROSPER ALPIN, De Medicina Ægyptior., liv. II, cap. v. BUXTORF, Historia manna. -CALMET, DisserDescription de l'Égypte, tom. I,

tation sur la manne.

loc. cit., pag. 318).

62 Et ascendens coturnix, cooperuit castra (Exod., XVI, 13. — Description de l'Égypte, tom. I, Notice de M. du Bois Ayme, pag. 318).

Comme on le pense il y a eu diversion sur le sens du mot hébreu traduit ici par cailles, les uns ont voulu que ce fût une espèce de sauterelles dont les Orientaux ont coutume de se nourrir, d'autres des poissons ailés. Mais la majorité se réunit pour les cailles; et en effet, cette espèce d'oiseau est des plus communes sur ce rivage. «Toute la contrée d'Égypte, dit Prosper Alpin (Rerum ægyptiarum, lib. IV, cap. 1), abonde tellement en cailles des plus grasses que les habitans de la campagne n'ont pas besoin de tendre des filets; ils les

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prennent à la main, en courant après elles, et ils les vendent à si vil prix que pour un dénier d'argent, appelé maidin on en obtient vingt. » Aussitôt après, une grande multitude de cailles, qui sont des oiseaux fort communs vers le détroit de l'Arabie, traversèrent ce bras de mer, et, lasses de voler, tombèrent dans le camp des Hébreux. Ils se jetèrent en foule sur ces oiseaux comme sur une viande qui leur était envoyée de Dieu dans une si pressante nécessité... (JOSÈPHE, Antiquit. judaïq., liv. III, chap. 1).

63 Et ait Dominus ad Moysen: Antecede populum et sume tecum de senioribus Israël; et virgam quâ percussisti fluvium, tolle in manu tuâ, et vade: en ego stabo ibi coram te, supra petram Horeb; percutiesque petram, et exibit ex eå aqua ut bibat populus. Fecit Moyses ità coram senioribus Israël...

Les moines du mont Sinaï montrent encore aux pèlerins la pierre que frappa Moïse, et même les douze ouvertures par lesquelles l'eau passa.

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Sed nihil æquè quàm inopia aquæ fatigabat, dit Tacite. Jamque haud procul exitio totis campis procubuerant, cùm grex asinorum agrestium e pastu in rupem nemore opacam concessit. Sequutus Moyses conjectura herbidi soli largas aquarum venas aperit. (Hist., liv. V). De là Tacite conclut que, par reconnaissance, les Juifs adoraient l'âne et avaient dans leur sanctuaire une tête de cet animal. C'est, pour un si admirable historien, traiter un peu légèrement › l'histoire.

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Venit autem Amalec, et pugnabat contra Israël in Raphidim. Dixitque Moyses ad Josue: Elige viros: et egressus, pugna contra Amalec. Cras ego stabo in vertice collis, habens virgam Dei in manu meâ. Fecit Josue ut locutus erat Moyses, et pugnavit contra Amalec: Moyses autem et Aaron et Hur ascenderunt super verticem collis. Cùmque

levaret Moyses manus, vincebat Israël : sin autem paululum remisisset, superabat Amalec. (Exod., XVII, 10, 12).

(Voyez pour ce qui regarde le caractère des Amalécites et le traitement qu'ils firent subir aux Hébreux, les commentateurs et SCHICKARD, De jure regio Hebræor. p. 112.) Au lieu de tribu nomade des Amalécites, lisez tribu des Amal écites.

64 Sans compter ce que leur dit Moïse lui-même, qu'il les a conduits dans le désert pour leur faire entendre les paroles de Jéhovah, ne voit-on pas dans toutes ses démarches un plan bien suivi? Quand il est remonté vers le nord, il motive son retour vers la mer Rouge de deux manières : l'une, qu'il ne veut pas avancer dans la crainte des Philistins, qui le placeraient entre deux ennemis; l'autre, qu'il veut donner à penser au pharaon, par l'irrégularité de sa marche, que les Hébreux ne savent où aller, qu'ils sont égarés dans la solitude, et que c'est par aveuglement d'esprit et en désespoir de cause qu'ils ont dressé leur camp sur les bords de la mer. Mais, après le passage de la mer Rouge, Moïse aurait pu suivre sa marche de manière à entrer dans la Terre promise par l'orient, comme il fit plus tard : les Égyptiens ne le menaçaient plus. Il les enfonce au contraire dans le désert, vers le midi, et il arrive au Sinaï même.

65 Interroga de diebus antiquis qui fuerunt ante te ex die quo creavit Deus hominem super terram... Si facta est aliquandò hujusce modi res (Deuteron., IV, 32).

66 Gouvernement de Pologne, chap. II.

67 Contrat social, liv. II, ch. vn.

68 Philosophie de l'histoire de l'humanité (Traduction. de M. EDGAR QUINET, tom. II, pag. 375).

LIVRE I.

THÉORIE DE LA LOI.

1 At Moses opinatur mundum... more amplæ civitatis magistratus habere ac subditos (De Monarch., lib. 1, pag. 1).

2 Le chapitre est intitulé de la manière suivante : c'est la traduction de Buxtorf que je cite.

Quid petierit Moses à Deo, quandò dixit, notas mihi fac vias tuas? Item, ostende mihi, quæso, gloriam tuam? quidque Deus ipsi ad hæc responderit; explicatur etiam, quid sunt via Dei?

La réponse est en ces termes : Dum Moses ait quòd Deus velit transire facere ante faciem ejus omne bonum suum, significat se ostensurum ipsi omnia entia à se creata, de quibus legimus et vidit Deus quidquid fecerat, et ecce bonum valdè erat : et quidem ità ostensurum ut accuratè ap prehendat naturas ipsorum, quomodò item invicem sint colligatæ et unitæ, et quæ sit ratio gubernationis ipsorum, idque tàm universaliter et in genere quàm singulariter et in specie... Nam verborum illorum, ut cognoscam te, utque inveniam gratiam in oculis tuis et vide quòd populus sit gens ista, summa hæc est: quia mihi Moysi incumbit populum hunc regere et gubernare, vellem in gubernatione illorum incedere in viâ et modo operum tuorum quibus tu illos regis et gubernas (More Neboukim, pars I, cap. LIV, pag. 87 et 88, édit. 1629).

A côté de cela, plaçons, dans son intégrité, le passage de BossUET, pour que le lecteur le compare et y réfléchisse:

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« Pour bien penser, je dois rendre ma pensée conforme aux choses qui sont hors de moi. Dieu, au contraire, rend les choses qui sont hors de lui, conformes à sa pensée éter.

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