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et des vases d'argent et d'or comme un faible dédommagement des longs travaux auxquels on les avait assujettis.

Qui s'imaginerait, en effet, que ce fut un abus de confiance de leur part qui les mit en possession de toutes ces choses? Les enfans d'Israël sortirent en armes du pays d'Égypte ". Voilà le fait consigné dans le texte, reconnu par la Vulgate, et sur lequel il ne peut s'élever de contestation sérieuse *. Bien plus, le mot hébreu qui signifie emprunter, signifie aussi requérir; et le texte nous apprend que les fils de Jacob butinèrent42, sans résistance, les Egyptiens.Comment donc se fait-il que cette même Vulgate ait traduit en ces termes : « Vous direz à tout le peuple que chaque homme demande à son ami, et chaque femme à sa voisine, des vases d'or et d'ar

fut chargé par Moïse de

* Bientôt après, Josué, dans le désert, chasser les Amalécites à la pointe de l'épée. (Exod. xv11.) S'il plaît à l'historien Josèphe, qui passe, comme par oscillations, de la plus haute philosophie à la plus excessive crédulité, d'ajouter au miracle, en armant les Hébreux du fer des Égyptiens submergés, quoique le texte n'en dise rien, nous ne sommes pas tenus de le suivre, nous ne pouvons même pas le suivre, à cause de ces mots expressifs: Ainsi les enfans d'Israël montèrent ceints de leurs épées. D'ailleurs, à part même cette expression du fait, comment eût-il été possible que des hommes qui étaient divisés en corps, commandés par un chef principal, qui emportaient des vêtemens, des vases, des outils de toute sorte, et jusqu'à des drapeaux, qui étaient appelés enfin à faire une conquête sur des populations armées, eussent oublié la chose la plus indispensable pour eux, leurs armes?

gent 43?» Quoi! les Hébreux, si horriblement opprimés, auraient eu chacun un ami égyptien, et ils étaient six cent mille hommes au-dessus de vingt ans !... Quoi! six cent mille hommes, et même soixante mille capables de combattre, demandent au même jour, à la même heure par tout le pays, les choses les plus précieuses que possèdent leurs oppresseurs, et on les leur accorde de plein gré! Ils les demandent, après que neuf plaies sont tombées sur l'Égypte, et la Vulgate cite cela comme un prêt amical; et elle ne voit pas que le mot hébreu signifie nonseulement un ami, mais le prochain, le voisin, de sorte que l'ordre fut donné à chaque Hébreu de butiner l'Égyptien qui serait le plus près de lui, le mieux à sa portée. De nos jours encore, toute armée conquérante invite les habitans des pays qu'elle traverse à lui délivrer de l'argent et des vivres. C'est une invitation de ce genre que firent les six cent mille hommes à qui l'on devait la plus large compensation pour tant d'années de travaux. Sil y eut miracle, il consista en ce que l'âme des Egyptiens, surnaturellement énervée, leur céda de bonne grâce.

Mais prenons garde à ceci : le style hébraïque ne met pas en scène Dieu, la nature et l'homme; il ne parle que de l'homme et de Dieu. Tout ce qui se rattache au développement général de

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l'humanité vient de Dieu, tous les faits vrais et nécessaires dérivent de lui. Il produit l'enthousiasme du grand homme et le vertige du despote, la force et la faiblesse de cœur. En conséquence, il ne faut pas confondre des langages très-différens et chercher un accident surnaturel partout où ce nom est prononcé. Pour ne l'avoir pas fait, des philosophes eux-mêmes sont tombés dans des erreurs singulières, et ont donné quelque poids à des déclamations railleuses, dont le législateur, s'il les eût entendues, aurait bien eu le droit à son tour de se railler.

Manéthon, à qui l'on ne conteste plus sa bonne foi, raconte, d'après les annales sacrées de l'Égypte, qu'il avait à sa disposition, et d'après les traditions populaires, deux événemens remarquables, séparés par deux siècles environ, et entre lesquels on avait à choisir celui qui s'appliquait à la sortie des Hébreux. L'un et l'autre présentent la chose sous l'aspect militaire; mais, dans le second, elle est enveloppée d'un conte que l'amour-propre national avait propagé, et que Josèphe foudroie en deux

mots.

Voici le plus ancien, qu'il a puisé dans les annales sacrées. «Sous le règne de Timaüs, l'un de nos rois, dit-il en substance, Dieu, irrité contre nous, permit qu'une grande armée ve

nue de l'Orient se rendit sans peine maître de notre pays, le dévastât, le réduisît en servitude, et établît un roi nommé Salatis. Ce nouveau prince, arrivé à Memphis, imposa un tribut aux provinces tant supérieures qu'inférieures, et y mit de fortes garnisons. Ayant trouvé dans la contrée de Saïte, à l'orient du fleuve Bubaste, une ville nommée Avaris, dont la situation lui parut très-avantageuse, il la fortifia, et y renferma, ainsi qu'aux environs, deux cent quarante mille hommes. Ce roi et ses successeurs régnèrent cinq cent onze ans. On les nommait hycsos, c'est-à-dire rois pasteurs; car hyc, en langue sainte, signifie roi, et sos, en langue vulgaire, signifie pasteurs. Quelques ups disent qu'ils étaient Arabes.

» Ce temps écoulé, les rois de la Thébaïde et de toutes les parties de l'Egypte qui n'avaient pas été domptées leur déclarèrent la guerre. Enfin Alisfragmoutophis les vainquit et les chassa du territoire. Ce qui en resta fut se réfugier dans le canton d'Avaris, qui contenait dix mille mesures de terre. Thémosis, fils du vainqueur, les attaqua avec quatre cent quatre-vingt mille hommes; mais, désespérant de les forcer, il leur fit cette condition, qu'ils sortiraient librement de l'Egypte. Leur nombre était de deux cent quarante mille. Ils emportèrent tous

leurs biens, traversèrent le désert de Syrie, et craignant les Assyriens, qui dominaient alors. dans toute l'Asie, ils se retirèrent dans un pays que l'on nomme aujourd'hui Judée, où ils bâtirent une ville assez grande pour contenir cette multitude, et qui est Jérusalem. Remarquez, ajoute Manéthon que j'ai trouvé dans d'autres livres, que ce mot hycsos ne signifie pas rois pasteurs, mais pasteurs captifs; car hye, en langue égyptienne, et hac, quand on le prononce avec aspiration, doit signifier captif; et cela paraît plus conforme à l'ancienne histoire 44. »

Or le motif qui ferait adopter cet événement pour celui qui correspond à la sortie d'Égypte, est, que l'Écriture semble placer la retraite des Hébreux peu de temps après le nouveau roi, dont Joseph n'était pas connu ; en con séquence, il faudrait rejeter la presque totalité des quatre siècles qu'ils passèrent dans ce royaume, sur les cinq cent onze ans déjà cités; et Moïse, loin d'être né dans le seizième siècle, appartiendrait au dix-huitième. Mais d'après M. Champollion, deux cent soixante ans forment toute la durée des rois pasteurs, et deux cent quarante huit ans la durée de la dix-huitième dynastie, par laquelle ils furent expulsés; de sorte que c'est sous les derniers règnes de cette dynastie, aux époques déjà marquées, qu'arri

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