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âge, de sorte qu'elle aurait signalé la vingtsixième année environ du long règne de Meïamum; ce qui semble appuyé par l'impétuosité de caractère dont Moïse va nous donner des preuves.

Un jour, en allant visiter ses frères, il vit un agent du gouvernement égyptien, qui maltraitait indignement un Hébreu; il s'élança sur l'oppresseur, le combattit, le tua, et cacha son corps sous le sable *. Le lendemain, il rencontra deux Hébreux qui se battaient : «< Pourquoi frappes - tu ton frère? dit-il à l'offenseur....

Je dis un agent de la tyrannie égyptienne, et non pas un simple Égyptien. D'après le texte, Moïse alla vers ses frères et vit leurs travaux ; il vit aussi un Égyptien qui frappait un Hebreu, un de ses frères. (Exod. 11, 11.) C'est donc parmi les individus soumis aux travaux que les choses se passèrent. Qu'arrivait-il dans ces travaux? Le texte nous l'apprend......... « Et le service qu'on exigeait des Hébreux était plein de rigueur..... Et les exacteurs les pressaient et leur criaient : Achevez vos ouvrages........... Méme les commissaires d'entre les enfans d'Israël que les exacteurs avaient établi sur eux furent battus, et on leur dit : Pourquoi n'avez-vous pas achevé votre táche en faisant des briques aujourd'hui comme auparavant?.. et les commissaires des enfans, d'Israël crièrent au pharaon de ce qu'ils étaient battus. › (Exod. 1, v, 14, 16.) Les agens du pharaon avaient donc coutume de battre; c'est donc un de ces agens que Moïse tua. De là le courroux du roi et l'inexactitude de ces paroles, attribuées à l'apôtre saint Étienne : « Moïse voyant un de ses frères à qui l'on faisait une injure, le défendit et le vengea en tuant l'Égyptien. › (Act. des Apôtr., VII, 14.) Rien n'autorise à ajouter le désir de la vengeance au besoin de la défense; et l'expression, faire une injure, est bien douce envers un homme qui abusait de son pouvoir jusqu'à accabler un autre homme de mau→ vais traitemens.

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Que t'importe qui t'a établi prince ou juge sur nous? Veux-tu faire de moi comme de l'Égyptien? >>

Cette réponse éveilla ses craintes et causa son salut; car l'événement, présenté au roi sous les plus noires couleurs, avait déjà fait dicter l'ordre de le saisir et de lui ôter la vie 28.

Il s'enfuit donc de l'Egypte, et il se retira dans une contrée à l'orient de la mer Rouge, non loin du Sinaï; laquelle portait le nom de Madian, comme le pays des Madianites, situé sur les confins de la Palestine.

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Il y arrivait à peine, que, sous ses yeux, plusieurs bergers chassèrent quelques jeunes filles d'un puits où elles abreuvaient leurs troupeaux. Sans songer à leur nombre et à sa qualité d'étranger, Moïse vola au secours des jeunes filles, et seul, armé de son bâton, il fit quitter la place aux pasteurs.

Leur père, appelé Jéthro, prêtre du pays, fut touché de son dévouement, l'accueillit *, et

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D'après les commentateurs mahométans, Moïse, introduit dans sa demeure, trouva le dîner prêt. « Assieds-toi, et mange avec nous, lui dit le vieillard. - Je n'accepte point ton offre, lui répondit l'Hébreu, comme le prix du service que j'ai rendu àꞌ tes filles. Il est dans ma famille une loi inviolable on fait le bien sans en attendre la récompense. Et moi, répliqua Jéthro, j'ai conservé cette coutume, qui était celle de mes pères, de bien accueillir les étrangers et de les nourrir.» (Coran, traduction de M. Savigny, ch. xxvIII.)

lui donna bientôt pour épouse Séphora, dont il eut deux fils 29.

Devenu pasteur de son beau- père, Moïse promena sa science et ses méditations dans les vallées du Sinaï et d'Horeb, et sur les bords de la mer Rouge. La solitude et l'observation continuelle de la nature portèrent au plus haut degré son enthousiasme, le jetèrent dans de fréquentes extases et imprimèrent dans son imagination la teinte poétique qui se réfléchit sur toute sa vie. Alors il se proposa non-seulement de rendre la liberté à ses frères, mais de former un peuple qui deviendrait à jamais l'étonnement, peut-être un jour le type des nations.

Toutefois avant de mettre à exécution ses desseins, que de difficultés ne se présentèrent pas à sa pensée, que d'objections ne s'adressat-il pas à lui-même? Il redoutait surtout un bégaiement auquel il était sujet depuis son enfance et qui le força de s'attacher son frère aîné Aaron, doué de l'organe sonore 30 dont l'homme qui doit émouvoir des masses retire des avantages si grands. Il redoutait la puissance égyptienne, et l'indifférence avec laquelle les Hébreux accueilliraient ses énergiques paroles : enfin toutes ses incertitudes s'évanouirent, et il commença sa carrière, entraîné, comme malgré lui, par cette flamme intérieure dont le

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buisson ardent et incombustible d'Horeb est l'heureux symbole, et par la voix puissante qui, appelant à elle l'homme supérieur, lui impose d'illustres travaux. « As-tu entendu réciter l'histoire de Moïse? s'écrie Mahomet dans le Coran; il a dit en voyant le buisson: Voilà le feu sacré! Peut-être en emporterai-je une étincelle qui servira à me conduire 31. »

A l'âge de quatre-vingts ans, au plus cinquante ou soixante de notre époque, il rentra en Égypte. Combien sa position differe de celle de tous les législateurs! Licurgue, Numa, Dracon, Solon, au milieu d'hommes réunis, déjà soumis à des lois et possesseurs d'une patrie, sont portés par le cours ordinaire des choses à leurs fonctions élevées : Confucius dicte paisiblement de sages préceptes à ses concitoyens : Mahomet enfin, ce puissant génie, après avoir médité quinze ans dans la solitude, présente à des peuples établis un code nouveau, mélange curieux d'anciennes sentences, qu'il approprie à leur imagination et à leurs mœurs, et dont il confirme la vérité par le succès de ses armes. Mais Moïse arrive seul, sans force matérielle à sa disposition: Ies hommes dont il va faire un peuple n'ont point de patrie: avant de leur proposer des lois, il faudra, pour ainsi dire, les conquérir eux-mêmes, triompher de leurs

oppresseurs, du découragement dont ils sont saisis, et d'une foule effrayante de circonstances contraires !...

SORTIE D'ÉGYPTE.

Moïse en Egypte se hâta de se découvrir aux anciens ou aux plus expérimentés des Hébreux. L'usage s'était conservé parmi ce peuple de soumettre ses différens aux vieillards qui se réunissaient, comme un conseil de famille, autant que pouvait le permettre l'oppression dans laquelle ils vivaient. Le gouvernement avait établi des commissaires qui les forçaient à remplir leur tâche, et qui, choisissant à leur tour des agens inférieurs parmi les opprimés, les rendaient responsables, ainsi que les chefs de famille, de la négligence ou de l'insubordination des détachemens rangés sous leurs ordres 32. Moïse exposa ses desseins aux anciens, leur promit la liberté, répondit à leurs objections 33, commanda la confiance.

Mais les fils de Jacob avaient allié aux sages pensées de leurs aïeux, la plupart des superstitions égyptiennes; mais la servitude qui pesait sur eux depuis tant d'années, avait, autant que la superstition, énervé leurs âmes; car une longue servitude est comme un trop long som

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