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Les partisans modernes de l'inégalité politique, des propriétés inaliénables, des substitutions qui conservent à perpétuité dans une même lignée une masse plus ou moins grande de biens-fonds, se sont déclarés jusqu'à ce jour les plus zélés défenseurs des textes sacrés. Mais dans la législation de Moïse, les terres inaliénables étaient également répandues dans toutes les familles; mais en passant d'un père à ses enfans elles se divisaient et se subdivisaient à l'infini; mais elles furent établies pour empêcher que les uns se rendissent à toujours les maîtres du pays, aux dépens des autres; de sorte que cette institution imaginée en faveur de l'égalité, repose évidemment sur le principe qui exige aujourd'hui que les terres soient mobilisées, autant que faire se peut, afin qu'elles aient comme les personnes leur genre de liberté*.

Le prophète Osée n'exprima pas en termes moins énergiques qu'Isaïe son indignation contre les violateurs de cette loi. « Les princes de Juda ne se sont occupés qu'à transporter des bornes pour agrandir leur héritage; je répandrai ma colère comme un torrent, dit l'Eternel, je serai

* Par ce moyen, la grande et la petite propriété se composent et se décomposent sans cesse selon les besoins; et le même champ participe, dans un certain cercle d'années, au bénéfice de la petite et de la grande culture.

pour eux comme un lion qui tombe sur sa proie, et je rentrerai dans ma demeure, jusqu'à ce qu'ils se reconnaissent coupables et qu'ils cherchent ma présence

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Tel est donc le jubilé mosaïque, que l'Église romaine a imité, quand elle a fondé ses époques jubilaires. Mais les différences qui existent entre les deux doctrines se répètent dans les deux institutions. En Israël, il s'agit de la liberté, de l'égalité temporelles, tandis que l'autre jubilé se rapporte à la délivrance des âmes placées sous le joug du péché, et à l'égalité de béatitude dont jouiront les élus dans le monde invisible.

La confusion produite par la captivité de Babylone ne permit ensuite que de satisfaire d'une manière incomplète à cette loi. L'influence étrangère et les discordes intérieures finirent la faire tomber totalement en désuétude.

par

Sous son empire, l'étranger affilié depuis le partage des terres était obligé d'épouser une fille héritière, pour acquérir à ses enfans la propriété perpétuelle. Mais la propriété des maisons sises dans les villes entourées de murailles s'obtenait bien plus aisément; et l'on aperçoit déjà en cela l'esprit sociable et hospitalier du législateur, qui, après avoir répondu aux besoins de l'époque, fit une exception im

portante, pour assurer dans les grandes villes des habitations fixes, non seulement aux citoyens de toutes les tribus que l'industrie ou le commerce y attireraient, mais aux étrangers en général. La loi en effet veut qu'au bout d'un an, à dater de la vente, ces maisons ne soient plus soumises ni au droit de rachat ni au droit

jubilaire 19.

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Si le respect de la propriété est un des caractères d'un pays libre, on aperçoit donc à travers ces différentes lois, le dessein arrêté du législateur de mettre cette propriété, autant qu'il dépendait de lùi, à l'abri des usurpations de la puissance; et certes, peut-on terminer ce sujet, par une déclaration de principes plus frappante que le terrible anathème qu'attira sur la tête du roi Achab, l'odieux abus qu'il fit de son autorité, pour s'emparer de la vigne d'un citoyen. Voulant former un jardin près de son palais, il appela Naboth et lui dit : << Vends-moi ta vigne, je t'en prie, ou pour de l'argent, ou pour une vigne meilleure? - Ni l'un ni l'autre c'est l'héritage de mes pères, je veux le garder. » Mais la méchante Jézabel, femme d'Achab, ayant séduit des témoins et les juges, fit condamner Naboth à mort, et le roi s'associa au meurtre en usurpant la vigne fatale. A cette nouvelle, le prophète Élie ac

courut, et d'une voix tonnante : « Malheur ! malheur à Achab! Son sceptre sera brisé, et dans le champ même de Naboth, les chiens lècheront son sang et celui de l'impie Jézabel. >>

CHAPITRE III.

COMBINAISON DES INTÉRÊTS DE LA TRIBU De Lévi ..

AVEC CEUX DES AUTRES TRIBUS.

DANS le livre qui traite de la magistrature sacerdotale, j'avais annoncé une combinaison remarquable entre ses intérêts matériels et les intérêts des autres tribus; j'y arrive en ce moment. La tribu de Lévi jetée parmi toutes les autres, pour le service de la loi, fut de prime-abord exclue du partage des terres. Quelle différence avec les prêtres égyptiens, possesseurs de la troisième partie environ des propriétés foncières, et avec le clergé des temps modernes qui s'était élancé sur les traces du sacerdoce d'Égypte !....

Dès qu'il eut privé cette tribu du lot qui lui revenait naturellement sur les douze portions de la terre promise, le législateur lui accorda

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