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se manisfesta aux Israélites par des miracles aussi bien que par des Prophéties, n'ont pas besoin d'explication. Le but de cet Être suprême y paraît clairement à chaque pas, et peut être aperçu de tout homme qui veut faire usage de ses yeux et de sa

raison.

La république d'Israël se forma et fleurit sous l'alliance temporelle donnée premièrement à Noé, et puis confirmée d'une manière particulière à Abraham et à sa postérité, avec de nouvelles promesses. Pour cette raison toutes les promesses et les menaces de la loi étaient temporelles, conformes à l'âge et aux circonstances du monde. Mais ces promesses et ces menaces étaient exécutées par la main de Dieu d'une manière si sensible, que chaque exemple qu'on en avait, fournissait une nouvelle preuve de l'autorité divine de la loi. Si vous demandez d'où vient que Dieu intervenait si visiblement dans le gouvernement de ce peuple, le dirigeant toujours dans l'administration des affaires temporelles de l'état par la voix de ses prophètes, tandis qu'il abandonnait toutes les autres nations, qui ont été avant ou après, à leur propre conduite sous les lois générales de sa Providence; je crois qu'en voici la raison. Aucun autre peuple ne reçut jamais la loi divine, qui fût établie sur des récompenses et des punitions temporelles ; et par conséquent Dieu ne s'était point lié lui-même envers aucun autre peuple à lui rendre compte de sa prospérité ou de son adversité. Mais à l'égard des Juifs, avec lesquels il avait établi une loi et une alliance sur des promesses temporelles, il était obligé de dégager sa parole, et de se justifier lui-même à leurs yeux dans l'administration des affaires temporelles. C'est pour cela qu'il s'éleva au milieu d'eux une suite de prophètes, de la bouche desquels ils pouvaient apprendre les ordres de cet Être suprême avantage que Moïse a en vue, quand il dit (Deut. 4, 7) : Quelle est la nation si grande, qui ait ses dieux près de soi, comme nous avons l'Éternel notre Dieu dans toutes les choses pour lesquelles nous l'invoquons?

Toutes les fois qu'il était nécessaire de punir le peuple de sa désobéissance, de peur qu'il ne fût tenté par la prospérité des autres nations et par sa propre adversité à courir après d'autres dieux, les prophètes l'avertissaient à l'avance des maux qui devaient lui arriver; et ils les lui décrivaient d'une manière si sensible, que dès qu'il souffrait, il ne pouvait s'empêcher de reconnaître que c'était la main de Dieu, de son Dieu parculier, qui le châtiait. Et c'est la raison pour laquelle on trouve sous la loi un si grand nombre de prophéties qui se rapportent à l'état temporel des Juifs c'est pour cela en particulier que la grande captivité de Babylone est décrite si au long par les prophètes, de peur que ce peuple ne fût porté à croire que les dieux des nations l'avaient enfin vaincu, et qu'il ne se trouvât par là même tenté aussi souvent que cette fausse imagination le saisissait, à abandonner l'Éternel dans son infortune; mais afin au contraire qu'il pût reconnaître la main toute-puis

sante de Dieu dans toutes ses souffrances, apprendre de là à s'humilier et à lui obéir, et se convaincre que la prospérité ou l'adversité dans laquelle il vivait, lui arrivait conformément aux termes exprès de l'alliance traitée avec cet Être suprême, qui le bénissait lorsqu'il se montrait obéissant, et qui l'affligeait lorsqu'il était rebelle à ses ordres. Toutes les nations ont éprouvé et éprouvent encore de grandes vicissitudes dans les affaires humaines; et cependant Dieu ne se croit point obligé à leur rendre raison de la conduite de sa Providence à leur égard. Mais il n'en était pas de même par rapport aux Juifs : car Dieu ayant établi avec eux une alliance sur des promesses et des menaces temporelles, l'exécution même de cette alliance de sa part demandait qu'il administrat d'une manière visible les peines et les récompenses attachées à ses lois; qu'il rendît ce peuple heureux dès-là qu'il obéirait à ses ordres, et qu'il lui infligeât aussi les châtiments que mériteraient ses crimes: voilà pourquoi il lui mettait devant les yeux le chemin d'un bonheur temporel, et il le sollicitait à y entrer par la voix de ses prophètes; voilà pourquoi il l'avertissait clairement à l'avance des maux dont il le visitait, afin qu'il pût voir dans chaque événement sa main accomplissant la parole de son alliance. Tous les oracles qui s'y rapportaient, renfermaient ce langage de Dieu luimême, dans le cantique de Moïse (Deut. 32, 39): Regardez maintenant que C'EST MOI, C'EST MOI QUI SUIS, et il n'y a point de Dieu avec moi : je fais mourir, et je fais vivre; je blesse et je guéris, et il n'y a personne qui puisse délivrer aucun de ma main.

Par là on peut rendre raison de toutes les prophéties du vieux Testament qui sont relatives à l'état temporel des Juifs, et dans lesquelles nous n'avons point d'autre intérêt à prendre, que celui de leur donner un sens raisonnable, afin que les anciens prophètes de Dieu ne passent pas pour de simples diseurs de bonne aventure, comme on les a représentés depuis peu dans le monde (1).

Le peuple Juif était si enclin à suivre les coutumes des nations voisines, et à s'abandonner à l'idolâtrie, que depuis qu'il fut introduit dans le pays de Chanaan jusqu'au temps de la captivité de Babylone, il y eut de continuelles disputes entre les prophètes de Dieu et les faux prophètes des nations, à qui l'emporterait ; c'est dans cette vue que plusieurs anciens oracles ont été donnés, pour empêcher les Juifs de se laisser séduire par leurs voisins. Nous en avons un exemple dans les reproches que Dieu commande à Elie de faire aux messagers du roi Achazia, qui avait envoyé

(1) C'est l'auteur du discours des Fondements et des raisons, etc., qui assure pag. 28 et 29, que les anciens prophètes faisaient paraître leur inspiration divine, nonseulement dans les affaires importantes du gouvernemen! mais encore à découvrir des effets perdus, et à dire la bonne aventure. Il ajoute, qu'ils étaient payés pour cela par ceux qui les consultaient, soit en provisions, en argent, ou en présents. Un peu plus bas il dit, qu'ils vivaient de ce métier; tout cela pour tourner en ridicule l'esprit qui les animait, et décréditer les prédictions qu'ils ont faites,

qu'au contraire elle fût expressément destinée, et elle dût s'étendre dans les paroles de l'alliance primitive à toutes les nations du monde. Nous avons déjà examiné les premières de ces prophéties, et tâché de montrer le dessein de la Providence en les donnant. Il nous reste donc à suivre la même méthode à l'égard des secondes, c'est-à-dire, à rechercher, non le sens et l'accomplissement exprès de chaque prophétie en particulier, mais en général l'usage et les fins de cette sorte de prophéties, ce qui une fois connu, nous mettra en état de les examiner toutes séparément avec succès.

s'informer de Baalzebub dieu de Hékron s'il releverait de sa maladie. Va, dit l'ange de l'Éternel à ce prophète (2 Reg. 1, 3, 4), va au-devant des messagers du roi, et leur dis: N'y a-t-il point de Dieu en Israël, que vous allez pour vous informer de Baal-zebub, dieu de Hékron ? Et pourtant, ainsi a dit l'Éternel: Tu ne descendras point du lit sur lequel tu es monté, mais certainement tu mourras. C'est dans la même vue que le prophète Isaïe introduit Dieu rendant raison de ses anciens oracles, en ces termes (Isaïe, 48, 3, 4, 5): J'ai déclaré depuis longtemps les choses précédentes, et elles sont sorties de ma bouche, et je les ai publiées; je les ai subitement faites, et elles sont arrivées. A cause que j'ai su que tu étais rebelle, et que ton cou était comme un barreau de fer, et que ton front était d'airain. Je l'ai déclaré ces choses-là dès-lors, et je te les ai fait entendre avant qu'elles arrivassent, de peur que tu ne dises: Mes faux dieux ont fait ces choses, et mon image taillée, et mon image de fonte les ont commandées.

Vous voyez maintenant ce que l'on doit penser de tous les anciens oracles qui se rapportent à l'état temporel des Juifs; vous voyez aussi d'où vient que cette espèce de prophétie a cessé dans l'Église chrétienne. L'Évangile n'est pas fondé sur des promesses temporelles; bien loin de là que nous sommes appelés à prendre notre croix, et à suivre Jésus-Christ. En nous donnant de meilleures espérances, cet Évangile a annulé les promesses de l'alliance mosaïque ; et il attend de nous qu'après les grandes lumières qu'il nous a communiquées, notre foi tiendra bon contre toutes les adversités de la vie, sans le secours d'un prophète qui nous prédise, ou nous révèle dans chaque événement le dessein de Dieu.

Ces prophéties qui sont relatives aux choses de ce monde, nous intéressent peu ; il y a plusieurs siècles qu'elles ont eu leur accomplissement dans des événements qui ne nous touchent point. Mais il y en a d'autres qui regardent le grand dépôt confié aux Juifs, les espérances mêmes de notre rédemption: celles-ci renferment une bénédiction commune à tous les peuples de la terre; par conséquent elles nous intéressent de fort près, et elles méritent que nous les examinions avec soin.

Discours vi.

ON RECHERCHE DANS CE DISCOURS, EN GÉNÉRAL, L'USAGE ET LES FINS DES PROPHÉTies qui se rapPORTENT A L'ALLIANCE SPIRITUELLE TRAITÉE AVEC ABRAHAM ET SA POSTÉRITÉ PAR ISAAC.

Les prophéties du vieux Testament, considérées en général, sont de deux sortes. Les unes se rapportent à l'état temporel des Juifs, et furent données à Abraham et à ses descendants naturels, pour l'administration et l'exécution de l'alliance temporelle de la part de Dieu; les autres sont relatives à cette grande et universelle bénédiction promise à Abraham et à sa race, quoiqu'elle ne leur fût pas restreinte, mais

Nous avons vu ci-devant, que les oracles de divers périodes que nous avons parcourus, répondaient à l'état de la religion dans le monde au temps qu'ils ont été publiés; d'où l'on peut très-bien présumer qu'il en a été de même sous la loi. Ainsi, pour exécuter notre dessein, il faut que nous considérions quel fut l'état de la religion durant cette économie; que nous examinions jusqu'où et pour quelles fins la prophétie était alors nécessaire; et que nous recherchions si les oracles donnés sous la loi ont effectivement rempli ces fins.

De l'état de la religion sous la loi.

Quant à l'état de la religion pendant l'économie Mosaïque, pour ne pas perdre le temps, je renverrai mes lecteurs aux livres de la Loi qui sont entre les mains de tout le monde. Mais on peut faire sur ce sujet deux questions, qu'il est nécessaire d'examiner à présent. Et d'abord la promesse faite à Abraham ayant deux parties, ou renfermant deux alliances distinctes, l'une relative à l'état temporel de sa postérité dans le pays de Chanaan, l'autre qui se rapporte à la bénédiction, qui par lui et par ses descendants devait être transmise à toutes les nations de la terre; il s'agit de savoir à laquelle de ces deux alliances la loi de Moïse appartient. Si cette loi fut donné en exécution de la promesse faite à toutes les nations, les nations n'ont plus rien à attendre; Dicu a dégagé sa parole, les Juifs ont raison de demeurer attachés à leur religion, et nous avons tort de la rejeter. Mais si l'économie Mosaïque n'est fondée que sur l'alliance temporelle, et si elle n'a été donnée proprement qu'aux Juifs, dans ce cas, et les Juifs et les Gentils ont encore quelque chose à espérer; ils peuvent s'attendre avec raison à voir l'accomplissement de la promesse de Dieu envers toutes les nations, laquelle n'avait point été exécutée par l'établissement de la loi.

Raisons qui prouvent que la loi avait été destinée aux seuls Juifs.

J'ai déjà remarqué ci-devant, que cette loi avait été donnée aux seuls Juifs, et non à toutes les nations; c'est ce qu'on peut faire voir par les raisons suivantes, entre autres.

I. Premièrement, l'obligation de quelque loi que ce soit ne s'étend pas au-delà des bornes de sa publication; or la loi de Moïse a été annoncée aux Juifs seulement. Elle commence par ces mots, Écoute, Is

raël; au lieu que si cile eût été destinée pour toutes les nations, elle aurait dû leur être manifestée à toutes, et commencer en ces termes : Écoutez, toutes les nations de la terre; c'est ainsi que la loi chrétienne a été publiée. Les apôtres reçurent de Jésus-Christ la commission expresse d'enseigner TOUTES LES NATIONS, et de les baptiser au nom du Père, et du Fils, et du S. Esprit; leur apprenant, ajoute ce divin Sauveur, à observer toutes les choses que je vous ai commandées. Et voici je suis TOUJOURS avec vous jusqu'à la fin du monde (Matth. 28, 19, 20); commission qui prouve manifestement, que la dispensation de l'Évangile s'étend à tous les lieux et à tous les temps, même jusqu'à la fin des siècles, et qu'on ne doit plus attendre de nouvelle loi.

II. En second lieu, la loi Mosaïque n'est relative qu'à l'alliance temporelle, comme étant expressément fondée sur les termes et les conditions de cette alliance. Les dix commandements tirent leur force de ce que Dieu les a retirés (les Juifs) du pays d'Egypte, de la maison de servitude; raison qui ne regardait que le seul peuple Juif; car toutes les autres nations n'avaient pas été retirées du pays d'Égypte, de la maison de servitude. La première menace de cette loi est temporelle, consistant en ce que Dieu punit l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et quatrième génération. La promesse qui suit, est de la même nature, c'est-à-dire, relative à l'alliance temporelle; comme aussi celle du cinquième commandement, afin que tes jours soient prolongés sur la terre que l'Éternel ton Dieu te donne.

III. En troisième lieu, la plupart des cérémonies et des observations du culte Mosaïque étaient restreintes au pays de Chanaan, et au temple de Jérusalem; de là vient aussi que les Juifs dispersés font profession de ne pas suivre la loi dans ces points, et prétendent qu'ils la violeraient, s'ils le faisaient. Or il est absurde de supposer que si cette loi avait été destinée pour toutes les nations, les principales pratiques qu'elle recommande eussent été restreintes au territoire d'un seul peuple particulier. Et c'est pour cela qu'à l'établissement du christianisme, tous les pays du monde sont devenus des lieux propres à servir Dieu; comme le marquent nettement ces paroles de Notre-Sauveur à la Samaritaine Femme, croyezmoi, le temps va venir que ce ne sera plus sur cette montagne, ni à Jérusalem que l'on adorera le Père (Jean, 4, 21).

Par conséquent cette lor n'appartient point à l'alliance

spirituelle, qui intéressait toutes les nations.

Cela étant ainsi, il est manifeste que la promesse d'une bénédiction commune à toutes les nations subşista dans toute sa force durant l'économic Mosaïque; car comme cette promesse n'avait pas été accomplie par l'établissement de la loi, qui ne regardait point toutes les nations, aussi ne pouvait-elle être annulée, ou négligée en vertu d'une loi particulière donnée à un seul peuvle. C'est là le vrai sens de ce raisonne

ment de S. Paul (Gal. 3. 17. Voici donc ce que je dis: c'est que la loi qui n'est venue que quatre cent trente ans après, n'a pu anéantir la promesse, en rendant nulle une alliance que Dieu avoit confirmée auparavant en Jésus-Christ.

De quel usage elle pouvait être pour l'établissement de 'Evangile, sous lequel la promesse faite à toutes les nations devait s'accomplir.

Une autre chose qu'il est à propos d'examiner par rapport à l'état de la religion sous l'économie Mosaïque, c'est jusqu'où cette économie pouvait frayer le chemin à la nouvelle dispensation, qui devait être révélée en temps convenable pour l'accomplissement de la promesse faite à tous les peuples de la terre. Pour résoudre cette question, je dis que si Abraham et sa postérité furent choisis, non pas simplement en considération d'eux-mêmes, ou par aucun esprit de prévention en leur faveur, mais afin qu'ils pussent être des instruments dans la main de Dieu pour l'exécution de ses grands desseins dans le monde; si l'alliance temporelle fut donnée à cause de l'alliance éternelle, et pour servir à son établissement; si cela est vrai, comme nous l'avons prouvé plus haut, il est très-probable que toutes les parties de la dispensation Judaïque furent accommodées à cette même fin, et que la loi qui était fondée sur l'alliance temporelle, euc pour but, comme cette alliance elle-même, de frayer le chemin à de meilleures promesses. Si cette supposition paraît en général raisonnable, nous sommes bien fondés à expliquer la loi, non pas simplement comme un précepte littéral par rapport aux Juifs, mais comme renfermant la figure et l'image des biens à venir. Il est difficile de s'imaginer que Dieu ayant résolu de sauver enfin le monde par Jésus-Christ et par la prédication de son Évangile, eût fait intervenir une loi qui n'eût aucun égard, aucun rapport à l'al liance éternelle qu'il voulait établir. Et certes quiconque se donnera la peine d'examiner sérieusement et d'une même vue toute la conduite de la Providence depuis le commencement jusqu'à la fin, apercevra peut-être plus de raison qu'il ne pense d'admettre des types et des figures dans la loi Mosaïque. Elle servait, par ses prophéties, à entretenir et à fortifier l'espérance des biens évangéliques.

Ainsi donc cette économie ne communiquant point à toutes les nations la bénédiction promise par Abraham et sa postérité, et ne servant qu'à entretenir et augmenter les espérances que la promesse de Dieu avait fait naître, à cet égard elle dépendait entièrement de la prophétie car l'attente d'un bien avenir de la part de Dieu ne peut avoir d'autre fondement réel. Tout autant donc que la loi contenait virtuellement les espérances évangéliques, tout autant étaitelle une véritable prophétie; et comme l'Église juive avait été établie pour conserver et dispenser ces espérances, la charge de prophète était en quelque manière nécessaire et essentielle à cette Église pour une telle fin.

L'alliance spirituelle fut restreinte à la tribu de Juda,

comme il parait par l'oracle de Jacob.

Nous avons déjà vu comment c'est que l'alliance de la bénédiction commune à tous les hommes fut établie avec Abraham, Isaac et Jacob. Dieu la restreignit bientôt après à la tribu de Juda, dans cette fameuse prophétie donnée par Jacob peu de temps avant sa mort: Le sceptre ne se départira point de Juda, ni le législateur d'entre ses pieds, jusqu'à ce que le Scilo vienne, et à lui appartient l'assemblée des peuples (Gen. 49, 10). Il y a tant de diverses explications de cette prophétie, dont les unes sont particulières aux Juifs, et les autres aux Chrétiens, et tant de difficultés à résoudre, quelque parti qu'on prenne, que je ne saurais les discuter à présent; mais si nous envisageons tout l'oracle sous un même point de vue par rapport à la tribu de Juda, nous y trouverons suffisamment de quoi répondre à notre but principal, sans entrer dans une matière si embarrassée. Juda, dit Jacob, quant à toi, tes frères te loueront; ta main sera sur le cou de tes ennemis : les enfants de ton père se prosterneront devant toi (v. 8). Ce fut dans des termes à peu près semblables, que la bénédiction particulière fut restreinte à Sem (ibid. 9, 27), Japheth habitera dans les tentes de Sem, et Chanaan lui sera serviteur. Et quand Jacob lui-même reçut comme en héritage de son père Isaac la bénédiction d'Abraham à l'exclusion de son frère Ésau, voici de quelle manière était exprimée cette prérogative (ibid. 27, 29): Que les peuples te servent et que les nations se prosternent devant toi; sois maître sur tes frères, et que les fils de ta mère se prosternent devant toi. Or Jacob se servant ici de ces mêmes paroles, ou d'autres qui emportent la même chose, on ne saurait s'imaginer qu'il donne à son fils Juda d'autre bénédiction que celle-là même qu'il avait reçue de son père dans les mêmes termes. Pouvait-il avoir oublié ce que signifiait cette bénédiction particulière, qu'il avait obtenue à l'exclusion d'Ésau? Ou pouvait-il employer

une forme de bénédiction si solennelle, dans un sens tout différent de celui qu'elle exprimait, quand son père s'en était servi à son égard? Les autres parties de cet oracle se rapportent, à mon avis, à la prospérité temporelle de Juda, et promettent que cette tribu subsisterait jusqu'à ce que la bénédiction d'Abraham fût venue, et fût communiquée à toutes les nations; mais je ne veux pas entrer dans cette grande contro

verse.

Et ensuite à la famille de David. Enfin la promesse particulière d'une bénédiction si générale fut restreinte à la famille de David; ce qu'on ne saurait révoquer en doute sans rejeter l'autorité de tous les prophètes, et qui est d'ailleurs si manifeste, qu'il n'a pas besoin de preuves. Cette promesse demeura renfermée dans cette famille, jusqu'à ce qu'elle s'accomplit en celui pour qui elle était réservée, et à qui elle était même due; en celui à qui le droit d'ainesse appartenait, qui était le permier né de toute créature, et touchant lequel l'Éternel avait dit

longtemps auparavant: Je le constituerai l'aîné et souverain sur les rois de la terre (Ps. 89, 29). C'est à lui que cette promesse se termine, et c'est en lui qu'elle doit demeurer jusqu'à l'accomplissement de toutes choses: car il faut qu'il.règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds, et que la mort ellemême soit engloutie en sa victoire (1 Cor. 15).

Les prophéties, qui se rapportaient à cette alliance, furent données, lorsque la religion avait le plus besoin d'appui; preuve évidente que leur grand but était de la soutenir.

C'est une chose bien digne de remarque, que les prophéties qui se rapportent à l'alliance spirituelle, furent données au peuple de Dieu, précisément dans le temps que la religion elle-même paraissait être expirante, et avoir besoin de tous les secours possibles pour se soutenir. Abraham reçut la promesse de la semence bénie, lorsqu'il eut été appelé de Dieu à abandonner sa patrie et la religion de ses pères. Isaac et Jacob furent soutenus par les mêmes espérances, au milieu de l'idolâtrie et de la corruption extrême qui régnaient dans le monde. Quand est-ce que la promesse du Messie fut attachée à la famille de Juda, et que le fameux oracle de la venue du Scilo fut donnée? Ce fut lorsque les Israélites se furent établis en Égypte, où ils étaient exposés en plusieurs manières à la tentation de suivre les dieux du pays. Dès que Dieu se manifesta d'une manière évidente et souvent miraculeuse, accomplissant envers les descendants d'Abraham les promesses de l'alliance temporelle, et que ce peuple n'eut pas besoin d'autre motif pour demeurer fortement attaché à son devoir, ou pour se garantir de l'idolâtrie des nations voisines, on ne vit que peu d'exemples de cette espèce d'oracle. Tant que cet Etre suprême fut le roi visible des Juifs, et qu'il dirigea toutes leurs affaires par le ministère de ses

prophètes, leur prospérité et leur adversité, qui étaient toujours proportionnées à leur obéissance ou à leur rébellion, suffisaient pour les attacher inviolablement à son service. C'est ce qui eut lieu depuis Moïse jusqu'à David, qui reçut tant pour lui que pour sa postérité la promesse de l'alliance éternelle, en récompense de sa constance et de sa foi en Dieu dans toutes les traverses qu'il eut à essuyer pour parvenir à la couronne qui lui était destinée. Mais quand les rois ses successeurs tombèrent dans l'idolâtrie, et que le peuple porté au mal suivit leur exemple, de manière que Dieu résolut de les chasser de devant sa face, et de les disperser parmi les nations idolâtres, dont ils avaient servi les dieux préférablement à l'Eternel, leur libérateur, alors pour l'amour d'un petit nombre de fidèles, la promesse des biens à venir fut renouvelée, afin que le juste pût vivre de sa foi, et qu'il y eût un résidu de sauvé. Le prophète Isaïe qui parle si clairement du règne de Jésus-Christ, commença à exercer son ministère peu de temps avant que les dix tribus fussent menées en captivité pour une punition de leur idolâtrie: le prophète Jérémic

vit transporter à Babylone les autres tribus, et Daniel ui-même se trouva du nombre des captifs. C'était là un temps où la vraie foi avait besoin d'être soutenue par l'espérance des biens évangéliques la face des affaires ne présentait rien que de ténébreux et d'obscur; la grande bonté du Seigneur avait disparu aux yeux de son peuple, et l'on ne voyait plus de toutes parts que des marques de son indignation et de sa colère. Ce fut aussi dans ce temps-là, que Dieu jugea à propos de donner des déclarations de son dessein touchant l'établissement du règne de justice, et plus claires et en plus grand nombre qu'on n'en avait encore eu, même depuis Adam : Ce fut alors que la semence dans laquelle toutes les nations devaient être bénies, fut décrite en termes manifestes; que le temps et le lieu de sa naissance furent marqués; que ses grandes œuvres et ses souffrances furent prédites : ce fut alors que Dieu fit clairement connaître à son peuple, qu'il devait s'attendre à une nouvelle alliance beaucoup meilleure que celle qu'il avait traitée avec leurs pères : ce fut alors en un mot que les yeux de tous les Juifs furent ouverts, pour regarder à la venue de celui qui devait être la gloire d'Israël, le désir de toutes les nations et une lumière pour éclairer les Gentils. Quand cet illustre événement eut été manifesté et placé dans un si grand jour, les oracles cessèrent, et le don même de prophétie disparut en peu d'années preuve évidente que l'esprit de prophétie est le témoignage de Jésus (Apoc. 19, 10), et que toutes les bénédictions et les promesses données à l'ancien peuple de Dieu devaient avoir leur plein accomplissement dans la manifestation de la semence bénie.

Ce fut en vertu de la promesse particulière faite à la tribu de Juda et pour frayer le chemin à une meilleure alliance, que cette tribu fut rétablie après la captivité de Babylone.

Les dix tribus qui furent transportées par le roi d'Assyrie ne se rétablirent jamais; au lieu que la tribu de Juda, après soixante et dix ans de captivité, retourna dans le pays de Chanaan, y érigea un nouveau temple, et continua à former une tribu et un peuple particulier jusqu'à la dernière destruction de Jérusalem par les Romains. Si vous croyez que tout cela soit arrivé au hasard, il est inutile de vous faire làdessus aucune question; mais si vous reconnaissez la main de Dieu dans ces événements, dites-moi, d'où vient cette distinction, cette préférence en faveur de la tribu de Juda? Lisez les propres prophètes de ce peuple et apprenez d'eux quel était son caractère; vous verrez qu'il n'y avait rien en lui, qui pût justifier cette prédilection de Dieu à son égard. Il était aussi corrompu qu'aucun de ses voisins; mais il avait un avantage particulier, il avait reçu une promesse qui n'avait été faite à aucune des dix tribus, savoir: Que le sceptre ne se départirait point de Juda..... jusqu'à ce que le Scilo fùt venu. Ce fut pour accomplir cette promesse, et en général toutes celles qui regargaient la semence bénie, que cette tribu fut préservée

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et subsista encore quelques siècles après la ruine entière des autres.

Il paraît par toutes les circonstances de l'état des Juifs après leur retour de la captivité, qu'ils ne furent rétablis que pour l'accomplissement des promesses de Dieu touchant une meilleure alliance. En effet ils ne jouirent plus des anciens priviléges du peuple d'Israēl; ils les avaient perdu par leur iniquité : leurs Urim et leurs Thummim disparurent pour toujours; et bientôt (ce qui intéressait de près la Providence) le don de prophétie cessa et Dieu ne se fit plus apercevoir comme auparavant dans l'administration de leurs affaires temporelles. Ils se virent souvent affligés de maux et quelquefois même à deux doigts de leur ruine; ils souffrirent dans toutes les révolutions de l'empire d'Orient, et furent, comme ils s'expriment eux-mêmes, esclaves au pays que Dieu avait donné à leurs pères (Neh. 9, 36). J'entre dans ce détail, pour vous faire comprendre d'une manière d'autant plus claire, comment et pourquoi les anciens oracles cessèrent quelques siècles avant la venue de JésusChrist. La prophétie chez les Juifs était relative aux deux alliances traitées avec Abraham; quand ce peuple eut perdu les bénédictions de l'alliance temporelle et que Dieu eut pleinement manifesté et préparé le chemin à l'établissement de l'alliance éternelle, il rappela ses ministres et ses ambassadeurs du service desquels il n'avait désormais plus à faire.

Il est certain que les oracles qui regardaient l'Évangile contribuaient efficacement à entretenir la piété et la religion parmi les Juifs.

Que les prophéties qui se rapportent à la seconde et meilleure alliance produisissent un effet convenable et fussent un sujet de consolation et de joie pour les gens de bien parmi les Israélites, c'est ce qu'on peut recueillir de quelques allusions aux opinions de ces temps-là, qu'on trouve dans les écrits des prophètes. Il paraft par ce reproche que fait Amos à ceux qui, quoique destitués de la crainte de Dieu, se promettaient d'avoir part à sa bénédiction (Amos. 5, 18): Malheur à vous qui désirez le jour de l'Éternel; de quoi vous servira le jour de l'Éternel? Ce sont des ténèbres; et non pas une lumière; il paraît par là, dis-je, que du temps de ce prophète, le peuple d'Israël avait une idée de quelque grande délivrance ou bénédiction qui était encore à venir. Comme il y en avait qui attendaient avec foi la consolation d'Israël, il s'en trouvait aussi d'autres qui se moquaient d'une telle attente; et c'est à ces derniers que le prophète Isaïe dit (v. 18, 29): Malheur à ceux qui tirent l'iniquité avec des câbles de vanité, et le péché comme avec des cordages de chariot: qui disent qu'il se hâte et qu'il fasse venir son œuvre bientôt, afin que nous la voyions; et que le conseil du Saint d'Israël s'approche et qu'il vienne, afin que nous le sachions. Les gens de bien, comme c'a toujours été leur sort, se voyaient poussés à bout et opprimés par ces profanes moqueurs ; mais le prophète les console en ces termes (ibid. 66): Ecoutez ce que dic l'Éternel, vous qui tremblez à sa parole. Vos frères qui

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