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leur sincérité. Jésus-Christ a de plus annoncé à saint Pierre la mort glorieuse qui devait terminer sa carrière (1). Il a prédit qu'un de ses disciples le trahirait, et il l'a désigné (2). Il a promis à ses disciples de faire descendre sur eux le Saint-Esprit (3), et nous avons vu l'effet miraculeux de cette promesse (4); Il a déclaré que ceux qui croiraient en lui opéreraient de grands miracles, et nous avons encore vu cette prédiction parfaitement réalisée (5). Enfin il a déclaré à ses apôtres les persécutions, les souffrances, la mort, auxquelles les a en effet dévoués leur ministère (6).

VII. J'ai, dans une précédente dissertation, rapporté diverses prophéties de notre Sauveur, sur l'établissement et la propagation de sa religion, et j'ai montré l'accomplissemont entier de ces oracles, soit dans le fait principal, soit dans ses diverses circonstances (7) je crois inutile d'y revenir.

VIII. Mais voici une autre prophétie de notre divin Sauveur, bien authentique, bien formelle, bien claire, bien circonstanciée, et qui seule suffirait pour former une démonstration complète de la divinité de sa mission: c'est celle qu'il a faite de la destruction de Jérusalem et de la ruine totale de la république judaïque. Cette prophétie est rapportée très en détail par

(1) Amen, amen dico tibi cùm esses junior cingebas te, et ambulabas ubi volebas; cùm autem seDueris, extendes manus tuas, et alius te cinget et ducet quò tu non vis. Hoc autem dixit, significans quâ morte clarificaturus esset Deum. Joan. 21, 18, 19.

(2) Edentibus illis dixit: Amen dico vobis, quia unus vestrum me traditurus est. Et contristati valdè cœperunt singuli dicere: Numquid ego sum, Domine? At ipse respondens, ait : Qui intingit mecum manum in paropside, hic me tradet... Respondens autem Judas qui tradidit eum, dixit: Numquid ego sum, Rabbi? Ait illi: Tu dixisti. Matth. 26, 21 et seq.; V. Marc. 14, 18 et seq.; Luc. 22, 21 et seq.; Joan. 13, 21 el seq.

(3) Ego rogabo patrem, et alium paracletum dabit vobis ut maneat vobiscum in æternum. Joan. 14, 16. Expedit vobis ut ego vadam. Si enim non abiero, paracletus non veniet ad vos ; si autem abiero, mittam eum ad vos...

Cùm autem venerit ille spiritus veritatis, docebit vos omnem veritatem.Ibid. 16, 7, 13; et alibi.

(4) V. Dissertation sur les miracles du christianisme, 2 partie, chap. 2, n. 2 et suiv.

(5) V. ibid., n. 1.

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(6) V. Dissertation sur la propagation de la religion, chap. 11, art. 6, n. 71, notes.

Futurum enim esse, dixit Christus, ut occideremur, et odio haberemus propter nomen ejus ac falsi prophetæ, et falsi Christi in nomine cjus multi prodirent, et plurimos seducerent, quod quidem evenit. S. Justinus, Dial. cum Tryphone, cap. 82.

Prædixit apostolis Christus Dominus certamina et pericula quæ habituri erant cum Judæis, et gentibus doctrinam inferrent. Ecce enim, ait illis, ego mitto vos sicut oves in medio luporum, etc. Hæc autem singula, ô amici, reipsà cernimus evenisse, cum his enim periculis et apostoli lucem orbi terrarum attulerunt, et illorum successores religionem ab eis acceptam censervârunt. Cujus rei fidem faciunt sepulcra martyrum quæ ubiquè terrâ marique resplendent, veritatemque prædicant divinarum prædictionum. Theodoretus, sermo 11, de Fine et Judicio.

(7) V. la Dissertat. sur la propagation de la religion, chap. 2, art. 6, n. 71 et suiv.

trois évangélistes, saint Matthieu, saint Marc et saint Luc (1).

IX. J'observe d'abord que ces trois évangélistes ont publié leur récit avant l'événement. Saint Jean, qui n'a écrit son Evangile que depuis la ruine de Jérusalem,ne rapporte pas cette prophétie,parce qu'elle n'aurait plus eu dans sa bouche la même force. Mais, produite par les trois autres, elle forme une preuve démonstrative (2). Elle ne peut avoir été adaptée à l'événement soit par Jésus-Christ, soit par ses évangélistes, puisque, lorsqu'elle a été faite et lorsqu'elle a été publiée, non seulement elle n'était pas accomplic, mais son accomplissement était éloigné de toute vraisemblance les Juifs soumis aux Romains, ne songeaient pas à se révolter; et les Romains, de leur côté, laissant les Juifs vivre selon leurs lois, et suivre leur religion, ne cherchaicnt pas à les inquiéter. Aucune lumière naturelle ne pouvait faire prévoir un si terrible événement, aucune cause alors connue ne paraissait devoir l'amener. Mais surtout, à moins d'être éclairé d'une lumière surnaturelle, il était impossible d'apercevoir tous les détails très-multipliés, toutes les circonstances diverses que Jésus-Christ annonce. L'accomplissement ne peut pas plus être révoqué en doute que la prédiction: il est raconté, et toutes les particularités, même les plus minutieuses, prédites par Jésus-Christ, sont rapportées par Josèphe, prêtre juif, et par Suétone et Tacite, historiens païens très-opposés au christianisme. Il ne s'agit donc que de comparer leurs narrations aux prédictions le rapport des unes et des autres est évidemment convaincant.

Nous pouvons encore produire une autre preuve que cette prophétie de notre Seigneur était connue avant le temps où elle s'est effectuée : c'est la conduite des chrétiens au moment où éclata la guerre entre les Romains et les Juifs. Ils ne restèrent pas dans la Judée, mais ils se retirèrent avec saint Siméon, leur évêque, dans la ville de Pella, au-delà du Jourdain, et hors du théâtre des combats, et cela d'après ce que leur avait annoncé leur divin maître, et selon l'ordre qu'il en avait donné (3).

X. Il y a dans les discours de Jésus-Christ sur la ruine de Jérusalem, presque autant de prophéties que de paroles. Pour mettre de l'ordre dans la discussion, présentons d'abord les circonstances qui, selon lui, devaient précéder la destruction de cette

(1) Matth. 14, 1 et seq.; Marc. 13, 1 et seq.; Luc. 19,; 41 et seq.; 21, 5 ct seq.

(2) Tu verò mihi spiritus dispensationem consideres velim. Nihil horum scripsit Joannes, ne videretur ex eventu ipso hæc scripsisse; nam ad multum ab excidio jerosolymitano tempus vitam produxit. Sed ii qui ante illud excidium mortui nihil horum viderunt, hæc describunt, ut prædictionis vis undiquè fulgeat. S. Joan. Chrysost. in Matth., homil. 76, n. 2.

(3) Cùm autem videritis circumeari ab exercitu Jerusalem, tunc scitote quia appropinquavit desolatio ejus. Tunc qui in Judæå sunt, fugiant ad montes, et qui in medio ejus, discedant; et qui in regionibus, non intrent in eam. Luc. 21, 20, 21; V. Matth. 24, 15 et seg.: Marc. 13. 14 et seq.

ville; nous examinerons ensuite celles qui devaient l'accompagner.

On peut rapporter à cinq chefs principaux les circonstances que Jésus-Christ déclare devoir précéder la ruine des Juifs et en être les avant-coureurs.

1° Il viendra de faux prophètes et des imposteurs (1). S'il eût été commun alors, comme il l'avait été dans le temps des royaumes de Juda et d'Israël, de voir se présenter des faux prophètes, on pourrait prétendre que cette prédiction était de l'ordre naturel : mais depuis la captivité de Babylone on n'avait pas vu de faux prophètes; comment donc pourraiton deviner qu'il en surviendrait précisément dans ces temps-là? Il en parut cependant plusieurs, conformément à la prophétie du Seigneur: Simon le magicien (2), Elymas (3), un Egyptien dont il est parlé aux Actes des apôtres et dans l'histoire de Joséphe (4); Dosithée (5). On peut joindre à ceux-là Apollonius de Thyane, contemporain du siége de Jérusalem. Et peut-être y en eut-il encore d'autres dont l'histoire ne fait pas mention.

2o Il y aura des guerres et des combats; la nation s'élèvera contre la nation, le royaume contre le royaume (6). D'après cet oracle, l'empire romain fut troublé par des guerres intestines très-violentes. Tout l'intervalle depuis la mort de Néron jusqu'à la prise de Jérusalem, ne fut qu'une suite de guerres civiles entre Othon, Vitellius et Vespasien. Josèphe rapporte aussi des séditions et des révoltes arrivées en divers pays, à Césarée, à Scythopolis, à Ptolémaïde; à Tyr, à Gardare, à Damas, à Alexandrie.

3o Il surviendra des famines, des pestes, des trem blements de terre (7). Et on voit en effet, dans l'intervalle entre la prédiction et l'accomplissement, des malheurs devenus fréquents. Sous l'empire de Claude, il y eut deux famines, dont Dion, Tacite et Suétone parlent avec détail. La Judée n'en fut pas exempte, et Josèphe en raconte une (8), qui est, à ce qu'on croit, la même qu'Agabus avait prédite, et dont il est parlé aux Actes des apôtres (9) et dans Eusèbe (10). Suétone rapporte qu'une peste désola la ville de Rome, la onzième année du règne de Néron; et Tacite parle d'une autre qui dévasta la Campanie. Selon Josèphe, il y en eut aussi une violente à Jérusalem (11). Quant aux tremblements de terre, Pline, Tacite, Strabon,

(1) Et multi pseudo-prophetæ surgent, et seducent multos. Matth. 24, 11; V. Marc. 13, 6. (2) V. Act. 8, 9, 10.

(3) V. Act. 13, 6.

(4) V. Act. 21, 38; Joseph, Antiq. jud., liv. 20, chap. 2; et Guerre des Juifs, liv. 2, chap. 23.

(5) V. Origenes contra Celsum; lib. 1, n. 17. (6) Audituri enim estis prælia, et opiniones præliorum... Consurget enim gens contra gentem, et regnum in regnum. Matth. 24, 6, 7; V. Marc. 13, 8: Luc. 21, 11.

(7) Et erunt pestilentiæ, et fames, et terræ motus per loca. Matth. 24, 7; V. Marc. 13, 8; Luc. 21, 11. (8) Antiq. jud., liv. 20, chap. 3.

(9) Act. 11, 28.

(10) Eusebius, list. eccles., lib. 2, cap. 8. (11) Guerre des Juifs, liv. et 6, chap. 45.

font mention de beaucoup de villes renversées par ce fléau dans l'Asie, la Sicile, la Calabre, la Campanie, le Pont, la Macédoine, l'Achaïe.

4o A ces fléaux de la terre, Jésus-Christ ajoute des choses épouvantables et des signes qui paraîtront dans le ciel (1). Cette prédiction qui ne pouvait être faite avec vérité que par le pouvoir suprême, seul capable de la réaliser, s'est accomplie littéralement de même que les autres. Il est impossible d'en douter en voyant l'accord parfait sur ces faits de deux historiens différents entre eux de préjugés, et opposés au christianisme: ce sont Tacite et Josèphe. Ils rapportent qu'avant le siége de Jérusalem on vit des prodiges frappants: des armées parurent se répandre dans les airs; une lumière soudaine au milieu de la nuit environna le temple et l'autel; les portes du temple, qui étaient d'airain, et que vingt hommes pouvaient à peine remuer, s'ouvrirent d'elles-mêmes; une voix forte sortit du sanctuaire, répétant à plusieurs reprises: Sortons d'ici (2)!

5o Enfin une autre prédiction du Sauveur est qu'alors, ou, comme le dit saint Luc, avant que les autres maux n'arrivent, les apôtres seront livrés, seront tourmentés, seront mis à mort, seront haïs de toutes les nations à cause de leur maître (3). L'accomplissement fidèle de cette prédiction se voit dans les Actes des apôtres et dans leurs épîtres. Du jour où ils commencent à prêcher la foi, jusqu'à celui où ils la scellent de leur sang, toute leur vie n'est qu'une suite de traverses, de persécutions et de supplices.

Mais ce ne sont pas là tous les fléaux: ce n'est, dit Jésus-Christ, que le commencement des douleurs (4).

(1) Terroresque de cœlo, signa magna erunt. Luc. 21, 11.

(2) Evenerunt prodigia quæ neque hostiis, neque votis piare fas habet gens superstitioni obnoxia. Visæ per cœlum concurrere acies, rutilantia arma; et subitò nubium igni collucere templum, expansæ delubri fores, et audita major humana vox, excedere Deos. Tacitus, Hist., lib. 5, cap. 13.

Avant que la guerre fut commencée, le peuple s'étant assemblé le huitième du mois d'avril pour célébrer la fête de Pâques, on vit en la neuvième heure de la nuit, durant une demi-heure, à l'entour de l'autel et du temple, une si grande lumière, qu'on aurait cru qu'il était jour. Environ la sixième heure de la nuit, la porte du temple qui regardait l'orient, qui était d'airain, et si pesante que vingt hommes pouvaient à peine la pousser, s'ouvrit d'elle-même, quoiqu'elle fût fermée avec de grosses serrures, des barres de fer, et des verrouils qui entraient bien avant dans le seuil, fait d'une seule pierre... Avant le lever du soleil, on aperçut en l'air, dans toute cette contrée, des chariots pleins de geus armés traverser les rues, el se répandre à l'entour des villes, comme pour les renfermer le jour de la fête de la Pentecôte. Les sacrificateurs étant la nuit dans le temple intérieur pour célébrer le divin service, entendirent du bruit; et aussitôt après une voix, qui répéta par plusieurs fois: Sortons d'ici: Josèphe, Guerre des Juifs, liv. 6, chap. 51.

(5) Tunc tradent vos m tribulationem, et occident vos; et eritis odio omnibus gentibus propter nomen meum. Matth. 24, 9; Marc. 13, et seq.; Luc. 21, 12 et seq.

(4) Hæc autem omnia initia sunt dolorum. Matth. 24, 8, V. Marc. 13. 8: Luc. 21. 9.

De plus grands malheurs vont fondre sur Jérusalem. Le divin Sauveur les prédit; il particularise les circonstances de la ruine de cette ville avec une telle exactitude, que l'historien qui les a racontées dans le plus grand détail paraît n'avoir fait que répéter ce qu'il avait annoncé.

D'abord l'abomination de la désolation, prédite autrefois par Daniel, doit être dans le lieu saint (1). Jésus-Christ, par ces paroles, lie sa prophétie à celle de Daniel, que nous avons rapportée (2). Il montre que le temps est arrivé où elle va s'effectuer. Il est clair que c'est dans la même source que l'un et l'autre ont puisé la connaissance de cette particularité ; et comme, soit à l'une, soit à l'autre époque, elle était imprévoyable à toute la sagacité humaine, ce ne peut être que de Dieu que, soit Jésus-Christ, soit Daniel, l'aient reçue. Nous voyons cette abomination de la désolation dans le lieu saint, ainsi deux fois prédite, effectuée de plusieurs manières, soit par les idoles et les images des faux dieux, qu'y apportèrent les Romains, soit surtout par les meurtres, les sacriléges, les impiétés de tout genre qu'y commirent les Juifs euxmêmes, et avant et pendant le siége.

Une circonstance annoncée par le Sauveur, est que Jérusalem sera environnée de tranchées (3): ce fut le inoyen qu'employa Tite pour l'empêcher de recevoir aucun secours, et pour l'attaquer à la fois de plusieurs côtés. Il éleva aussi autour de la ville treize forts, pour réussir plus sûrement à la réduire.

Jésus-Christ prédit non-seulement la prise de Jérusalem, mais sa destruction totale. Les nations doivent la fouler aux pieds; il ne restera plus pierre sur pierre, ni de la ville ni du temple (4). Nous voyons dans Josèphe toutes ces circonstances littéralement réalisées. La ville fut prise, saccagée, réduite en cendres, et tellement détruite qu'il ne parut plus aucune marque qu'il y eût eu des habitants (5). Eusèbe de Césarée, qui vivait environ deux siècles après, raconte qu'il a vu de ses propres yeux la charrue des Romains labourer le sol où avait existé Jérusalem (6).

(1) Cùm ergo videritis abominationem desolationis, que dicta est à Daniele prophetâ, stantem in loco sancto, qui legit intelligat. Matth. 21, 15; Marc. 13, 14; Eusebius, list. eccl., lib. 3, cap. 5.

Voyez page 106.

(5) Venient dies in te; et circumdabunt te inimici tui vallo, et circumdabunt te, et coangustabunt te undiquè. Luc. 19, 43.

(4) Amen dico vobis: Non relinquetur hic lapis super lapidem qui non destruatur. Matth. 24, 2; Marc. 15, 2; Luc. 21, 6.

Et ad terram prosternent te; et filios tuos qui in te sunt; et non relinquent in te lapidem super lapidem. Luc. 19, 44.

Jerusalem calcabitur à gentibus, donec impleantur tempora nationum. Luc. 21, 24.

(5) Josephe, Guerre des Juifs, liv. 7, chap. 1. (6) Quòd si quicquam nostra historia valet, nostris ipsorum temporibus illam antiquitùs celebratam Sion junctis bobus à romanis viris arari, nostris oculis inspeximus; et ipsam Jerusalem, quemadmodùm ipsum hoc sit oraculum, instar pomorum custodia desertæ, ad extremam redactam solitudinem. Eusebius, Demonst, evang., lib. 5, cap. 15.

Quant au temple, Tite désirait ardemment conserver ce superbe édifice; mais tous ses efforts furent inutiles, et il fut entièrement, malgré lui, consumé par les flammes (1).

Jésus-Christ avait annoncé que les habitants de Jérusalem seraient passés au fil de l'épée, et eminenés en esclavage dans toutes les nations (2). L'accomplissement de cet oracle est encore certain. Josèphe fait monter à onze cent mille le nombre des Juifs à qui cette guerre coûta la vie, et à quatre-vingt-dix-sept mille ceux qui furent pris et vendus comme esclaves (3).

En un mot, selon la parole du divin Sauveur, la calamité de ce malheureux pays devait être telle, qu'on n'en avait pas vu une pareille depuis le commencement du monde (4); et Josèphe employant, sans le vouloir et sans le savoir, les expressions de cette prophétie, dit qu'il ne croit pas que depuis la création du monde on ait vu nulle autre ville tant souffrir (5).

Jésus-Christ avait prédit jusqu'au temps où devaient s'effectuer ces désastres: c'était pendant la durée de la génération à laquelle il parlait (6). Et ce fut en effet trente-six ou trente-sept ans après sa prédiction qu'elle s'accomplit aussi entièrement.

XI. Je le demande avec confiance aux incrédules et aux Juifs les plus obstinés dans leur opinion: quelle prophétie plus convaincante pourraient-ils exiger pour reconnaître dans Jésus-Christ l'envoyé de Dieu? Pourraient-ils s'en figurer une plus positive, plus claire, plus détaillée, et qui se soit plus exactement accomplie jusques dans ses circonstances les plus minutieuses? Les saints Pères, qui présentaient aux incrédules de leur temps, et aux ennemis de la religion de toute classe, cette prophétie, ou plutôt cette collection de prophéties, n'avaient-ils pas raison de la regarder comme une démonstration évidente de la vérité du christianisme (7)?

(1) Josèphe, Guerre des Juifs, liv. 6, chap. 26. (2) Et cadent in ore gladii, et captivi ducentur in omnes gentes. Luc. 21, 26.

(3) Guerre des Juifs, liv. 6, chap. 45.

(4) Erit autem tribulatio magna, qualis non fuit ab initio mundi usque modò, neque fiet. Matth. 24, 21; Marc. 13, 19.

(5) Guerre des Juifs, liv. 5, chap. 27.

(6) Amen dico vobis: Quia non præteribit generatio hæc, donec omnia hæc fiant. Matth. 21,35; Marc. 13, 30; Luc. 21, 32.

(7) Et hoc vaticinium, quod nunc dicturus sum, idoneum est ad dictorum vim et veritatem commonstrandam. Quodnam est illud vaticinium? Cùm ingressus aliquando esset in templum judaicum, tune florens, auro fulgens, necnon pulchritudine, magnitudineque ædificiorum, aliâ quoque instructum omni artificii, materiæque varietate, mirantibus discipulis quid dixit? Nonne creditis hæc omnia? Amen dico vobis: Non manebit lapis super lapidem; ejus destructionem futuram declarans, desolationem, vastitatem, ruinam, quæ nunc Jerosolymis est. Omnia enim ædificia illa præclara conspicuaque diruta sunt. S. Joannes Chrysost. contra Judæos, quòd Christus sit Deus, n. 16.

Quando celeberrimum illud templum, et famigera

XII. On propose cependant contre cette prophétie une objection tirée de la prophétie même. A la prédiction de la ruine de Jérusalem, Jésus-Christ joint immédiatement, et comme un événement qui est très près de celui-là, l'annonce de la fin du monde et du jugement dernier : Aussitôt après la tribulation de ces jours, le soleil-sera obscurci, la lune ne répandra plus sa lumière, et les vertus des cieux seront ébranlées. Et alors apparaitra dans le ciel le signe du Fils de l'homme; et alors pleureront toutes les tribus de la terre. Et on verra le Fils de l'homme venant dans les nuées du ciel, avec une grande force et une grande majesté. Et il enverra ses anges, qui feront entendre la voix éclatante de leurs trompettes, et qui rassembleront ses élus des quatre parties du monde, depuis une extrémité du ciel jusqu'à l'autre (1).

XIII. Les interprètes sont partagés sur l'explication de cette partie de la prophétie : les uns l'entendent dans le sens naturel, et pensent qu'en effet c'est du jugement dernier que parle Jésus-Christ dans ses dernières paroles; les autres prennent cette partie du discours dans un sens métaphorique, et croient que le Sauveur continue de parler, mais en termes figurés, de la désolation des Juifs.

Les premiers observent que ce texte, relatif au second avénement de Jésus-Christ et à son jugement universel, ne suit pas immédiatement ce qu'il a dit de la ruine de Jérusalem; mais qu'après avoir prédit

tissimam Judæorum metropolim, quæ multis in bellis absque sanguine victrix olim extitit, ignis romanus ad terram declinavit, quòd in ipsâ contra Christum infanda illa fuerint perpetrata, tunc sanè et ipsi per totum orbem terrarum, instar mancipiorum, dispersi sunt. Cùm enim eos ipse qui injuriâ tam enormi affectus fuerat tollere de medio potuisset, multis de causis id non fecit. Primò quidem tempus ipsis concedens ad pœnitentiam agendam; deinde verò ut et prædictiones ipsius viderent in opus productas. Alia enim erat: Ecce relinquetur domus vestra deserta. Alia erat hæc: Non manebit lapis super lapidem qui non destruatur. S. Isidorus Pelusiota, lib. 4, epist. 74.

Hierosolymæ urbis obsidionem Christus eversionemque prædixit; templumque illud celeberrimum funditus evertendum; Judæos etiam, qui ipsum crucifixuri erant, extorres toto orbe dispergendos. Videamus igitur an hæc prædictio ad eventum pervenerit; at de Judæis quidem vos dubitaturos non puto. Ab illà enim urbe expulsi sunt et terrarum omnium facti inquilini. Templi verò solitudinem, et à fundamentis eversionem, qui ipsi vidistis, confitemini, reliqui verò narrantibus credite. Ego enim hisce oculis vidi solitudinem illam, et prædictionem quam auditu acceperam, oculis sum intuitus, veritatemque laudavi et adoravi; veritatem ergo prædictionis hujus res ipsæ clarissima voce testantur. Theodoretus, serm. 11 de Judicio et Fine.

(1) Statim autem post tribulationem dierum illorum sol obscurabitur, et luna non dabit lumen suum; et stellæ cadent de colo; et virtutes cœlorum commovebuntur. Et tunc parebit signum filii hominis in cœlo; et tunc plangent omnes tribus terræ; et videbunt filium hominis venientem in nubibus cœli cum virtute multâ et majestate. Et mittet angelos suos cum tubå et voce magnâ ; et congregabunt electos ejus à quatuor ventis, à summis cœlorum usque ad terminos eorum. Matth. 24, 29, 30, 31; Marc. 13, 24 et seq.; Luc. 21,

25 el sea.

cette dévastation il passe à une autre prédiction, et annonce les faux christs, les faux prophètes, qui séduiront même les élus, s'il était possible, et il défend de les suivre (1). Ces faux christs, ces faux prophètes, sont tous les chefs de sectes qui s'élèveront dans le cours des siècles, et qui désoleront l'Eglise. C'est à la suite de cette prophétie que vient celle du jugement dernier qu'on nous objecte. Ainsi ces paroles, aussitôt après, ne signifient pas, dans le discours du Sauveur, que le jugement dernier arrivera immédiatement après la dévastation de la Judée; le sens est que ce sera après que les hérésies, les schismes, toutes les diverses sectes auront exercé leurs ravages. Dès lors l'objection tombe. Jésus-Christ, dans toute la suite de son discours, prédit divers malheurs qui doivent arriver après lui: 1o Les faux messies qui vont s'élever; 2o les guerres, les famines, les pestes, les tremblements de terre qui ne tarderont pas à désoler le monde; 3o les persécutions qui bientôt tourmenteront ses disciples; 4o l'abomination de la désolation dans le lieu saint, qui précèdera la ruine de Jérusalem; 5o la destruction de cette ville, de son temple, de la république des Juifs; 6o les sectes de tout genre qui combattront l'Eglise jusqu'à la fin des temps; 7° ce qui sera la fin de tout l'ordre actuel son second avénement pour juger le monde.

Ceux qui entendent les paroles objectées dans un sens figuré disent que l'arrivée du Fils de l'homme annonce le moment où il sera reconnu pour le Messie, que sa venue dans les nuées signifie sa manifestation universelle, d'une manière miraculeuse, par la réception de son Evangile dans tout le monde. Selon eux, les prophètes, par le soleil, la lune, les étoiles, les forces du ciel, entendent les rois, les princes, les armées. Ils citent plusieurs exemples de semblables métaphores dans les écrits prophétiques, et ils disent que les Juifs, accoutumés à ce langage, le comprenaient parfaitement. Il est clair que dans cette seconde explication il n'y a pas d'objection: JésusChrist continuant de parler du même objet dans les deux parties de son discours, il ne peut pas y avoir d'opposition entre l'une et l'autre.

Comme il ne s'agit ici que de résoudre une difficulté des incrédules, je crois inutile de prendre un parti entre ces deux opinions: l'une et l'autre interprétation est en elle-même admissible; l'une et l'autre répond d'une manière satisfaisante à l'objection : en conséquence, on peut choisir entre elles celle qui paraîtra la plus vraisemblable.

XIV. Parvenu au terme de cette longue dissertation, je me retourne pour jeter un coup-d'oeil sur la carrière que j'ai fournie; et ce que j'ai parcouru en

(1) Tunc si quis vobis dixerit : Ecce hic est Christus, aut illic, nolite credere; surgent enim pseudochristi et pseudo-prophetæ ; et dabunt signa magna et prodigia, ita ut in errorem inducantur, si fieri potest, etiam electi. Ecce prædixi vobis: si ergo dixerint vobis, ecce in deserto est, nolite exire; ecce in penctralibus, nolite credere. Matth. 24, 23 et seq.; Marc. 13, 21 et seq.

détail, je le contemple dans son ensemble. Je vois Jésus-Christ élevé entre l'ancienne et la nouvelle loi, prophétisé dans l'une, prophétisant dans l'autre, objet des siècles passés, père des siècles futurs (1). Les temps qui l'ont précédé se sont succédé pour le proclamer par leurs prédictions; ceux qui le suivent s'écoulent pour accomplir les siennes. Il fut annoncé dès la création du monde, il en a annoncé jusqu'à la destruction. Placé au milieu de la sphère religieuse, ce soleil de vérité est tout à la fois le foyer de lumière qui l'éclaire et la vivifie tout entière, et le centre commun qui attire tout à lui, et auquel toutes les parties tendent et viennent aboutir. Tout ce que nous voyons dispersé dans le long cours des âges se réunit dans sa personne: pour le préparer ou pour l'adorer, se sont formés et détruits les empires; depuis nos premiers parents jusqu'à nos derniers neveux, toutes les générations qui se sont successivement remplacées sur la terre, ont été, sont et seront soumises à sa loi : c'était sa loi qu'Adam recevait dans le paradis terrestre, sa loi que Dieu dictait aux patriarches, sa loi (1) Pater futuri seculi. Is. 9, 6.

que Moise publiait au pied du mont Sinaï, comme c'est sa loi que nous nous glorifions de suivre. Espéré ou reçu, attendu ou reconnu, c'est toujours lui qui est l'objet des vœux de tous les justes. Le christianisme est constamment la seule vraie religion de la terre. Ennemis de cette religion universelle, de quelque classe que vous soyez, nous vous invitons à la contemplation de ce magnifique spectacle: considérez cette identité de religion dans tous les temps. fixez vos regards sur le dogme fondamental de la for au Rédempteur, traversant majestueusement et sans altération toute l'étendue des siècles, depuis celui où les siècles naquirent avec le monde, jusqu'à celui où le monde et les siècles périront; embrassez dans un coup d'œil l'ensemble des prophéties et des histoires; saisissez le rapport des unes et des autres; voyez dans les prophètes les précurseurs des historiens, dans les historiens les échos des prophètes, et dans JésusChrist le lien qui les rapproche, les unit et les resserre en voyant clairement quel est le but de tous les événements, vous obstinerez-vous encore à n'en pas reconnaître l'auteur?

LEFRANC DE POMPIGNAN VITA.

LEFRANC (Joannes Georgius), marchio DE FOMPIGNAN, celeberrimi poetæ frater, est oriundus è MonteAlbano, 22 februarii.1715, nobilissimâ stirpe, in primis magistratus muneribus jamdudùm versatâ. Anicii episcopus anno 1743, dein Vienna archiepiscopus electus anno 1774, obiit Lutetiæ Parisiorum, die 30 decembris 1790. Vir Ecclesiæ defensor fervidus, Galliæ decus, virtutum scriptorumque famâ ac laude inclaruit, philosophiæ recentioris debellator acerrimus, sophisticæque gentis felix formidandusque in

sectator.

Multa edidit opera, inter quæ sunt : Quæstiones, variæ de incredulitate; luculenter scriptum opus quæstiones quinque rimatur : 1o An sint increduli multi; 2o quis sit fons incredulitatis; 3° an increduli impavido fruantur ingenio; 4o an incredulitas cum probitate possit sociari; 5o an incredulitas reipublicæ noceat. Incredulitas per prophetias debellata, opus quod nunc denuò typis mandamus; Religionis ultrix adversùs incredulitatem ipsa incredulitas, ubi nova molientes cum nova tentantibus confert et committit, discordiisque propriis attritos humi relinquit, intacto salvoque religionis splendore. Devotio cum ingenio conciliata, ubi optimè pietatem cum litterarum scientiarumque cultu, reipublicæ negotiorumque gestione et studio quadrare ostendit. De recto auctorita

tis temporalis usu in his quæ ad religionem spectant, ubi utriusque potestatis terminos circumscribit. Instructio pastoralis ad incredulos; Codex criminum, Dictionarium antiquitatum; Elementa historiæ Romanæ; Historia Drusarum, gentis Albanicæ; Vita Mæcenatis. Scripta sunt omnia hæc, dùm episcopatum Anicii occuparet. Paululùm à principiis suis descivisse visus est, cùm in Conventu nationali partes non obscuras suscepit, fidens nimis, et quò tenderet ignarus. Mansuetudine ingenitâ deceptus, auspicaciùs de aliis sentiens, molliores animos ingruenti tempestati opposuit, clam et occulto luctu, quæ corripere palam non erat ausus, deplorans, interno dolore absumptus peresusque occubuit. Illi præ cæteris exprobratur occultata summi pontificis epistola, in quâ ei papa quid de Constitutione civili foret sentiendum explanabat. Talem sub modio recondens lucem, quot socios in errorem dilabi permisit, pontificia sententiæ inscios, silentiumque pro assensu interpretatos! Quæ scribendo sparserat, tacendo semina obtrivit. Quid misericordiæ Judex supremus in virum Religionis studiosissimum, sed procellarum fluctu jactatum, formidinis intemperantiâ raptum, luctu enervi quidem, sed sincero assumptum, conferre potuerit, nescimus, Deus ipso

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S. S. XVIII.

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