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sens de la loi citée, et de l'inconséquence des reproches adressés au législateur. « Lorsqu'Amatsia se fut affermi sur le trône, il fit mourir les meurtriers de son père, mais il ne fit pas mourir leurs enfans; attendu qu'il est expressément écrit au livre de la loi de Moïse, que Jéhovah a commandé qu'on ne punirait pas les pères pour les enfans, ni les enfans pour les pères, mais que chacun supporterait le poids de sa propre faute * ». Dans le même esprit, la miséricorde, après mille générations, signifie que le peuple ou l'homme, quels que soient les maux auxquels ses erreurs l'auront condamné, renaîtra toujours au bonheur, dès qu'il sera rentré dans le sentier de la sagesse.

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Après ces choses, le Décalogue prescrit de respecter le nom sacré de Jéhovah, non-seulement, comme on a coutume de le dire, pour que les citoyens s'abstiennent de l'invoquer

* II. Rois. xiv, 16. Dans le récit de la punition d'Hacan, sous Josué, il faut observer que ces mots, alors la colère de Dieu s'embrasa et Hacan ne mourut pas seul pour son iniquité, ne s'appliquant en aucune manière à sa famille, mais aux guerriers morts dans le combat dont le mauvais succès fut attribué à la violation, par Hacan, de la discipline jurée. Il ne peut s'élever aucun doute sur ce point le texte est précis. De même il indique très-bien que Hacan subit seul le châtiment judiciaire: « Et tout Israël le lapida, et on brûla les choses qu'il avait dérobées, et on les couvrit de pierres, et on éleva sur lui un grand tas de pierrres. » ( Josué, 20. vII, 25, 26. ) Je parlerai plus loin de la mort de Coré, qui fut ane lutte politique.

XXII,

à l'appui d'un faux serment, mais dans le même sens que les moralistes de nos jours pourraient recommander de ne pas prononcer avec témérité certains mots qui renferment de généreuses pensées et que l'ambition personnelle détourne trop souvent à son avantage. Tu ne prononceras pas EN VAIN (c'est-à-dire avec imprudence, par orgueil, dans un intérêt personnel, comme on le verra mieux quand il s'agira des lois qui mettent ce précepte en action) le nom de Jéhovah, ton Dieu; car il ne tiendra pas pour innocent celui qui aura pris son nom en vain.

La deuxième série des préceptes du Décalogue traite de l'institution du jour de repos, appelé sabbath, de la racine hébraïque chabat,

se reposer.

Dans ses élégies touchantes sur les malheurs de son pays, Jérémie s'écriait : « Nos ennemis, tressaillent de joie en nous voyant abattus..... et ils tournent en dérision nos jours de sabbath ".» Au premier aspect, en effet, cette institution semble des plus bizarres : il n'en est pas ainsi dès qu'on connaît sa nature et son but.

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Après s'être occupés pendant six jours de leurs affaires privées, les Hébreux consacrent le septième, non pas à un repos stérile, mais au Dieu de la patrie; ce qui veut dire qu'ils

ramènent leur pensée vers les principes, les lois et le bien commun.

C'est en ce jour que l'assemblée publique se forme devant la principale porte de toutes les villes de l'État *; là on lit, on explique les lois, on s'entretient des intérêts de ces villes, de la tribu, de tout le pays, et on prête une oreille attentive aux hommes doués de sagesse et d'éloquence, qui prêchent avec d'autant plus de ferveur contre tous les genres d'abus, que le droit de la parole était illimité; et que la vraie manière de vivre noblement, pour me servir des expressions d'un auteur religieux, consistait à conserver soigneusement sa liberté, à n'être sujet qu'aux lois et à la puissance publique 23.

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Les femmes, dont l'influence est si grande sur les mœurs des citoyens, et les enfans euxmêmes assistaient à ces réunions de chaque semaine, pour se pénétrer de bonne heure de l'esprit national. De là l'ordre qui fut donné sous le climat chaud de la Syrie, de ne pas allumer en ce jour le feu dans l'intérieur des demeures, afin que les femmes, ayant préparé

* Les mots synagogue et église sont dérivés du grec et signifient également assemblée. Mais on sait que celle-ci s'occupe des intérêts spirituels, tandis que l'autre s'occupait des intérêts nationaux et temporels.

les alimens dès la veille, restassent, comme les hommes, exemptes de tout travail domes-tique 24.

Cette institution offre donc dans son origine un grand caractère d'utilité nationale; elle fait aussitôt concevoir pourquoi les prophètes et les docteurs l'ont considérée, comme le plus puissant moyen de conservation pour l'esprit public, durant la vie politique d'Israël, pour l'esprit religieux depuis sa dispersion. Enfin, c'est cette institution même qui semble avoir inspiré à Rousseau, nourri de la lecture des livres sacrés, les paroles suivantes du Contrat social : « Outre les assemblées extraordinaires que des cas imprévus peuvent exiger, il faut qu'il y en ait de fixes et de périodiques que rien ne puisse ni abolir ni proroger, tellement qu'au jour marqué, le peuple soit légitimement convoqué par la loi, sans qu'il soit besoin pour cela d'aucune autre convocation formelle 25. >>

Mais le législateur ne regarda pas comme une mesure suffisante, que le peuple, toujours paresseux pour la chose publique, fût convoqué. Il favorisa de tous ses moyens la tenue des assemblées, en faisant bientôt adopter la loi sévère qui ordonne à tous les individus, sans exception, et sous les plus redoutables peines, de suspendre en ce jour les travaux privés auxquels l'égoïsme

aurait le plus souvent sacrifié l'intérêt général *.

que

Quant à la forme même du précepte, elle convenait à l'esprit du temps. Il ne se borne pas à déclarer l'utilité du septième jour; il ne dit pas l'Éternel exige impérieusement que l'on consacre ce jour au repos; il frappe au contraire les imaginations par le rapprochement le plus flatteur. Après avoir travaillé six jours à produire le Monde, Jéhovah se reposa le septième et contempla son œuvre : que le peuple d'Israël imite ce Dieu puissant 26!!!.....

Outre les assemblées de chaque semaine, la loi en établit plusieurs autres à temps fixe, les assemblées du premier jour du mois lunaire, ou les néoménies, et trois grandes assemblées générales et annuelles dans la ville capitale de l'État.

Isaïe, se plaignant de la conduite de ses concitoyens dans ces assemblées diverses, indique

* On a souvent exagéré les exagérations mêmes des Juifs, dont les malheurs avaient accru les superstitions. Les talmudistes reconnaissent plusieurs cas dans lesquels c'est non-seulement chose permise, mais c'est un devoir de rompre le sabbath : s'il s'agit de la défense de l'État, du service du prince, de porter du secours dans une incendie, de sauver un homme, quel qu'il soit, du moindre danger. Si dans cette dernière intention, disent-ils, vingt personnes rompent le sabbath, pour une chose qui n'en exige qu'une scule, elles ne font point mal, au contraire. (Manus fortis, ou Abrégé du Talmud, tom. II, 78, 80.)

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