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» retourner les eaux sur eux, et les enfans » d'Israël ont passé à sec.

» Chantons le Dieu qui s'est élevé fièrement » et qui a précipité dans la mer le cheval et le » cavalier 59. >>

Après trois jours de marche dans la solitude, les Hébreux arrivèrent sur un point qui reçut le nom de Mara (amertume), à cause de la mauvaise qualité des eaux : elles furent rendues potables, au moyen de l'infusion d'un bois dont l'historien n'indique pas la nature, ou plutôt par le soin qu'il prit, comme l'observe Josèphe, de faire renouveler l'eau des puits, qu'avait altérée une trop longue stagnation.

A Élim, ils campèrent autour de douze sources d'eau pure qu'ombrageaient soixantedix palmiers. Dans la vallée de Sin, ils commençèrent à unir à la nourriture fournie par les troupeaux, une espèce de gomme friable, très-douce, susceptible d'être pétrie en gâteaux, et qui, paraissant sur le sol le matin après la rosée, fut appelée manne, parce qu'en la voyant on s'écria: Man-hu? (qu'est ce?). Josèphe assure qu'il tombait encore de son temps, dans l'Arabie, une prétendue rosée pareille à celle qui avait nourri les Hébreux. Saint Ambroise, Saumaise, Bochart pensent comme lui, que la

manne était une substance naturelle. Prosper Alpin rapporte que les moines du Sinaï en ramassaient autour de leur monastère, pour l'offrir au consul d'Alger; et les voyageurs modernes en ont signalé l'existence 1. Mais quelle quantité n'aurait-il pas fallu que la presqu'île en produisît pour une si grande multitude *?....

du

Dans la même vallée tout le camp profita

passage de ces oiseaux voyageurs qui, réunis en grand nombre, vont chercher les douces températures. « Les cailles fatiguées d'un long trajet, dit la Description de l'Egypte, se laissent encore prendre à la main, sur le même rivage où elles servirent de nourriture aux Hébreux 62

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A peu de distance, la disette d'eau s'accrut au point qu'on menaça Moïse : aidé de la connaissance des lieux, il fit jaillir d'une roche une source abondante **. En même temps, un de ses lieutenans, Josué, fils de Nun, de la tribu

*

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Le texte dit aussi qu'il n'en tombait pas le septième jour, mais que ce fut seulement quelques hommes du peuple qui n'en trouvèrent point car le peuple lui-même restait en ce jour dans ses tentes. (Exod. xvi, 27, 29.) Les Orientaux croient encore que la gomme terengabine, qui a tous les caractères de la manne mosaïque, et que produit l'arbrisseau nommé alhagi, tombe comme une rosée. (Tournefort, Rosenmuller, p. I, t. 11, pag. 316. )

**

D'après Tacite, ce sont des ânes sauvages qui, en se dirigeant vers une roche verdoyante, auraient indiqué les sources à Moïse (Hist. liv. v.)

d'Éphraïm, suivi d'une troupe choisie, mit en déroute la tribu nomade des Amalécites, qui harcelait les derrières de l'armée et mutilait les traînards 63.

Enfin, après trois mois, dont la majeure partie s'était écoulée dans les campemens, les Hébreux ayant parcouru quatre-vingt-dix lieues. environ, arrivèrent dans la vallée déserte du Sinaï, dans l'angle formé par les deux petits golfes qui terminent au nord la mer Rouge. C'est là que Moïse, pasteur, s'était livré à la contemplation de la nature; là qu'il avait formé le dessein de les arrêter quelque temps 64, pour rendre plus dociles à sa voix et pour assurer leur organisation, loin des chances d'une guerre

sérieuse.

les.

Telle est l'expédition de la sortie d'Egypte, qui remonte à l'an 1473 avant notre ère, cette année même que les monumens marquent pour la disparition d'Aménophis et l'avènement au trône de Sésostris-le-Grand, son successeur. En y ajoutant les quatre cent trente ans du séjour des Hébreux, on tombe précisément au règne du pasteur Aphobis, le pharaon qui nomma Joseph son ministre. Dans la même période, Cécrops quitta l'Égypte, à laquelle il devait, comme Moïse, ses premières connaissances., pour aller porter sur les rives de l'Attique

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d'heureux élémens de civilisation. Que d'évémens modernes paraîtraient fabuleux à la pos térité, pour peu que le langage se prêtât aux formes vagues et hyperboliques! Faut-il d'ailleurs s'arrêter à certains détails dont il est impossible d'expliquer la nature ou d'affirmer l'exactitude, et qui me forcent à dire avec Josèphe, après sa description du passage de la mer Rouge: Je laisse à chacun d'en penser ee qu'il voudra? Considérons le but. Un peuple entier, femmes, enfans, vieillards, est mis en mouvement par une seule tête : la renommée des conquérans ne l'a pas séduit; il va devenir libre; il va se soumettre à la domination des principes, à la souveraineté de la loi, à ce qu'il y a de plus saint parmi les hommes. Aussi le législateur avait-il le juste sentiment de la grandeur de cette conception, quand il s'écriait : << Informe - toi des temps passés, d'une extrémité du monde à l'autre; tu verras que jusqu'à ce jour on n'a rien exécuté de semblable 65. »

PLAN DE L'OUVRAGE.

Mais ce n'est pas seulement la hardiesse de ses entreprises qui fait son génie et qu'il faut 'chercher dans le Pentateuque, ce sont ses insti

tutions mêmes. Par elles il a étendu sa puissance à travers les siècles: elles ont donné une physionomie spéciale au peuple hébreu; et, chose étonnante! après avoir parcouru un circuit immense, la politique humaine, cédant à une force irrésistible, revient aux pensées de Moïse, sans leur faire subir de modifications que celles qui sont nécessaires pour les accommoder aux mœurs du temps et pour appliquer au général, ce qu'il n'avait eu le pouvoir de prescrire qu'au particulier.

Hâtons-nous donc d'exposer les faits. Ils prouveront l'erreur des philosophes qui l'ont dénoncé comme l'apôtre du despotisme : ils prouveront que loin de fonder, ainsi qu'on ne cesse de le prétendre, une théocratie dans le sens que ce mot entraîne aujourd'hui *, sa loi repoussa le genre de théocratie qui régnait en Egypte, pour y substituer une démocratie tempérée, un gouvernement basé sur la supériorité naturelle de l'intelligence; une véritable constitution d'État, comme la nomme Bossuet**, librement acceptée par la nation soumise à son empire: enfin,

* Le mot theocratie, composé de deux mots grecs qui signifient gouvernement de Dieu, s'applique en général aujourd'hui à tout gouvernement livré aux mains des prêtres et constitué dans leur intérêt personnel.

** Il n'y eut jamais une plus belle constitution d'État que celle où vous verrez le peuple de Dieu. (Polit. Sacr., pag. 1.)

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