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prétentions sur la domination de l'Asie occidentale devaient prendre pour appui Babylone *. Vainement un Sésostris sort de l'Égypte et soumet des peuples lointains : sa puissance ne sera que passagère. L'Égypte touche à la circonférence du monde politique d'alors; et ce n'est point la place la plus favorable pour affermir son empire **.

Babylone et Ninive, situées, l'une sur l'Euphrate, l'autre sur le Tigre, deux fleuves qui vont se jeter ensemble dans l'Océan Persique, inspiraient continuellement à leurs possesseurs le désir de s'étendre jusqu'à la Méditerranée, afin de profiter du commerce des deux mers. C'est la même pensée qu'avait l'Égypte, qui voulait faire communiquer directement ces deux mers, au moyen d'un canal parti de la mer Rouge, mais une pensée d'une autre nature, et qui exigeait, au lieu des efforts de l'industrie, de grands efforts militaires, pour

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Quand la mort surprit Alexandre, on sait qu'il avait le dessein de faire de Babylone la capitale de sa vaste monarchie; mais déjà le monde politique s'était très-étendu du côté de l'Occident, et le principal centre se déplaçait. Dans le partage des conquêtes de ce grand homme, les Séleucides obtinrent Babylone; mais ils l'abandonnèrent bientôt pour porter leur capitale sur les bords de la Méditerranée, à Antioche. Ce fut peut-être une faute de leur part, mais elle indique le mouvement général.

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Carthage eut aussi ce désavantage d'être moins centrale que Rome dans le cercle de la civilisation.

s'emparer des

pays intermédiaires et pour les tenir sous l'obéissance.

Telle est donc, indépendamment des causes secondes, la cause politique essentielle de tous les principaux mouvemens des peuples de l'Asie occidentale, de la lutte entre l'Egypte et les Orientaux, des invasions auxquelles furent sujettes la Syrie et la Palestine. Que fera le législateur hébreu, pour préserver son petit peuple situé sur les rivages mêmes de la Méditerranée, des vicissitudes que la guerre doit entraîner? quelles lois assez fortes pour empêcher que toutes les circonstances extérieures ne vinssent ajouter un poids redoutable aux dispositions intérieures qu'il avait à combattre? une de ces deux choses: ou il fallait prendre l'initiative et devenir conquérant à la façon de Mahomet; ou bien combiner les institutions de manière à former un ensemble compact qui, forcé de subir une foule de chocs différens, résistât à la destruction que ces chocs porteraient avec eux. Sa position même, autant que le but qui occupait son intelligence, le détermina pour le dernier parti; de sorte que, sans sortir de l'exactitude historique, on pourrait lui prêter ce langage: « Je veux former un peuple durable qui, loin d'être anéanti par les nations, agisse puissamment sur leur propre existence. De

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même que je construis au milieu de ce peuple une arche précieuse où je dépose mes principes sacrés, je le constituerai comme une espèce d'arche, comme un vaisseau jeté au milieu des peuples je me servirai du bois le plus dur, j'en resserrerai avec force tous les joints; les vents et les tempêtes pourront l'agiter, le réduire à l'état le plus misérable, mais ils ne l'engloutiront jamais, et il survivra, pour porter à leur destination les richesses que j'aurai confiées à ses flancs. »

Il y a trois choses nécessaires à l'existence complète d'un peuple des hommes, des lois, et un sol. Des tribus errantes ne sont que les élémens d'une nation. Les Hébreux ne méritent donc le nom de peuple, dans toute son étendue, qu'après leur établissement : c'est à dater de cette époque, que la nature de leurs rapports sociaux avec les autres nations doit être jugée.

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Si je m'astreignais à indiquer l'esprit de leur législation, je pourrais éviter de parler de la conquête qu'ils firent sur les Cananéens. Les ordres qui la prescrivent ne sont pas une partie inévitable de cette législation même. Quel homme, pour apprécier les lois et la morale des peuples modernes, s'aviserait de leur demander leurs titres primitifs de propriété sur

la terre qu'ils habitent, ou leur tiendrait compte de la conduite des peuplades dont ils ont tiré leur origine? Mais, sous le point de vue historique, c'est par là que je commence ; j'exposerai ensuite les rapports de la nation hébraïque avec les nations étrangères, ensuite les rapports avec les individus étrangers.

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DANS l'étude de la société humaine, il faut distinguer avec soin l'état de nature, l'ordre naturel et la marche naturelle des choses. L'état de nature est le point de départ, la période où les facultés de l'homme reçoivent leur impulsion. L'ordre naturel est le terme de cette impulsion, la situation dans laquelle chaque homme retirera le plus grand avantage possible de lui-même et de tous les êtres environnans. Enfin la marche naturelle des choses est la série des circonstances qui conduit l'humanité de l'état de nature à l'ordre naturel, et qui la force à faire l'épreuve de chaque chose, en détail, et de toutes les combinaisons possibles des choses qui sont à sa portée.

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