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De même que les petits-conseils des tribus et des villes jugeaient les particuliers, de même le conseil général jugeait les sénateurs accusés, les sacerdotes, les prophètes, les chefs militaires, les rois, les villes, et les tribus rebelles. Si, après la promulgation d'un décret régulièrement voté, un sénateur s'opposait à son application, ou bien dans l'exercice de sa charge prononçait, avec connaissance de cause, dans un sens contraire, il était mis en accusation : mais il ne perdait le droit de rentrer dans sa dignité qu'en perdant la vię. Pour les choses ordinaires, j'ai déjà dit que le président seul, après avoir subi une condamnation, n'occupait plus sa place : il restait simple sénateur 82

Lorsque Hérode, gouverneur militaire, eut reçu l'ordre de comparaître, pour se justifier d'avoir fait mourir, sans aucun respect des formes légales, quelques hommes de la Galilée, il se présenta revêtu d'habits magnifiques et ceint de ses armes : des soldats étrangers occupaient la porte du palais et semblaient prêts à soutenir sa cause. L'épouvante s'empara du cœur des anciens; mais Chammaï se lève et leur dit : Que pensez-vous d'un homme qui, ayant à se

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temps là, et qui les portaient à plusieurs siècles en avant de ces nations elles-mêmes.

purger d'une accusation de meurtre, montre tant d'audace? Ignore-t-il qu'un accusé doit paraître avec modestie et humilité devant cette assemblée suprême? Nous laisserions-nous imposer par la pourpre qui le couvre et par les stipendiaires armés qui songent à l'arracher de nos mains et à nous égorger nous-mêmes, si nous prononçons contre lui la peine dont les lois le menacent? Je suis loin de blâmer ses efforts pour défendre sa vie, qui lui est plus chère que toute chose : c'est vous que j'attaque, et surtout le roi; si vous manquez à vos devoirs, craignez la colère du Dieu Tout-Puissant, et que cet Hérode lui-même ne vous en punisse quelque jour 83. » Le sénat, ranimé par ces paroles, poursuivit le jugement; mais le lendemain, Hérođe, protégé par le faible Hyrcan, s'enfuit de Jérusalem, pour n'y rentrer qu'en vainqueur.

Enfin, lorsqu'une partie des habitans d'une ville se livrait à l'idolâtrie ou se révoltait, sans qu'il fût possible aux magistrats de les apaiser, le sénat envoyait à diverses fois des députés, pour leur faire des remontrances. Les repoussaient-ils, on s'emparait de la ville et on établissait dans son sein des tribunaux pour punir les coupables. Si tous les habitans et les magistrats eux-mêmes prenaient part à la rébellion,

on la jugeait et on prononçait contre elle une sentence de mort : les maisons étaient renversées, les terres partagées entre les villes voisines 4. Redirai-je la déplorable lutte avec la tribu de Benjamin et l'affreux jugement contre la ville de Jabes, regardée comme complice, pour n'avoir pas envoyé un seul député à l'assemblée générale! C'est ici surtout qu'il faudrait recourir à la nature des temps; qu'il faudrait rappeler les jugemens de la confédération amphictyonnique, qui s'était engagée par serment à ruiner de fond en comble les villes grecques rebelles. Mais une foule d'événemens non moins terribles ont ensanglanté les époques les plus modernes. L'homme a toujours porté dans son cœur une grande disposition à la violence : le développement complet de sa raison pourra seul l'effacer.

CHAPITRE III.

JUGEMENT ET CONDAMNATION DE JÉSUS.

APRÈS l'exposé de la justice, je vais en suivre l'application dans le jugement le plus mémorable de l'histoire, celui de Jésus-Christ. J'ai déjà dit les motifs qui me dirigent, et le point de vue sous lequel j'aborde la chose; j'ai déjà montré qu'aucun titre chez les Juifs ne mettait à l'abri d'un décret d'accusation. Que la loi fût bonne ou mauvaise, que les formes fussent bonnes ou mauvaises, ce n'est plus ce que j'examine : qu'on doive plaindre l'aveuglement des Hébreux de n'avoir pas reconnu un Dieu dans Jésus, ou qu'on puisse s'étonner qu'un Dieu en personne qui aurait voulu se faire comprendre n'ait pas été compris, ce n'est pas ce que j'examine. Mais

dès qu'ils ne découvrirent en lui qu'un citoyen, le jugèrent-ils d'après la loi et les formes existantes? voilà ma question, qui ne peut donner lieu à aucune équivoque. C'est dans les Evangiles mêmes que je puiserai tous les faits, sans me demander aucunement si toute cette histoire n'a pas été développée après coup, pour servir de forme à une doctrine nouvelle, ou à une ancienne doctrine qui recevait une nouvelle extension.

Jésus naquit d'une famille peu fortunée : Joseph, son père putatif, s'aperçut que sa femme était grosse avant même qu'ils eussent été ensemble. S'il l'eût appelée en jugement, dans le cours ordinaire des choses, Marie, d'après l'article 23 du chapitre xxII du Deuteronome, aurait pu subir une condamnation, et Jésus, déclaré illégitime, n'aurait jamais, en vertu de l'article 2, chapitre xxi, siégé dans le haut-conseil 84. Mais Joseph qui, pour ne point déshonorer sa femme, avait pris la résolution de la renvoyer secrètement, eut bientôt un songe qui le consola 85.

Après avoir été circoncis, Jésus grandit comme tous les hommes, se rendit aux fêtes solennelles, et déploya de bonne heure une sagesse et une sagacité surprenantes. Dans les assemblées du jour de repos, les Hébreux avides de la polémique à laquelle donnait lieu l'inter

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