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LIVRE VII.

FAMILLE.

Rien n'est aussi précieux qu'une excellente femme.

PROV. IVIII, 22.

APRÈS avoir considéré l'État dans ses rapports généraux, intérieurs et extérieurs, j'arrive aux petites sociétés dont il est formé et à l'appréciation de cette pensée de Montesquieu : «< Que si le peuple, en général, a un principe, les parties qui le composent, c'est-à-dire les familles, l'auront aussi '. »

Les mariages, qui sont la grande question d'État pour les femmes, la polygamie et le divorce; la paternité, ses rapports avec la population, ses droits, ses devoirs, l'ordre des successions; et la manière-d'être des serviteurs hébreux, qu'on a très-improprement appelés

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esclaves; voilà les divers points sur lesquels j'arrêterai dans ce livre l'attention du lecteur. Les détails sont inévitables; je ne cesserai de mettre tous mes soins à les parcourir avec rapidité.

CHAPITRE PREMIER.

DES FEMMES.

Rousseau s'est écrié : « O sexe que l'homme opprime ou qu'il adore, et qu'il ne peut pourtant rendre heureux ni l'être qu'en le rendant égal à lui ! » Mais cette égalité est-elle absolue? Faudra-t-il en faire des hommes, comme Lycurgue et Platon dans leur république ? Non, sans doute. L'égalité pour elles, comme pour les citoyens entre eux, consiste à ce qu'elles puissent, aussi bien que l'autre sexe, developper avec régularité toutes les facultés inhérentes à leur propre nature. Malheur au peuple qui se priverait de ces facultés précieuses, et chez lequel le cœur de la femme, éprouvant sans cesse un mal-aise indéterminé, lui inspirerait, comme par instinct, la pensée que les relations

de tout ce qui l'entoure avec elle-même reposent sur de fausses bases!

D'après la Genèse, la femme est envers l'homme un aide semblable à lui; ils forment deux parties distinctes d'un seul être *. C'est pour cet être même qu'ils sont faits l'un et l'autre. et non pas seulement la femme pour l'homme : leur destinée est de courir ensemble à la recherche du bonheur. Il faut donc qu'un principe commun préside aux dispositions qui les concernent; que la loi travaille avec un même zèle à l'accomplissement de leurs besoins.

Mais pour la formation de cet être unique et fictif, quels rapports ne doivent pas exister entre les deux parties composantes? Et c'est ici que gît la difficulté. Les différences qu'offrent, soit au physique soit au moral, les individus de l'espèce humaine, sont nombreuses, sont profondes! A quels signes exacts reconnaîtra-t-on les convenances indispensables? Et s'il arrive que, loin d'avoir pour but de diminuer les chances d'une mauvaise union, la loi, les mœurs, les préjugés les accroissent, qu'en résultera-t-il? un joug souvent insupportable,

*

Quand Moïse dit : «Tu accompliras tes festins de réjouissance, Tot, ton fils, ta fille, ton serviteur, ta servante, la veuve, etc...», il fait allusion à cela : Ce n'est pas par oubli des femmes, comme on l'a avancé; ne signale-t-il pas la fille, la servante, la veuve?

à la place du lien qui devrait donner le plus grand charme à la vie.

De toute part naît donc la nécessité pour la femme, comme pour l'homme, de chercher l'instruction, d'aimer la civilisation, dont les progrès apprennent à discerner les choses utiles, des choses nuisibles. Par elles leur physique et leur moral seront perfectionnés; ils reconnaîtront mieux leur valeur réciproque, et, s'il existe toujours entre les individus des dissemblances difficiles à saisir au premier aspect, elles seront renfermées dans des bornes assez étroites pour ne plus les exposer à des chances trop malheureuses.

Les jeunes filles étaient instruites de la loi, et élevées pour les soins domestiques : en cela consistait toute l'éducation du temps qui correspondait à celle des hommes. Il est vrai que lorsque l'étude des lois deyint plus compliquée, les docteurs recommandèrent, de ne pas diriger l'esprit des femmes de ce côté, par la raison que leur nature les porte, disent-ils, ou bien à traiter trop légèrement tout ce qui tient à des doctrines, ou à les pousser jusqu'à la dernière exagération. Dans l'origine elles ne

craignaient pas, riches ou pauvres, d'assister aux

moissons, de conduire les troupeaux, de puiser une eau bienfaisante pour le voyageur. « Je suis

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