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lexandre, et les guerres des Romains, avaient développé chez tous les peuples une agitation morale correspondante. De toutes les causes qui excitent la pensée, le malheur est la plus féconde. Il nous force à nous replier sur nousmêmes, et à saisir l'état des objets extérieurs, afin d'échapper par quelque coin à la main cruelle qui nous oppresse.

Alexandrie est la ville où cette disposition fut suivie des plus grands résultats, où le choc et le nélange des idées s'accomplirent de la manière la plus active et la plus directe. Sa situation centrale entre l'Asie, l'Afrique et l'Europe; l'accueil et les encouragemens que les Ptolémées accordèrent aux savans de tous. les pays, et le puissant attrait qui appelait les uns vers les autres tous les hommes doués de quelque intelligence, l'élevèrent au plus haut degré de splendeur. Les opinions de tous les peuples, de toutes les sectes connues, y déployèrent leurs ressources. Le mysticisme de l'Orient, les anciennes doctrines de l'Égypte et de l'Éthiopie, la philosophie grecque, eurent leur tribune et leurs représentans. Les Juifs, qui entraient pour une partie considérable dans la population, ne restèrent pas en arrière. Leur rôle est en première ligne. Après de longs débats, des travaux inouïs, une émission prodi

gieuse d'écrits de tout genre, le champ de bataille leur resta, en ce qui regarde l'ordre moral; et il sortit de là les préliminaires d'une espèce de traité tacite, qui reçut bientôt une forme vivante, et dans lequel toutes les doctrines consentirent à reconnaître le mosaïsme pour leur suzerain, sauf des conditions et des modifications diverses. Ce traité et cette forme sont le christianisme. Sa force se composa de celle de tous les élémens qui se réunirent dans son sein; plus, le surcroît d'énergie qui résulte de la combinaison et de l'ensemble.

Cependant trois classes de juifs refusèrent d'accéder au nouveau pacte, les uns par superstition, les autres par un sentiment dont ils ne savaient se rendre compte, ceux-là enfin par une conviction profonde. Tous furent d'accord sur ce point, que la nouvelle forme renfermait des principes contradictoires; qu'elle avait détourné l'ancienne doctrine de sa voie naturelle; et qu'elle ne pouvait être que transitoire. Ainsi le mosaïsme conserva ses cohortes, et devint une véritable opposition religieuse qui, bientôt privée du droit de se faire entendre, protesta dans tous les climats de la terre par sa seule présence, et qui, en butte aux violences et aux outrages avec lesquels l'injustice du plus fort espère abattre ou déshonorer la constance du

plus faible, s'enveloppa en quelque sorte dans

son manteau.

Mais nous avons laissé Moïse et les Hébreux dans le désert, pour suivre le sort de ses institutions et le caractère particulier qu'elles donnèrent à ce peuple; revenons quelques instans à lui-même; nous dirons ensuite le principe d'organisation sociale qui forme le chaînon réel entre la morale chrétienne et l'israélisme.

Il est des faits arrivés à certaines époques qui ne deviennent intelligibles qu'aux hommes à qui il a été réservé de traverser des époques analogues. Lorsqu'après avoir retracé les terribles jugemens rendus par Moïse, le Pentateuque assure qu'il n'existait pas sur la terre un homme plus doux que lui', on serait tenté de prendre ces paroles pour une raillerie, si l'expérience ne nous avait dévoilé tout ce que le besoin, bien ou mal conçu, d'un salut général peut communiquer aux cœurs les plus débonnaires.

On se souvient de l'arrêt d'exil qui fermait à toute l'ancienne génération la terre-promise. Les séditions se multiplièrent; et certes, si la conduite du législateur est justifiée par la nécessité où il se trouvait de tenter un entier renouvellement des idées, la souffrance, éprouvée au milieu des déserts par les Hébreux, et le

sacrifice qu'on exigeait d'eux, du présent à l'avenir, expliquent d'une manière bien naturelle les mécontentemens dont ils donnaient de fréquens témoignages.

De tous les événemens que cet état des choses fit naître, la conjuration de Coré le lévite, de Dathan et d'Abiram, fut le plus déplorable. Deux cent cinquante membres du conseil général avaient suivi leur impulsion. Leur dessein était de nommer un autre chef pour sortir, à quelque prix que ce fût, du désert. La dignité accordée à Aaron servit de prétexte. Au jour marqué les conjurés réunis s'emportent en reproches contre Moïse. Il n'en est pas ébranlé : «Vous avez tort, enfans de Lévi, j'ai fait pour vous tout ce qui convenait. Quel est celui qui pourra dire que je lui ai pris quelque chose ; que je me sois rendu coupable de la moindre injustice? Songes-y, Coré, je te laisse jusqu'à demain pour réfléchir; si tu ne reviens à des sentimens meilleurs, ose prendre l'encensoir et te présenter avec tes partisans devant l'Éternel.» En même temps il envoya à Dathan et à Abiram l'ordre de comparaître devant l'assemblée des soixante-dix anciens. Ils s'y refusèrent : « N'est-ce pas assez que tu nous aies retirés du bon pays d'Égypte pour nous faire mourir dans le désert? prétends-tu encore nous dicter des lois? ne sommes-nous pas

tous également saints aux yeux de l'Éternel? Où est le pays de miel et de lait dans lequel tu devais nous conduire? Où est l'héritage de champs et de vignes que tu nous avais promis? Nous ne t'écoutons plus.

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Le lendemain tous se présentent devant le tabernacle. Coré, l'encensoir à la main, s'ef force d'exciter le peuple. Mais Moïse apparaît à la tête des anciens d'Israël; il fait reculer Coré, Dathan et Abiram vers leurs tentes; il ordonne à tous les Hébreux de s'en éloigner; et leur annonce d'une voix redoutable que ces hommes vont subir un genre de mort jusqu'à ce moment inconnu. En effet, une explosion semblable à celle d'une mine ouvrit la terre et les engloutit'.

Je me borne à rapprocher ce fait de la science que les anciens avaient, dit-on, dans l'emploi du feu, et je ne m'arrête ni à la plaie épidémique qui frappa plusieurs mille hommes, et qui fut signalée comme une punition du Ciel; ni aux fleurs qui germèrent préférablement sur la verge d'amandier offerte par Aaron. Une chose plus importante sous le rapport politique, est la disparition de ce dernier après une autre révolte. Moïse, accompagné de son frère et d'Éléazar fils de son frère, gravit la montagne de Hor, fit quitter à Aaron ses vêtemens sacer

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