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XIe PROP. Il faut observer les commencements et les fins des règnes, par rapport aux révoltes.

Lorsque l'Idumée fut assujétie par David, Adad, jeune prince de la race royale, trouva moyen de se retirer en Egypte, où il fut trèsbien reçu de Pharaon. Comme il apprit la mort de David, et celle de Joab, arrivées au commencement du règne de Salomon; croyant le royaume affaibli par la perte d'un si grand roi, et par celle d'un général si renommé, il dit à Pharaon «Laissez-moi aller dans ma terre. >> C'était pour y réveiller ses amis, et jeter les semences d'une guerre qu'on vit éclore en son temps.

L'extrême vieillesse de David donna lieu à des mouvements qui menacèrent l'Etat d'une guerre civile.

Adonias, fils aîné de David, après Absalon, faisait revivre son frère par sa bonne mine, par le bruit et l'ostentation de ses équipages, et par son ambition 3. Il avait sur Absalon ce malheureux avantage, qu'il trouva David défaillant, qui avait besoin, non d'être poussé, puisqu'il avait sa vigueur entière, mais d'être réveillé par ses serviteurs. Il avait mis dans son parti Joab, qui commandait les armées, et Abiathar, souverain pontife, autrefois si fidèle à David, et beaucoup d'autres des serviteurs du roi de la tribu de Juda. Avec ce secours, il n'aspirait à rien moins qu'à envahir le royaume du vivant du roi, et contre la disposition qu'il en avait déclarée, en désignant Salomon pour son successeur, et le faisant reconnaître par tous les grands, par toute l'armée, comme celui que Dieu préférait à ses autres frères, pour le remplir de sa sagesse, et lui faire bâtir son temple au milieu d'une paix profonde".

Adonias voulait renverser un ordre si bien établi. Pour rassembler le parti, et donner comme le signal à ses amis de le faire reconnaître pour roi, ce jeune prince fit un sacrifice solennel, suivi d'un superbe festin. Toute la cour était attentive. L'on remarqua qu'il avait prié les principaux de Juda, avec Joab et Abiathar; et à la réserve de Salomon, tous les fils du roi. Comme on n'y vit ni ce prince, ni Sadoc sacrificateur, ni Nathan, ni Banaïas très-assuré à David, et qui commandait les vieilles troupes, tous attachés au roi et à Salomon, on pénétra le dessein d'Adonias, et on découvrit le mystère. En même temps Nathan et Bethsabée, mère de Salomon, agirent avec grand concert auprès de David, en lui parlant coup sur coup. Ils ou

Ibid., 21, 22. — Ibid., 1, 1, 2, 5 et seq.

III. Reg., XI, 17, 18. 2 - I. Par., XXVIII, 1, 2 et seq.

vrirent les yeux à ce prince, qui jusqu'alors demeurait tranquille, non par mollesse, mais par confiance dans un pouvoir aussi établi que le sien, et dans une résolution aussi expliquée. Le roi parla avec tant de fermeté et d'autorité; ses ordres furent si précis et si promptement exécutés, qu'avant la fin du festin d'Adonias toute la ville retentissait de la joie du couronnement de Salomon. Joab, tout bardi qu'il était, et tout expérimenté, fut surpris; la chose se trouva faite, et chacun s'en retourna honteux et tremblant. Le nouveau roi parla à Adonias d'un ton de maître; rien ne branla dans le royaume, et la rébellion qui grondait fut assoupie.

Elle ne revint qu'au commencement du règne de Roboam. Et c'est là un temps de faiblesse qu'il faut toujours observer avec plus de soin, si l'on veut bien assurer le repos public.

XIIe PROP. Les rois sont toujours armés.

Nous avons vu sous David les légions Céréthi et Phéléthi, que Banaïas commandait, toujours sur pied.

Il avait aussi conservé le corps de six cents vaillants combattants commandés par Ethaï, Géthéen, et des autres qui étaient venus avec lui pendant sa disgrace'.

Je ne parlerai point des autres troupes entretenues, si nécessaires à un Etat. Ce sont tous des corps immortels, qui en se renouvelant dans le même esprit qu'ils ont été formés, rendent éternelles leur fidélité et leur valeur.

On ornait ces troupes choisies d'une façon particulière, pour les distinguer. Et c'est à quoi étaient destinées les deux cents piques garnies d'or, et les deux cents boucliers lourds et pesants couverts de lames d'or, avec trois cents autres d'une autre figure, pareillement couverts d'or très-affiné, et d'un grand poids, que Salomon gardait dans ses arsenaux.

Outre les garnisons des places, qu'on trouve partout dans les livres des Rois et des Chroniques, et outre les troupes qui étaient sur pied, il y en avait d'infinies sous la main du roi, avec des chefs désignés, et qui étaient prêts au premier ordre .

On ne sait en quel rang placer les gens de guerre, qui se relevaient au nombre de vingtquatre mille, à chaque premier jour du mois, avec douze commandants'.

1 II. Reg., xv, 18, 19; III. Reg., 1, 8, 10, 38; I. Par., XII, 1 et seq. -III. Rey., x, 16, 17; III. Par., IX, 15. 16. — II. Par., xvii, 11 et seq.; xxvi, 12, 13. -I. Par., XXVII, 1, 2 et seq.

Il n'est pas nécessaire de marquer que, pour ne point charger l'Etat de dépenses, on les assemblait selon le besoin, dont l'on a beaucoup d'exemples.

Ainsi les Etats demeurent forts au dehors contre l'ennemi, et au dedans contre les méchants et les rebelles; et la paix publique est assurée.

LIVRE DIXIÈME ET DERNIER.

SUITE DES SECOURS DE LA ROYAUTÉ.

LES RICHESSES, OU LES FINANCES, LES CONSEILS; LES INCONVENIENTS ET TENTATIONS QUI ACCOMPAGNENT LA ROYAUTÉ, ET LES REMÈDES QU'ON Y DOIT APPORTER.

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Ce serait une chose infinie de raconter les pour la sculpture, pour l'architecture3, dont les magnificences de Salomon'.

Premièrement dans le temple, qui fut l'ornement comme la défense du royaume et de la ville. Rien ne l'égalait dans toute la terre, non plus que le Dieu qu'on y servait. Ce temple porta jusqu'au ciel, et dans toute la postérité, la gloire de la nation, et le nom de Salomon son fondateur 3.

Treize ans entiers furent employés à bâtir le palais du roi dans Jérusalem, avec les bois, les pierres, les marbres, et les matériaux les plus précieux; comme avec la plus belle et la plus riche architecture qu'on eût jamais vue. On l'appelait le Liban, à cause de la multitude de cèdres qu'on y posa, en hautes colonnes comme une forêt, dans de vastes et de longues galeries, et avec un ordre merveilleux.

On y admirait en particulier le trône royal,

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noms sont consacrés à jamais dans les registres du peuple de Dieu, c'est-à-dire dans les saints livres.

Ajoutons les lieux destinés aux équipages, où les chevaux, les chariots, les attelages étaient innombrables.

Les tables, et les officiers de la maison du roi pour la chasse, pour les nourritures, pour tout le service, dans leur nombre comme dans leur ordre, répondaient à cette magnificence".

Le roi était servi en vaisselle d'or. Tous les vases de la maison du Liban étaient de fin or". Et le Saint-Esprit ne dédaigne pas de descendre dans tout ce détail, parce qu'il servit, dans ce temps de paix, à faire admirer et craindre, au dedans et au dehors, la puissance d'un si grand roi.

Une grande reine, attirée par la réputation

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Comme c'était là le fruit d'une longue paix, le Saint-Esprit le remarque, pour faire aimer aux princes la paix, qui produit de si grandes choses.

de tant de merveilles, vint les voir dans le plus | et qu'il était (pour ainsi parler) aussi commun superbe appareil, et avec des chameaux char- que les pierres, et les cèdres aussi vulgaires que gés de toute sorte de richesses'. Mais quoique les sycomores qui croissent (fortuitement) dans accoutumée à la grandeur où elle était née, la campagne'. » elle demeurait éperdue à l'aspect de tant de magnificences de la cour de Salomon. Ce qu'il y eut de plus remarquable dans son voyage, c'est qu'elle admira la sagesse du roi plus que toutes ses autres grandeurs; et qu'il arriva ce qui arrive toujours à l'approche des grands hommes, qu'elle reconnut dans Salomon un mérite qui surpassait sa réputation.

Les présents qu'elle lui fit, en or, en pierreries, et en parfums les plus exquis, furent immenses, et demeurèrent cependant beaucoup au-dessous de ceux que Salomon lui rendit. Par où le Saint-Esprit nous fait entendre qu'on doit trouver dans les grands rois une grandeur d'âme qui surpasse tous leurs trésors, et que c'est là ce qui fait véritablement une âme royale. Les grands ouvrages de Josaphat, d'Ozias, d'Ezéchias, et des autres grands rois de Juda, les villes, les aqueducs, les bains publics, et les autres choses qu'ils firent, non-seulement pour la sûreté et pour la commodité publique, mais encore pour l'ornement du palais et du royaume, sont marqués avec soin dans l'Ecriture. Elle n'oublie par les meubles précieux qui paraient leurs palais, et ceux qu'ils y faisaient garder; non plus que les cabinets des parfums, les vaisseaux d'or et d'argent, tous les ouvrages exquis, et les curiosités qu'on y ramassait.

Ille PROP. La première source de tant de richesses est le commerce et la navigation.

« Car les navires du roi allaient en Tharsis, et en pleine mer, avec les sujets d'Hiram, roi de Tyr; et rapportaient tous les trois ans de l'or, de l'argent et de l'ivoire, avec les animaux les plus rares2. >>>>

Salomon avait une flotte à Asiongaber auprès d'Ailath, sur le bord de la mer Rouge; et Iliram, roi de Tyr, yjoignit la sienne, où étaient les Tyriens, peuples les plus renommés de toute la terre pour la navigation et pour le commerce: qui rapportaient d'Ophir (quel qu'ait été ce pays), pour le compte de Salomon, quatre cent-vingt talents d'or, souvent même quatre cent-cinquante, avec les bois les plus précieux et des pierreries3.

La sagesse de Salomon paraît ici par deux endroits: l'un, qu'après avoir connu la nécessité du commerce, pour enrichir son royaume, il ait pris, pour l'établir, le temps d'une paix profonde, où l'Etat n'était point accablé des dépenses de la guerre; l'autre, que, ses sujets n'étant point encore exercés dans le négoce et Dieu défendait l'ostentation que la vanité in- dans l'art de naviguer, il ait su s'associer les spire, et la folle enflure d'un cœur enivré de ses habiles marchands, et les guides les plus assurés richesses; mais il voulait cependant que la cour dans la navigation qui fussent au monde, c'estdes rois fût éclatante et magnifique, pour im-à-dire les Tyriens; et faire avec eux des traités primer aux peuples un certain respect.

Et encore aujourd'hui, au sacre des rois, comme on a déjà vu, l'Eglise fait cette prière: « Puisse la dignité glorieuse, et la majesté du palais, faire éclater aux yeux de tous la grande splendeur de la puissance royale; en sorte que la lumière, semblable à celle d'un éclair, en rayonne de tous côtés!» Toutes paroles choisics pour exprimer la magnificence d'une cour royale, qui est demandée à Dieu comme un soutien nécessaire de la royauté.

IIe PROP. Un Etat florissant est riche en or et en argent; et c'est un des fruits d'une longue paix.

L'or abondait tellement durant le règne de Salomon, «qu'on y comptait l'argent pour rien;

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si avantageux et si sùrs.

Quand les Israélites furent instruits par euxmêmes dans les secrets du commerce, ils se passèrent de ces alliés : et l'entreprise, quoique malheureuse, du roi Josaphat, dont la flotte périt dans le port d'Asiongaber, fait voir que les rois continuaient le commerce et les voyages vers Ophir; sans qu'il y soit fait mention du secours des Tyriens.

IVE PROP. Seconde source des richesses: le domaine du prince.

Du temps de David il y avait des trésors dans Jérusalem; et Azmoth, fils d'Adiel, en était le garde'. Pour les trésors qu'on gardait dans les villes, dans les villages, et dans les châteaux ou

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dans les tours, Joathan, fils d'Ozias, en avait la charge. Ezri, fils de Chélub, avait soin de ceux | qui étaient occupés au labourage et aux travaux de la campagne. Il y avait un gouverneur particulier pour ceux qui faisaient les vignes et prenaient soin des celliers: et c'était Séméias et Zabdias. Balanan était préposé pour la culture des oliviers et des figuiers: et Joas veillait sur les réservoirs d'huile. On voit par là que le prince avait des fonds, et des officiers préposés pour les régir.

On marque aussi les villages qui étaient à lui, et le soin qu'il eut de les entourer de murailles'. On faisait des nourritures dans les pâturages de la montagne de Saron, et sur les vallons qui | y étaient destinés. L'Ecriture spécifie les bêtes à cornes, les chameaux et les troupeaux de brebis. Chaque ouvrage avait son préfet : « et tels étaient les gouverneurs, ou les intendants, qui avaient soin des biens et des richesses du roi David 2. »

La même chose continue sous les autres rois. Et il est écrit d'Ozias 3: « qu'il creusa beaucoup de citernes, parce qu'il nourrissait beaucoup de troupeaux dans les pâturages, et dans les vastes campagnes; qu'il prenait grand soin de la culture des vignes, et de ceux qui y étaient employés, dans les coteaux et sur le Carmel : et qu'il était fort affectionné à l'agriculture. »

Ces grands rois connaissaient le prix des richesses naturelles, qui fournissent les nécessités de la vie, et enrichissent les peuples plus que les mines d'or et d'argent.

Les Israélites avaient appris dès leur origine ces utiles exercices. Et il est écrit d'Abraham, qu'il était « très-riche en or et en argent. » Ce qui, sans connaître les lieux où la nature resserre ses riches métaux, lui provenait seulcment des soins de la nourriture et des troupeaux. D'où est venue aussi la réputation de la vie pastorale, que ce patriarche et ses descendants ont embrassée.

Ve PROP. Troisième source des richesses : les tributs imposés aux rois et aux nations vaincues, qu'on appelait des présents. Ainsi David imposa tribut aux Moabites et à Damas, et y établit des garnisons pour leur faire payer ces présents *.

Salomon avait soumis tous les royaumes depuis le fleuve de la terre des Philistins jusqu'aux confins de l'Egypte. Et tous les rois de ces pays confins de l'Egypte. Et tous les rois de ces pays lui offraient des présents, et lui devaient certains services ".

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Le poids de l'or, qu'on payait tous les ans à Salomon, était de six cents talents; outre ce qu'avaient accoutumé de payer les ambassadeurs de diverses nations, et les riches marchands étrangers, et tous les rois d'Arabie, et les princes des autres terres, qui lui apportaient de l'or et de l'argent'. C'est ainsi qu'on l'avait chanté par avance sous le roi David, que les filles de Tyr, (c'est-à-dire les villes opulentes), et leurs plus riches marchands, apporteraient leurs présents à la cour de Salomon.

Tous les rois des terres voisines envoyaient chaque année leurs présents à Salomon, qui consistaient en vases d'or et d'argent, en riches habits, en armes, en parfums, en chevaux et en mulets 3; c'est-à-dire, ce que chaque pays avait de meilleur.

Les Ammonites apportaient des présents à Ozias, et son nom était célèbre jusqu'aux confins de l'Egypte *.

On comptait parmi ces présents non-seulement l'or et l'argent, mais encore des troupeaux et c'est ainsi que les Arabes payaient par an à Josaphat sept mille sept cents béliers, et autant de boucs ou de chevreaux ".

VIC PROP. Quatrième source des richesses: les impôts
que payait le peuple.

Dans tous les Etats, le peuple contribue aux charges publiques, c'est-à-dire à sa propre conservation; et cette partie qu'il donne de ses biens lui en assure le reste, avec sa liberté et

son repos.

L'ordre des finances, sous les rois David et Salomon, était qu'il y avait un surintendant préposé à tous les impôts, pour donner les ordres généraux *.

Il y avait, pour le détail, douze intendants distribués par canton; et ceux-ci étaient chargés, chacun à son mois, des contributions nécessaires à la dépense du roi et de sa maison ". Leur département était grand, puisqu'un seul avait à sa charge soixante grandes villes environnées de murailles, avec des serrures d'airain..

On lit aussi de Jéroboam: que « Salomon, qui le voyait, dans sa jeunesse, homme de courage, appliqué et industrieux (ou agissant, comme parle l'original), le préposa aux tributs de la maison de Joseph; » c'est-à-dire, des deux tribus d'Ephraïm et de Manassé. Ce qui montre, en passant, les qualités qu'un sage roi deman

III. Reg., x, 14, 15; II. Par., 1x, 13, 14. — 1 Ps. XLIV, 13. II. Par., ix, 23, 24. — Ib., xxvi, 8. — * 1b., 11. — II. Reg., xx, 24; III. Reg., IV, 6; xп, 18; II. Par., x, 18. — ' III. Reg., tv, 7, 8 et seq. 1b., 13.- Ibib., x1, 28.

dait pour de telles fonctions; encore que sa prudence ait été trompée dans le choix de la

personne.

VIIe PROP. Le prince doit modérer les impôts et ne point accabler le peuple.

« Qui presse trop la mamelle pour en tirer du lait, en l'échauffant et la tourmentant, tire du beurre qui se mouche trop fortement, fait venir le sang qui presse trop les hommes, cxcite des révoltes et des séditions. » C'est la règle que donne Salomon'.

L'exemple de Roboam apprend sur cela le devoir aux rois.

Comme cette histoire est connue, et qu'elle a déjà été touchée ci-devant 2, nous ferons seulement quelques réflexions.

En premier lieu, sur les plaintes que le peuple fit à Roboam contre Salomon, qui avait fait des levées extraordinaires'. Tout abondait dans son règne, ainsi que nous avons vu. Cependant, comme l'histoire sainte ne dit rien contre ce reproche, et qu'il y passe au contraire pour avéré, il est à croire que sur la fin de sa vie, abandonné à l'amour des femmes, sa faiblesse le portait à des dépenses excessives, pour contenter leur avarice et leur ambition.

C'est le malheur, ou plutôt l'aveuglement, où sont menés les plus sages rois, par ces déplorables excès.

En second lieu, la réponse dure et menaçante de Roboam poussa le peuple à la révolte, dont l'effet le plus remarquable fut d'accabler à coups de pierres Aduram, chargé du soin des tributs, quoique envoyé par le roi pour l'exécution de ses rigoureuses réponses. Ce qui effraya tellement ce prince, qu'il monta précipitamment sur son char, et s'enfuit vers Jérusalem tant il se vit en péril.

En troisième lieu, la dureté de Roboam à refuser tout soulagement à son peuple, et la menace obstinée d'en aggraver le joug jusqu'à un excès insupportable, a mis ce prince au rang

des insensés. « A Salomon succéda la folie de

la nation, dit le Saint-Esprit, et Roboam, destitué de prudence, qui aliéna le peuple par le conseil qu'il suivit. » Jusque-là que son propre fils et son successeur, Abia, l'appelle ignorant,

et d'un cœur lâche ".

En quatrième lieu, cette réponse orgueilleuse et inhumaine est attribuée à un aveuglement permis de Dieu, et regardé comme un effet de cette justice qui met l'esprit de vertige dans les

• Prov., xxx, 33. — 1 Ci-dessus, liv. IV, art. II, пе prop. - III. Reg., Xu, 1, 2, 3, 4; II. Par., x, 2, 3, 4. — Ibid., 18; ibid., 18. Eccli., XLVII, 27, 28. — II. Par., xш, 7.

conseils des rois. « Le roi n'acquiesça pas à la prière de son reuple, parce que le Seigneur s'était éloigné de lui pour accomplir la parole d'Ahias Silonite', qui avait prédit, du vivant de Salomon, la révolte des dix tribus, et la « division du royaume. » Ainsi, quand Dieu veut punir les pères, il livre leurs enfants aux mauvais conseils, et châtie tout ensemble les uns et les autres.

En cinquième lieu, la suite est encore plus terrible. Dieu permit que le peuple soulevé oubliât tout respect, en massacrant, comme aux yeux du roi, un de ses principaux ministres, et renonçant tout ouvertement à l'obéissance.

En sixième lieu, ce n'est pas que ce massacre et cette révolte ne fussent des crimes. On sait assez que Dieu en permet dans les uns, pour châtier ceux des autres. Le peuple eut tort, Roboam eut tort; et Dieu punit l'énorme injustice d'un roi qui se faisait un honneur d'opprimer son peuple, c'est-à-dire ses enfants.

En septième lieu, cette dureté de Roboam effaça par un seul trait le souvenir de David et de toutes ses bontés, aussi bien que celui de ses conquêtes et de ses autres grandes actions. « Quel intérêt, dit le peuple d'Israël, prenonsviendra le fils d'lsaï? O David! pourvoyez à nous à David; et que nous importe ce que devotre maison, et à la tribu de Juda. Pour nous, allons-nous-en chacun chez nous, sans nous soucier de David ni de sa race. » Jérusalem, le temple, la religion, la loi de Moïse furent aussi oubliés; et le peuple ne fut plus sensible qu'à

sa vengeance.

Enfin, en huitième lieu, quoique l'attentat du peuple fùt inexcusable, Dieu sembla vouloir ensuite autoriser le nouveau royaume qui s'établit par ce soulèvement: et il défendit à Roboam de faire la guerre aux tribus révoltées, volonté, » par ma permission expresse, et par « parce que, dit-il 3, tout cela s'est fait par ma un juste conseil. Jeroboam paraît devenir un roi légitime, par le don que Dieu lui fit du noufurent de vrais rois, que Dieu fit sacrer par ses veau royaume. Ses successeurs constamment prophètes. Ce n'était pas qu'il aimât ces princes, qui faisaient régner toutes sortes d'idolâtries et de méchantes actions; mais il voulut laisser aux rois un monument éternel, qui leur fit sentir combien leur dureté envers leurs sujets était odieuse à Dieu et aux hommes.

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