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contre eux, ils doivent alors se ressouvenir que Jésus-Christ les a « envoyés comme des brebis au milieu des loups'. »

menacéc, le saint évêque était à l'autel, de-enfants, il permet que la persécution s'échauffe mandant à Dieu, avec larmes, qu'il n'y eût point de sang répandu, ou du moins qu'il plût à Dieu de se contenter du sien. « Je commençai, dit-il, à pleurer amèrement en offrant le sacrifice, priant Dieu de nous aider de telle sorte, qu'il n'y eût point de sang répandu dans la cause de l'Eglise : qu'il n'y eût du moins que le mien qui fût versé, non-seulement pour le peuple, mais même pour les impies. »

Dieu écouta des prières si ardentes: l'Eglise fut victorieuse, il n'en coûta le sang à per

sonne.

Peu de temps après, Justine et son fils, presque abandonnés de tout le monde, eurent recours à saint Ambroise, et ne trouvèrent de fidèlité ni de zèle pour leur service, qu'en cet évêque, qui s'était opposé à leurs desseins dans la cause de Dieu et de l'Eglise.

Voilà ce que peuvent les remontrances respectueuses: voilà ce que peuvent les prières. Ainsi faisait la reine Esther: ayant conçu le dessein de fléchir Assuérus, son mari, après qu'il eut résolu de sacrifier tous les Juifs à la vengeance d'Aman, elle fit dire à Mardochée 2: « Assemblez tous les Juifs que vous trouverez à Suse, et priez pour moi. Ne mangez ni ne buvez pendant trois jours et trois nuits. Je jeûnerai de même avec mes femmes : après, je m'exposerai à perdre la vie, et je parlerai au roi, contre la loi, sans attendre qu'il m'appelle.» Quand elle parut devant le roi, « les yeux étincelants de ce prince témoignèrent sa colere: mais Dieu, se ressouvenant des prières d'Esther, et de celles des Juifs, changea la fureur du roi en douceur. » Et les Juifs furent délivrés à la considération de la reine.

Ainsi quand le prince des apôtres fut arrêté prisonnier par Hérode, « toute l'Eglise priait pour lui sans relâche *. » Et Dieu envoya son ange pour le délivrer. Voilà les armes de l'Eglise; des vœux, et des prières persévérantes. Saint Paul, prisonnier pour Jésus-Christ, n'a que ce secours et ces armes. «Préparez-moi un logement; car j'espère que Dieu me donnera à vos prières". »

En effet, il sortit de prison: « et il fut délivré de la gueule du lion . » Il appelle ainsi Néron, l'ennemi non-seulement des Chrétiens, mais de tout le genre humain.

Que si Dieu n'écoute pas les prières de ses fidèles; si, pour éprouver et pour châtier ses

Ambr., ep. xxt, al. xi, n. 5, col. 853.

xv, 10, 11; et VIII, IX. - Act., Xil, 5 et seq. - II. Tim., IV, 17.

22.

Esth., IV, 16.-' lb., Epist. ad Phil.,

Voilà une doctrine vraiment sainte, vraiment digne de Jésus-Christ et de ses disciples.

ARTICLE III.

DEUX DIFFICULTÉS TIRÉES DE L'ÉCRITURE: DE DAVID
ET DES MACHABÉES.
PREMIÈRE PROPOSITION. La conduite de David ne favorise pas
la rébellion.

David, persécuté par Saül, ne se contenta pas de prendre la fuite, mais encore « il assembla ses frères et ses parents; tous les mécontents, tous ceux qui étaient accablés de dettes, et dont les affaires étaient en mauvais état, se joignirent à lui au nombre de quatre cents, et il fut leur capitaine 2. »

Il demeura en cet état dans la Judée, armé contre Saül qui l'avait déclaré son ennemi, ct qui le poursuivit comme tel avec toutes les forces d'Israël 3.

Il se retira enfin dans le royaume d'Achis, roi des Philistins, avec lequel il traita, et en obtint la ville de Siceleg *.

Achis regardait tellement David comme l'ennemi juré des Israélites, qu'il le mena avec lui les allant combattre, et lui dit : « Je vous donnerai ma vie en garde tout le reste de mcs jours. »

En effet, David et ses gens marchaient à la quene avec Achis; et il ne se retira de l'armée des Philistins, que lorsque les satrapes, qui se défiaient de lui, obligèrent le roi à le congé

dier.

Il paraît qu'il ne se retire qu'à regret. « Qu'aije fait, dit-il à Achis", et qu'avez-vous remarqué en moi qui vous déplaise depuis que je suis avec vous, pour m'empêcher de vous suivre, et de combattre les ennemis du roi mon scigneur? »

Etre armé contre son roi, traiter avec ses ennemis, aller combattre avec eux contre son peuple voilà tout ce que peut faire un sujet rebelle.

Mais, pour justifier David, il ne faut que considérer toutes les circonstances de l'histoire.

Ce n'était pas un sujet comme les autres; il était choisi de Dieu pour succéder à Saül, et déjà Samuel l'avait sacré 3.

Matth., x, 16. - I. Reg., xxu, 1, 2. 3; XXVI, 1, 2, 3, 4. — Ibid., xxvII, 6. • Ibid., XXIX, 1, 2, 3, etc. - Ibid., 8.

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' ibid., 6, 7; XXIV, 2, Ibid., XXVII, 1, 2. — Ibid., XVI, 12, 13.

Ainsi le bien public, autant que son intérêtsi, pour la même raison, il témoigne qu'il ne particulier, l'obligeait à garder sa vie, que Saül se retire qu'à regret : c'est un effet de la même lui voulait ôter injustement. adresse qui lui avait sauvé la vie.

Son intention toutefois n'était pas de demeurer en Israël, avec ces quatre cents hommes qui suivaient ses ordres. « Il s'était retiré auprès du roi de Moab, avec son père et sa mère, jusqu'à ce qu'il plût à Dieu de déclarer sa volonté 1. »

Ce fut un ordre de Dieu, porté par le prophète Gad, qui l'obligea de demeurer dans la terre de Juda, où il était plus aimé, parce que c'était sa tribu.

Au reste il n'en vint jamais à aucun combat contre Saül, ni contre son peuple. Il fuyait de désert en désert, seulement pour s'empêcher d'être pris '.

Etant dans le Carmel, au plus riche pays de la Terre-Sainte, et au milieu des biens de Nabal, l'homme le plus puissant du pays, il ne lui enleva jamais une brebis dans un immense troupeau; et loin de le vexer, il le défendait contre les courses des ennemis *.

Quelque cruelle que fût la persécution qu'on lui fit, il ne perdit jamais l'amour qu'il avait pour son prince, dont il regarda toujours la personne comme sacrée ".

<< Il sut que les Philistins attaquaient la ville de Ceilan, et pillaient les environs. Il y fut avec ses gens; il tailla en pièces les Philistins, il leur prit leur bagage et leur butin, et sauva ceux de Ceilan 6. »

« Ses gens s'opposaient à ce dessein. Quoi, disaient-ils, à peine pouvons-nous vivre en sûreté dans la terre de Juda? que n'aurons-nous pas à craindre si nous marchons vers Ceilan, contre les Philistins 7?» mais le zèle de David l'emporta sur leur crainte.

C'est ainsi que, poursuivi à outrance, il ne perd jamais le désir de servir son prince et son

pays.

Il est vrai qu'à la fin il se retira chez Achis, et qu'il traita avec lui. Mais encore qu'il eût l'adresse de persuader à ce prince qu'il faisait des courses sur les Juifs; en effet il n'enlevait rien qu'aux Amalécites, et aux autres ennemis du peuple de Dieu.

Quant à la ville que lui donna le roi Achis, il l'incorpora au royaume de Juda: et le traité qu'il fit avec l'ennemi profita à son pays.

Que si pour ne point donner de défiance à Achis, il le suit quand il marche contre Saül;

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Il faut tenir pour certain que dans cette dernière rencontre il n'eût pas plus combattu contre son peuple, qu'il avait fait jusqu'alors. Il était à la queue du camp avec le roi des Philistins', auquel il paraît assez que la coutume de ces peuples ne permettait pas de se hasarder. De savoir ce qu'il eût fait dans la mêlée, si le combat fût venu jusqu'au roi Achis; c'est ce qu'on ne peut deviner. Ces grands hommes, abandonnés à la Providence divine, apprennent sur l'heure ce qu'ils ont à faire; et après avoir poussé la prudence humaine jusqu'où elle peut aller, ils trouvent, quand elle est à bout, des secours divins qui, contre toute espérance, les dégagent des inconvénients où ils semblaient devoir être inévitablement enveloppés.

II PROP. Les guerres des Machabées n'autorisent point
les révoltes.

Les Juifs, conquis par les Assyriens, étaient passés successivement sous la puissance des Perses, sous celle d'Alexandre, et enfin sous celle des rois de Syrie.

Il y avait environ trois cent cinquante ans qu'ils étaient dans cet état; et il y en avait cent cinquante qu'ils reconnaissaient les rois de Syrie, lorsque la persécution d'Antiochus l'Illus tre leur fit prendre les armes contre lui, sous la conduite des Machabées. Ils firent longtemps la guerre, durant laquelle ils traitèrent avec les Romains et avec les Grecs contre les rois de Syrie, leurs légitimes seigneurs, dont enfin ils secouèrent le joug, et se firent des princes de leur nation.

Voilà une révolte manifeste: ou, si ce n'en est pas une, cet exemple semble montrer qu'un gouvernement tyrannique, et surtout une violente persécution, où les peuples sont tourmentés pour la véritable religion, les exempte de l'obéissance qu'ils doivent à leurs princes.

Il ne faut nullement douter que la guerre des Machabées ne fût juste, puisque Dieu même l'a approuvée : mais si on remarque les circonstances du fait, on verra que cet exemple n'autorise pas les révoltes que le motif de la religion a fait entreprendre depuis.

La religion véritable, jusqu'à la venue du Messie, devait se perpétuer dans la race d'Abraham, et par la trace du sang.

Elle devait se perpétuer dans la Judée, dans Jérusalem, dans le temple, lieu choisi de Dieu

I. Reg., XXIX, 2.

pour y offrir les sacrifices, et y exercer les céré- | les Israélites, et les restes de Jérusalem: et pour monies de la religion, interdites partout ailleurs.

Il était donc de l'essence de la religion, que les enfants d'Abraham subsistassent toujours, et subsistassent dans la terre donnée à leurs pères, pour y vivre selon la loi de Moïse: dont aussi les rois de Perse, et les autres jusqu'à Antiochus, leur avaient toujours laissé le libre exercice.

Cette famille d'Abraham, fixée dans la TerreSainte, en devait être transportée une seule fois par un ordre exprès de Dieu, mais non pour en être éternellement bannie. Au contraire le prophète Jérérnie qui avait porté au peuple l'ordre de passer à Babylone, où Dicu voulait qu'ils subissent la peine due à leurs crimes, leur avait en même temps promis qu'après soixante et dix ans de captivité ils seraient rétablis dans leur terre, pour y pratiquer, comme auparavant, la loi de Moïse, et y exercer leur religion à l'ordinaire dans Jérusalem, et dans le temple rebâti'. Le peuple ainsi rétabli devait toujours demeurer dans cette terre, jusqu'à l'arrivée de Jésus-Christ; auquel temps Dieu devait former un nouveau peuple, non plus du sang d'Abraham, mais de tous les peuples du monde ; et disperser en captivité par toute la terre les Juifs infidèles à leur Messie.

Mais auparavant ce Messie devait naître dans cette race, et commencer dans Jérusalem, au milieu des Juifs, cette Eglise qui devait remplir tout l'univers. Ce grand mystère de la religion est attesté par tous les prophètes; et ce n'est pas ici le lieu d'en rapporter les passages.

Sur ces fondements il paraît que laisser éteindre la race d'Abraham, ou souffrir qu'elle fût chassée de la Terre-Sainte au temps des rois de Syrie, c'était trahir la religion, et anéantir le culte de Dieu.

Il ne faut plus maintenant que considérer quel était le dessein d'Antiochus.

Il ordonna que les Juifs quittassent leur loi pour vivre à la mode des Gentils, sacrifiant aux mêmes idoles, et renonçant à leur temple, qu'il fit profaner, jusqu'à y mettre sur l'autel de Dieu l'idole de Jupiter Olympien 3.

effacer dans la Judée la mémoire du peuple de Dieu, y établir les étrangers, et leur distribuer par sort toutes les terres 1. »

Il avait résolu de vendre aux Gentils tout ce qui échapperait à la mort : et les marchands des peuples voisins vinrent en foule avec de l'argent pour les acheter'.

Ce fut dans cette déplorable extrémité, que Judas le Machabée prit les armes avec ses frères, et ce qui restait du peuple juif. Quand ils virent le roi implacable tourner toute sa puissance « à la ruine totale de la nation, ils se dirent les uns aux autres: Ne laissons pas détruire notre peuple, combattons pour notre patrie, et pour notre religion, qui périrait avec nous3. » Si des sujets ne doivent plus rien à un roi qui abdique la royauté, et qui abandonne tout à fait le gouvernement: que penserons-nous d'un roi qui entreprendrait de verser le sang de tous ses sujets, et qui, las de massacres, en vendrait le reste aux étrangers? Peut-on renoncer plus ouvertement à les avoir pour sujets, ni se déclarer plus hautement, non plus le roi et le père, mais l'ennemi de tout son peuple?

C'est ce que fit Antiochus à l'égard de tous les Juifs, qui se virent non-seulement abandonnés, mais exterminés en corps par leur roi; et cela sans avoir fait aucune faute, comme Antiochus lui-même est contraint, à la fin, de le reconnaître. « Je me souviens des maux que j'ai faits dans Jérusalem, et des ordres que j'ai donnés sans raison, pour exterminer tous les habitants de la Judée *. »

Mais les Juifs étaient encore en termes bien plus forts, puisque, selon la constitution de ces temps et de l'ancien peuple, avec eux périssait la religion; et que c'était y renoncer que de renoncer à leur terre. Ils ne pouvaient donc se laisser ni vendre, ni transporter, ni détruire en corps et en ce cas la loi de Dieu les obligeait manifestement à la résistance.

Dieu aussi ne manqua pas à leur déclarer sa volonté, et par des succès miraculeux, et par les ordres exprès que Judas reçut, lorsqu'il vit en esprit le prophète Jérémie a qui lui mettait en main une épée d'or en prononçant ces pa

Il ordonna la peine de mort contre ceux qui roles: Recevez cette sainte épée que Dieu vous désobéiraient".

du

Il vint à l'exécution: toute la Judée regorgeait sang de ses enfants".

Il assembla toutes ses forces « pour détruire

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envoie, assuré qu'avec elle vous renverserez les ennemis de mon peuple d'Israël 3. »

C'est à Dieu de choisir les moyens de conserver son peuple. Quand Assuérus, surpris par

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les artifices d'Aman, voulut exterminer tout le | les rois de Syrie firent la paix avec eux, et autopeuple juif, Dieu rompit ce dessein impie, risèrent les princes qu'ils avaient choisis, les changeant, par le moyen de la reine Esther, le traitant d'amis et de frères de sorte que tous cœur de ce roi, qu'une malheureuse facilité les titres de puissance légitime concoururent à plutôt qu'une malice obstinée avait engagé dans les établir. un si grand crime. Mais pour le superbe Antiochus, qui faisait ouvertement la guerre au ciel, Dieu voulut l'abattre d'une manière plus haute; et il inspira à ses enfants un courage contre lequel les richesses, la force et la multitude ne furent que d'un secours fragile.

Dieu leur donna tant de victoires, qu'à la fin

REMARQUE.

concernant les devoirs de la sujétion sous l'autorité légitime, On trouvera ces deux difficultés, et plusieurs autres matières traitées à fond dans le cinquième Avertissement contre le ministre Jurieu, et dans la Défense de l'Histoire des Variations contre le ministre Basnage.

1 I. Mach., XI, 24, 25, etc.; xiv, 38, 39, etc.; xv, 1, 2, etc.

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PREMIÈRE PROPOSITION. Dans l'ignorance et la corruption du genre humain, il s'y est toujours conservé quelques principes de religion.

Il est vrai que saint Paul parlant aux peuples de Lycaonie, il leur dit que « Dieu avait laissé

En troisième lieu, il faut sauver les incon- toutes les nations aller chacune dans leurs vénients dont il est menacé.

Ainsi se conserve le corps humain, en y maintenant une bonne constitution; en se prévalant des secours dont la faiblesse des choses humaines veut être appuyée; en lui procurant les remèdes convenables contre les inconvénients et les maladies dont il peut être attaqué. La bonne constitution du corps de l'Etat consiste en deux choses, dans la religion et dans la justice ce sont les principes intérieurs et constitutifs des Etats. Par l'une, on rend à Dieu ce qui lui est dû, et par l'autre, on rend aux hommes ce qui leur convient.

Les secours essentiels à la royauté et nécessaires au gouvernement, sont les armes, les conseils, les richesses ou les finances, où on parlera du commerce et des impôts.

Enfin nous finirons par la prévoyance des inconvénients qui accompagnent la royauté, et des remèdes qu'on y doit apporter.

voies 1. » Commé s'il les avait entièrement abandonnées à elles-mêmes, et à leurs propres pensées en ce qui regarde le culte de Dieu, sans leur en laisser aucun principe. Il ajoute cependant, au même endroit : « qu'il ne s'était pas laissé lui-même sans témoignage, répandant du ciel ses bienfaits, donnant la pluie et les temps propres à produire des fruits; remplissant nos cœurs de la nourriture convenable, et de joie. >> Ce qu'il n'aurait pas dit à ces peuples ignorants, si, malgré leur barbarie, il ne leur fût resté quelque idée de la puissance et de la bonté divine.

On voit aussi parmi ces barbares une connaissance de la divinité, à laquelle ils voulaient sacrifier. Et cette espèce de tradition de la divinité, du sacrifice et de l'adoration instituée pour la reconnaître, se trouve, dès les premiers temps, si universellement répandue parmi les

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qu'elle ne peut être venue que de Noé et de ses enfants.

nations où il y a quelque cspèce de police, | grand que soi; l'autre, qu'on jure par quelque chose d'immuable. D'où le même apôtre conclut que « le serment fait parmi les hommes le dernier affermissement, la dernière et finale décision des affaires. »

Ainsi, quoique le même saint Paul, parlant aux Gentils convertis à la foi, leur ait dit « qu'ils étaient auparavant sans Dieu en ce monde ; » il ne veut pas dire qu'ils fussent absolument sans divinité puisqu'il reproche ailleurs aux Gentils « qu'ils se laissaient entraîner à l'adoration des idoles sourdes et muettes 2. »

3

Si donc il reproche aussi aux Athéniens les temps d'ignorance, où l'on vivait sans connaissance de Dieu, c'est seulement pour leur dire qu'ils n'avaient de Dieu que des connaissances confuses et pleines d'erreur; quoiqu'au reste ils ne fussent pas tout à fait destitués de la connaissance de Dieu, puisque même ils l'adoraient quoique inconnu ', et qu'ils lui rendissent dans leur ignorance quelque sorte de culte.

De semblables idées de la divinité se trouvent dans toute la terre de toute antiquité et c'est ce qui fait qu'on ne trouve aucun peuple sans religion, de ceux du moins qui n'ont pas été absolument barbares, sans civilité et sans police.

Ile PROP. Ces idées de religion avaient, dans ces peuples, quelque chose de ferme et d'inviolable.

« Passez aux îles de Céthim, disait Jérémie, et envoyez en Cédar (aux pays les plus éloignés de l'Orient et de l'Occident). Considérez attentivement ce qui s'y passe; et voyez si une seule de ces nations a changé ses dieux : et cependant ce ne sont pas des dieux. » Ces principes de religion étaient donc réputés pour inviolables: et c'est aussi par cette raison qu'on a eu tant de peine d'en retirer ces nations.

III PROP. Ces principes de religion, quoique appliqués à l'idolâtrie et à l'erreur, ont suffi pour établir une constitution stable d'Etat et de gouvernement.

Autrement il s'ensuivrait qu'il n'y aurait point de véritable et légitime autorité hors de la vraie religion et de la vraie Eglise ce qui est contraire à tous les passages où l'on a vu que le gouvernement des empires, même idolâtres, et où règne l'infidélité, était saint, inviolable, ordonné de Dieu, et obligatoire en

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Il y faut encore ajouter une troisième condition: c'est qu'on jure par une puissance qui pénètre le plus secret des consciences; en sorte qu'on ne peut la tromper, ni éviter la punition du parjure.

Cela posé, et le serment étant établi parmi toutes les nations, cette religion établit en même temps la sûreté la plus grande qui puisse être parmi les hommes, qui s'assurent les uns les autres par ce qu'ils jugent le plus souverain, le plus stable, et qui seul se fait sentir à la conscience.

C'est pourquoi il a été établi, qu'en deux cas, où la justice humaine ne peut rien dont l'un est quand il faut traiter entre deux puissances égales, et qui n'ont rien au-dessus d'elles, et l'autre est lorsqu'il faut juger des choses cachées, et dont on n'a pour témoin ni pour arbitre que la conscience, il n'y a point d'autre moyen d'affermir les choses, que par la religion du serment.

Pour cela, il n'est pas absolument nécessaire qu'on jure par le Dieu véritable; et il suffit que chacun jure par le Dieu qu'il reconnaît. Ainsi, comme le remarque saint Augustin', on affermissait les traités avec les Barbares par les serments en leurs dieux: Juratione barbarica. Ce

que ce Père prouve par le serment qui affermit le traité de paix entre Jacob et Laban, chacun d'eux jurant par son Dieu : Jacob par le vrai Dieu, « qui avait été redouté et révéré par son père Isaac » et Laban, idolâtre, jurant par ses dieux comme il paraîtra à ceux qui sauront le bien entendre.

2

C'est donc ainsi que la religion, vraie ou fausse, établit la bonne foi entre les hommes; parce qu'encore que ce soit aux idolâtres une impiété de jurer par de faux dieux, la bonne foi du serment qui affermit un traité n'a rien d'impie, étant au contraire en elle-même inviolable et sainte, comme l'enseigne le même docteur au même lieu. C'est pourquoi Dieu n'a pas laissé d'être le vengeur des faux serments entre les infidèles; parce que encore que les serments par les faux dieux soient en abomination devant lui, il n'en est pas moins le protecteur de la bonne foi qu'on veut établir par ce moyen.

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