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XIe PROP. Il ne faut pas aisément changer d'avis après une mûre délibération.

Mais autant qu'il faut être lent à se résoudre, autant faut-il être ferme, quand on s'est déterminé avec connaissance. « N'entrez point en toutes voies,» vous a dit le Sage'; et il ajoute : « C'est ainsi que va le pécheur, dont la langue est double. » C'est-à-dire qu'il dit, et se dédit, sans jamais s'arrêter à rien. Il poursuit : « Soyez fermes dans la vérité de votre sens, et que votre discours soit un : » qu'il ne change pas aisément, selon le grec.

ARTICLE II.

DE LA MOLLESSE, DE L'IRRÉSOLUTION ET DE LA FAUSSE FERMETÉ.

PREMIÈRE PROPOSITION. La mollesse est l'ennemie du gouvernement caractère du paresseux, et de l'esprit indécis.

« La main des forts dominera; la main nonchalante paiera tribut . » Un grand roi le dit : c'est Salomon. Au lieu des forts, l'hébreu porte de ceux qui sont appliqués et attentifs. L'attention est la force de l'âme.

« Le paresseux veut, et ne veut pas les hommes laborieux s'engraisseront . » L'hébreu porte encore les hommes attentifs et appliqués.

Celui qui veut mollement veut sans vouloir : il n'y a rien de moins propre à exercer le commandement, qui n'est qu'une volonté ferme et résolue.

Il ne veut rien; il n'a que des désirs languissants. « Les désirs tuent le paresseux; il ne veut point travailler : il ne fait que souhaiter tout le long du jour *. » Il voudrait toujours, il ne veut jamais.

Aussi rien ne lui réussit: il perd toutes les affaires. «Qui est mou et languissant dans son ouvrage est frère du dissipateur 3. »

:

Nous avons dit que la crainte ne convient pas au commandement le paresseux craint toujours, tout lui paraît impossible. « Le paresseux dit: Il y a un lion dans le chemin, je serai tué au milieu des rues. » Et encore : « Le paresseux dit : Il y a un lion dans le chemin; une lionne attend sur le passage. Le paresseux se roule en son lit, comme une porte sur son gond. » Assez de mouvement, peu d'action. Et ensuite « Le paresseux cache sa main sous ses bras, et ce lui est un travail de la porter à sa bouche 7. »

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Les affaires, en effet, sont difficiles on n'en surmonte la difficulté que par une activité infatigable. On manque tous les jours tant d'entreprises, que ce n'est qu'à force d'agir sans cesse qu'on assure le succès de ses desseins. « Semez donc le matin; ne cessez pas le soir : vous ne savez lequel des deux profilera; et si c'est tous les deux, tant mieux pour vous *. >>

Ile PROP. Il y a une fausse fermeté.

L'opiniâtreté invincible de Pharaon le fait voir. C'était endurcissement, et non fermeté. Cette dureté est fatale à lui et à son royaume. L'Ecriture en fait foi dans tout le livre de l'Exode.

La force du commandement poussée trop loin; jamais plier, jamais condescendre, jamais se relâcher, s'acharner à vouloir être obéi à quelque prix que ce soit ; c'est un terrible fléau de Dieu sur les rois et sur les peuples.

Celui qui a dit : « Ne tournez pas à tout vent,» avait dit un peu auparavant : « Ne forcez point le cours d'un fleuve . » Il y a une légèreté, et aussi une raideur excessive.

Une fausse fermeté conseillée à Roboam, par des jeunes gens sans expérience, lui fit perdre dix tribus. Le peuple demandait d'être un peu soulagé des impôts très-grands que Salomon exigeait soit qu'ils se plaignissent sans raison d'un prince qui avait rendu l'or et l'argent communs dans Jérusalem, ou qu'en effet Salomon les cût grevés dans le temps qu'il donna tout à ses passions. Les vieillards, qui connaissaient l'état des affaires, et l'humeur du peuple juif, lui conseillaient de l'apaiser avec de douces paroles suivies de quelques effets : « Si vous donnez quelque chose à leurs prières, et que vous leur parliez doucement, ils vous serviront toute votre vie. »

Mais la jeunesse téméraire, qu'il consulta dans la suite, se moqua de la prévoyance des vieillards, et lui conseilla, non un simple re

Prov., XVII, 8. Eccle., x, 18. - Eccli., XXXI, 27. Eccli., XI, 6.- Eccli., v, 11. — Ibid., IV, 32. III. Reg., XII, 7.

Pilate avait succombé intérieurement à la tentation de la faveur, quand il se laissa forcer à crucifier Jésus-Christ. Il avait beau avoir en main toute la puissance romaine dans la Judée ; il n'était pas puissant, puisqu'il ne put résister à l'iniquité connue.

fus, mais un refus accompagné de paroles dures | prophète, et n'aurait pas eu la faiblesse de saet de menaces insupportables: « Mon petit doigt, crifier un innocent à leur jalousie 1. leur dit-il, est plus gros que tout le corps de mon père; mon père vous a foulés, et moi je vous foulerai encore davantage; mon père vous a fouettés avec des verges, et moi je vous fouetterai avec des chaînes de fer: et le roi n'acquiesça pas au désir du peuple, parce que Dieu s'était éloigné de lui, et voulait accomplir ce qu'il avait dit contre Salomon, qu'en punition de ses crimes il partagerait son royaume après

sa mort. >>

Ainsi cette dureté de Roboam était un fléau envoyé de Dieu, et une juste punition tant de Salomon que de lui.

Les jeunes gens qu'il consultait ne manquaient pas de prétextes il faut soutenir l'autorité Qui se laisse aller au commencement, on lui met à la fin le pied sur la gorge. Mais par dessus tout cela il fallait connaître les dispositions présentes, et céder à une force qu'on ne pouvait vaincre. Les bonnes maximes outrées perdent tout. Qui ne veut jamais plier casse tout à coup.

III PROP. Le prince doit commencer par soi-même à commander avec fermeté, et se rendre maitre de ses passions.

David, quelque grand roi qu'il fût, n'était plus puissant, quand sa puissance ne lui servit qu'à des actions qu'il a pleurées toute sa vie, et qu'il eût voulu n'avoir pas pu faire.

Salomon n'était plus puissant, quand sa puissance le rendit le plus faible de tous les hommes.

Hérode n'était point puissant, lorsque, désirant de sauver saint Jean-Baptiste, dont une malheureuse lui demandait la tête, il n'osa le faire, « de peur de la fâcher 2. » Il entra dans son crime quelque égard pour les assistants, devant lesquels il craignit de paraître faible, s'il manquait d'accomplir le serment qu'il avait fait. « Le roi était fâché d'avoir promis la tête de saint Jean-Baptiste; mais à cause du serment qu'il avait fait, et des assistants, il commanda qu'on la donnât 3. »

C'est la plus grande de toutes les faiblesses,

« Ne marchez point après vos désirs, retirez-que de craindre trop de paraître faible. vous de votre propre volonté. Si vous suivez vos désirs, vous donnerez beaucoup de joie à vos ennemis. » Il faut donc résister à ses propres volontés, et être ferme premièrement contre soi-même.

Le premier de tous les empires est celui qu'on a sur ses désirs. « Ta cupidité te sera soumise, et tu la domineras *. »

C'est la source et le fondement de toute l'autorité. Qui l'a sur soi-même mérite de l'avoir sur les autres. Qui n'est pas maître de ses pas sions n'a rien de fort, car il est faible dans le principe.

Sédécias, qui disait aux grands 3: « Le roi ne vous peut rien refuser, » n'était faible devant eux, que parce qu'il l'était en lui-même, et ne savait pas maîtriser sa crainte.

Evilmerodac, abattu par la même passion, se laissa maltraiter et abattre par les seigneurs qui lui disaient: «Livrez-nous Daniel, ou nous vous tuerons 6. >>

Si Darius eût eu assez de force sur lui-même pour soutenir la justice, il aurait eu de l'autorité sur les grands qui lui demandaient le même

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Tout cela fait connaître qu'il n'y a point de puissance, si on n'est premièrement puissant sur soi-même; ni de fermeté véritable, si on n'est premièrement ferme contre ses propres passions.

IVe PROP. La crainte de Dieu est le vrai contre-poids de la puissance le prince le craint d'autant plus qu'il ne doit craindre que lui.

« Il faut souhaiter, dit saint Augustin, d'avoir une volonté droite, avant que de souhaiter d'avoir une grande puissance. >>

Pour établir solidement le repos public, et affermir un Etat, nous avons vu que le prince a dû recevoir une puissance indépendante de toute autre puissance qui soit sur la terre. Mais il ne faut pas pour cela qu'il s'oublie, ni qu'il s'emporte, puisque moins il a de compte à rendre aux hommes, plus il a de compte à rendre à Dieu.

Les méchants, qui n'ont rien à craindre des hommes, sont d'autant plus malheureux, qu'ils sont réservés comme Caïn à la vengeance divine.

« Dieu mit un signe sur Caïn, afin que personne ne le tuât*. » Ce n'est pas qu'il pardon

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nat à ce parricide; mais il fallait une main di- | des enfants d'Ammon; tu lui as ravi sa femme. vine pour le punir comme il le méritait.

Il traite les rois avec les mêmes rigueurs. L'impunité à l'égard des hommes les soumet à des peines plus terribles devant Dieu. Nous avons vu que la primauté de leur état leur attire une primauté dans les supplices. « La miséricorde est pour les petits; mais les puissants seront puissamment tourmentés aux plus grands est préparé un plus grand tourment '. »

Considérez comme Dicu les frappe dès cette vie. Voyez comme il traite un Achab; comme il traite un Antiochus; comme il traite un Nabuchodonosor, qu'il relègue parmi les bêtes; un Balthasar, à qui il dénonce sa mort et la ruine de son royaume, au milieu d'une grande fête qu'il faisait à toute sa cour; enfin, comme il traite tant de méchants rois : il n'épargne pas la grandeur, mais plutôt il la fait servir d'exemple. Que ne fera-t-il point contre les rois impénitents, s'il traite si rudement David humilié devant lui, qui lui demande pardon! « Pourquoi as-tu méprisé ma parole, et as-tu fait le mal devant mes yeux? Tu as tué Urie par le glaive

Sap., vi, 6, 7, 9.

Le glaive s'attachera à la maison à jamais, parce que tu m'as méprisé. Et voici ce que dit le Seigneur : Je susciterai contre toi ton propre fils: je te ravirai tes femmes, et les donnerai à un autre qui en abusera publiquement, et à la lumière du soleil. Tu l'as fait en secret, et tu as cru pouvoir cacher ton crime; et moi j'en ferai le châtiment à la vue de tout le peuple, et devant le soleil: parce que tu as fait blasphemer les ennemis du Seigneur 1. »

Dieu le fit comme il l'avait dit, et il n'est pas nécessaire de rapporter ici la révolte d'Absalon et toutes ses suites.

Ces châtiments font trembler. Mais tout ce que Dieu exerce de rigueur et de vengeance sur la terre, n'est qu'une ombre à comparaison des rigueurs du siècle futur. « C'est une chose horrible de tomber entre les mains du Dieu vivant. »

Il vit éternellement; sa colère est implacable, et toujours vivante, sa puissance est invincible; il n'oublie jamais; il ne se lasse jamais; rien ne lui échappe.

II. Reg., XII, 9, 10, etc. - 'Heb., X, 31.

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«Maintenant, ô rois! entendez; soyez instruits, mener les hommes, et un troupeau raisonnable! juges de la terre 1. »

Tous les hommes sont faits pour entendre; mais vous principalement sur qui tout un grand peuple se repose, qui devez être l'âme et l'inteiligence d'un Etat, en qui se doit trouver la raison première de tous ses mouvements; moins vous avez à rendre de raison aux autres, plus vous devez avoir de raison et d'intelligence en vous-mêmes.

Le contraire d'agir par raison. c'est agir par passion ou par humeur. Agir par humeur, ainsi qu'agissait Saül contre David, ou poussé par sa jalousie, ou possédé par sa mélancolie noire, entraîne toute sorte d'irrégularité, d'incons

1 Ps. II, 10.

« Le Seigneur a pris David comme il menait les brebis, pour lui donner à conduire Jacob son serviteur, et Israël son héritage, et il les a conduits dans l'innocence de son cœur, d'une main habile et intelligente '.»

Tout se fait parmi les hommes par l'intelligence, et par le conseil. « Les maisons se batissent par la sagesse, et s'affermissent par la prudence. L'habileté remplit les greniers, et amasse les richesses. L'homme sage est courageux : l'homme habile est robuste et fort, parce que la guerre se fait par conduite, et par industrie: et le salut se trouve où il y a beaucoup de conseils 2. >>

Ps. LXXVII, 70, 71, 72. — Prov., XXIV, 3, 4, 5, 6.

La sagesse dit elle-même : « C'est par moi que les rois règnent: par moi les législateurs prescrivent ce qui est juste1. »

Elle est tellement née pour commander, qu'elle donne l'empire à qui est né dans la servitude. «Le sage serviteur commandera aux enfants de la maison qui ne sont pas sages, et il fera leurs partages. » Et encore : « Les personnes libres s'assujettiront à un serviteur sensé 3. »

Dieu, en installant Josué, lui ordonne d'étudier la loi de Moïse, qui était la loi du royaume, « afin, dit-il*, que vous entendiez tout ce que vous faites. » Et encore : « Alors vous condui- | rez vos desseins, et vous entendrez ce que vous faites. >>

David en dit autant à Salomon, dans les dernières instructions qu'il lui donna en mourant. « Prenez garde à observer la loi de Dieu, afin que vous entendiez tout ce que vous faites, et de quel côté vous aurez à vous tourner3. >>

Qu'on ne vous tourne point; tournez-vous vous-même avec connaissance; que la raison dirige tous vos mouvements: sachez ce que vous faites, et pourquoi vous le faites.

ger de vos ennemis, mais que vous avez demandé la sagesse pour juger avec discernement: j'ai fait selon vos paroles, et je vous ai donné un cœur sage et intelligent, en sorte qu'il n'y eut jamais, ni jamais il n'y aura un homme si sage que vous. Mais je vous ai encore donné ce que vous ne m'avez pas demandé : c'est-à-dire les richesses et la gloire ; et jamais il n'y a eu roi qui en eut tant que vous en aurez. »

Ce songe de Salomon était une extase, cù l'esprit de ce grand roi, séparé des sens et uni à Dieu, jouissait de la véritable intelligence. Il vit en cet état, que la sagesse est la seule grace qu'un prince devait demander à Dieu.

Il vit le poids des affaires, et la multitude immense du peuple qu'il avait à conduire. Tant d'humeurs, tant d'intérêts, tant d'artifices, tant de passions, tant de surprises à craindre, tant de choses à considérer, tant de monde de tous côtés à écouter et à connaître : quel esprit y peut suffire?

Je suis jeune, dit-il, et je ne sais pas encore me conduire. L'esprit ne lui manquait pas, non plus que la résolution; car il avait déjà parlé d'un ton de maître à son frère Adonias; et dès le commencement de son règne il avait pris son parti dans une conjoncture décisive, avec autant de prudence qu'on en pouvait désirer : et toutefois il tremble encore, quand il voit cette suite immense de soins et d'affaires qui accompagnent la royauté; et il voit bien qu'il n'en peut sortir que par une sagesse consommée.

Il la demande à Dieu, et Dieu la lui donne : mais en même temps il lui donne tout le reste qu'il n'avait pas demandé : c'est-à-dire, et les richesses, et la gloire.

Il apprend aux rois que rien ne leur manque quand ils ont la sagesse, et qu'elle seule leur attire tous les autres biens.

Salomon avait appris de Dieu même combien la sagesse était nécessaire pour gouverner un grand peuple. « Dieu lui apparut en songe durant la nuit, et lui dit : Demandez-moi ce que vous voudrez: Salomon répondit : O Seigneur ! vous avez usé d'une grande miséricorde envers mon père David: comme il a marché devant vous en justice et en vérité d'un cœur droit, vous lui avez aussi gardé vos grandes miséricordes, et vous lui avez donné un fils assis sur son trône et maintenant, ô Seigneur Dieu ! vous avez fait régner votre serviteur à la place de David son père : et moi je suis un jeune homme, qui ne sais pas encore entrer ni sortir,» (c'est-à-dire, qui ne sais pas me conduire; qui ne sais par où commencer, ni par où finir les affaires.) « Et je me trouve au milieu du peuple que vous avez choisi, peuple infini et innombrable. Donnez donc à votre serviteur la sagesse et l'intelligence, et un cœur docile, afin qu'il puisse juger et gouverner votre peuple, et discerner entre le bien et le mal. Car qui pourra gouverner et juger ce peuple immense? La de-grain de sable, et l'argent comme de la boue: mande de Salomon plut au Seigneur Et il lui dit: Parce que vous avez demandé cette chose, et que vous n'avez point demandé une longue vie, ni de grandes richesses, ou de vous ven

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Nous trouvons un beau commentaire de la prière de Salomon dans le livre de la Sagesse, qui fait parler ainsi ce sage roi : « J'ai désiré le bon sens, et il m'a été donné; j'ai invoqué l'esprit de sagesse, et il est venu sur moi. J'ai préféré la sagesse aux royaumes et aux trônes; au prix de la sagesse les richesses m'ont paru comme rien: devant elle l'or m'a semblé un

elle est plus aimable que la santé et la bonne grâce. Je l'ai mise devant moi comme un flam· beau, parce que sa lumière ne s'éteint jamais. Tous les biens me sont venus avec elle, et j'ai reçu de ses mains la gloire, et des richesses immenses. »

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II PROP. La véritable fermeté est le fruit de l'intelligence.

« Considérez ce qui est droit, et que vos yeux précèdent vos pas; dressez-vous un chemin, et toutes vos démarches seront fermes '.» Qui voit devant soi marche sûrement.

Autant donc que la fermeté est nécessaire au gouvernement, autant a-t-il besoin de la sagesse.

Le caractère de la sagesse est d'avoir une conduite suivie. « L'homme sage est permanent comme le soleil; le fou change comme la lune 2. »

Le plus sage de tous les rois fait dire ces paroles à la sagesse « A moi appartient le conseil et l'équité; à moi la prudence, à moi la force 3. >>

Ces choses, à le bien prendre, sont inséparables.

« L'homme sage est courageux, l'homme habile est robuste et fort . »

Les brutaux n'ont qu'une fausse hardiesse. « Nabal était impérieux, et personne n'osait lui parler dans sa maison . » Tant qu'il crut n'avoir rien à craindre de David, il disait insolemment : « Qu'ai-je à faire de David, qui est le fils d'Isaï *? » Aussitôt qu'il eut appris que David avait juré sa perte, quoiqu'on lui eût dit que sa femme l'avait apaisé, « le cœur lui manqua: il demeura comme une pierre, et mourut au bout de dix jours 7. >>

Roboam est méprisé pour son peu de sens. << Salomon laissa après lui la folie de la nation, Roboam, qui manquait de prudence, et qui divisa le peuple par les mauvais conseils qu'il suivit &. >>

Comme il n'avait point de sagesse, il n'avait point de fermeté; et son propre fils est contraint de dire « Roboam était un homme malhabile et d'un courage tremblant, et il n'eut pas la force de résister aux rebelles. » Au lieu de malhabile et de courage tremblant, l'hébreu porte: « C'était un enfant tendre de cœur. » Ce n'est pas qu'il ne leur ait fait la guerre « Roboam et Jeroboam eurent toujours la guerre entre eux 10. >>

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au premier mouvement de la sédition, on lui voit honteusement prendre la fuite. « Roboam envoya Aduram, qui avait la charge de lever les tributs, et les enfants d'Israël le lapidèrent. Ce que Roboam n'eut pas plus tôt su qu'il se pressa de monter dans son chariot, et s'enfuit en Jérusalem; et le peuple d'Israël se sépara de la maison de David 1. »

Voilà l'homme qui se vantait d'être plus puissant que Salomon il parle superbement quand il croit qu'il fera peur à un peuple suppliant. A la première émeute, il tremble luimême, et il affermit les rebelles par sa fuite précipitée.

Ce n'est pas ainsi qu'avait fait son aïeul David. Quand il apprit la révolte d'Absalon, il vit ce qu'il y avait à craindre, et se retira promptement, mais en bon ordre et sans trop de précipitation, « marchant à pied avec ses gardes, et ce qu'il avait de meilleures troupes; et se posta dans un lieu désert et de difficile accès, en attendant qu'il eût des nouvelles de ceux qu'il avait laissés pour observer les mouvements du peuple. »

Il est vrai qu'il allait, en signe de douleur, « nus pieds, et la tête couverte, lui et tout le peuple pleurant 3. » Cela était d'un bon roi, et d'un bon père, qui voyait son fils bien-aimé à la tête des rebelles, et combien de sang il fallait répandre; et que c'était son péché qui attirait tous ces malheurs sur sa maison et sur son peuple.

Il s'abaissait sous la main de Dieu, attendant l'événement avec un courage inébranlable : « Si je suis agréable à Dieu, il me rétablira dans Jérusalem; que s'il me dit : Tu ne me plais pas, il est le maître; qu'il fasse ce qu'il trouvera le meilleur *. »

Etant donc ainsi résolu, il pourvoyait à tout avec une présence d'esprit admirable, et il trouva sans hésiter ce beau moyen qui dissipa les conseils d'Absalon et d'Achitophel.

Et quand, après la victoire, il vit Séba, fils de Bochri, qui ramassait les restes des séditieux, il ne se reposa pas sur l'avantage qu'il venait de remporter. « Et il dit à Abisaï: Séba nous fera plus de peine qu'Absalon : prenez donc tout ce qu'il y a ici de gens de guerre, de peur qu'il ne se jette dans quelque ville forte, et ne nous échappe . » Par cet ordre il assura le repos public, et étouffa la sédition dans sa naissance.

Voilà un homme vraiment fort, qui sait crain1 II. Par., x, 18, 19. 30.-Ibid., XV, 25, 26. —

II. Reg., xv, 14, 15, 17, 18, 28.- Ib.,
Ibid., 33, 34. - ' Ibid., XX, 6.

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