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Tantôt ce sont les feuilles jaunies que le vent poursuit, qui s'enfuient et se culbutent, frissonnantes, effarées, d'une course éperdue, se collant aux sillons, se noyant dans les fossés, se perchant sur les arbres'. Ici c'est le vent de la nuit qui tourne autour d'une église, qui tâte en gémissant, de sa main invisible, les fenêtres et les portes, qui s'enfonce dans les crevasses, et qui, enfermé dans sa prison de pierre, hurle et se lamente pour en sortir. « Quand il a rôdé dans les ailes, lorsqu'il s'est glissé autour des piliers, et qu'il a essayé le grand orgue sonore, il s'envole, va choquer le plafond et tente d'arracher les poutres, puis il s'abat désespéré sur le parvis et

1. It was small tyranny for a respectable wind to go wreaking its vengeance on such poor creatures as the fallen leaves; but this wind happening to come up with a great heap of them just after venting its humour on the insulted Dragon, did so disperse and scatter them that they fled away, pell-mell, some here, some there, rolling over each other, whirling round and round upon their thin edges, taking frantic flights into the air, and playing all manner of extraordinary gambols in the extremity of their distress. Nor was this enough for its malicious fury for not content with driving them abroad, it charged small parties of them and hunted them into the wheel-wright's saw-pit, and below the planks and timbers in the yard, and, scattering the sawdust in the air, it looked for them underneath, and when it did meet with any, whew! how it drove them on and followed at their heels!

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The scared leaves only flew the faster for all this and a giddy chase it was for they got into unfrequented places, where there was no outlet, and where their pursuer kept them eddying round and round at his pleasure; and they crept under the eaves of houses, and clung tightly to the sides of hay-ricks, like bats; and tore in at open chamber windows, and cowered close to hedges; and, in short, went anywhere for safety.

(Martin Chuzzlevit, t. I, p. 10.)

s'engouffre en murmurant sous les voûtes. Parfois il revient furtivement et se traîne en rampant le long des murs. Il semble lire en chuchotant les épitaphes des morts. Sur quelques-unes, il passe avec un bruit strident comme un éclat de rire; sur d'autres, il crie et gémit comme s'il pleurait'. » - Jusqu'ici vous ne reconnaissiez que l'imagination sombre d'un homme du nord. Un peu plus loin, vous apercevez la religion passionnée d'un protestant révolutionnaire, lorsqu'il vous parle des sons funèbres que jette le vent attardé autour de l'autel, des accents sauvages avec lesquels il semble chanter les attentats que l'homme commet et les faux dieux que l'homme adore. Mais au bout d'un instant l'artiste reprend la

1. For the night-wind has a dismal trick of wandering round and round a building of that sort, and moaning as it goes; and of trying, with its unseen hand, the windows and the doors; and seeking out some crevices by which to enter. And when it has got in; as one not finding what he seeks, whatever that may be; it wails and howls to issue forth again : and not content with stalking through the aisles, and gliding round and round the pillars, and tempting the deep organ, soars up to the roof, and strives to rend the rafters: then flings itself despairingly upon the stones below, and passes, muttering, into the vaults. Anon, it comes up stealthily, and creeps along the walls: seeming to read, in whispers, the Inscriptions sacred to the Dead. At some of these, it breaks out shrilly, as with laughter; and at others, moans and cries as if it were lamenting. It has a ghostly sound too, lingering within the altar; where it seems to chaunt, in its wild way, of Wrong and Murder done, and false Gods worshipped; in defiance of the Tables of the Law, which look so fair and smooth, but are so flawed and broken. Ugh! Heaven preserve us, sitting snugly round the fire! It has an awful voice, that wind at Midnight, singing in a church!

But high up in the steeple! There the foul blast roars and

parole: il vous conduit au clocher, et dans le cliquetis des mots qu'il entasse, il donne à vos nerfs la sensation de la tourmente aérienne. Le vent siffle et gambade dans les arcades, dans les dentelures, dans les clochetons grimaçants de la tour; il se roule et s'entortille autour de l'escalier tremblant; il fait pirouetter la girouette qui grince. Dickens a tout vu dans le vieux beffroi; sa pensée est un miroir, il n'y a pas un des détails les plus minutieux et les plus laids qui lui échappe. Il a compté les barres de fer rongées par la rouille, les feuilles de plomb ridées et recroquevillées qui craquent et se soulèvent étonnées sous le pied qui les foule, les nids d'oiseaux délabrés et empilés dans les recoins des madriers moisis, la poussière grise entassée, les araignées mouchetées, indolentes, engraissées par une longue

whistles! High up in the steeple, where it is free to come and go through many an airy arch and loophole, and to twist and twine itself about the giddy stair, and twirl the groaning weathercock, and make the very tower shake and shiver! High up in the steeple, where the belfry is; and iron rails are ragged with rust; and sheets of lead and copper, shrivelled by the changing weather, crackle and heave beneath the unaccustomed tread; and birds stuff shabby nests into corners of old oaken joists and beams; and dust grows old and grey; and speckled spiders, indolent and fat with long security, swing idly to and fro in the vibration of the bells, and never loose their hold upon their thread-spun castles in the air, or climb up sailor-like in quick-alarm, or drop upon the ground and ply a score of nimble legs to save a life! High up in the steeple of an old church, far above the light and murmur of the town and far below the flying clouds that shadow it, is the wild and dreary place at night and high up in the steeple of an old church, dwelt the Chimes I tell of. (Chimes, p. 5.)

sécurité, qui, pendues par un fil, se balancent paresseusement aux vibrations des cloches, et qui, sur une alarme soudaine, grimpent ainsi que des matelots après leurs cordages, ou se laissent glisser à terre, et jouent prestement de leurs vingt pattes agiles, comme pour sauver une vie. Cette peinture fait illusion. Suspendu à cette hauteur, entre les nuages volants qui promènent leurs ombres sur la ville et les lumières affaiblies qu'on distingue à peine dans la vapeur, on éprouve une sorte de vertige, et l'on n'est pas loin de découvrir, comme Dickens, une pensée et une âme dans la voix métallique des cloches qui habitent ce château tremblant.

Il fait un roman sur elles et ce n'est pas le premier. Dickens est un poëte; il se trouve aussi bien dans le monde imaginaire que dans le réel. Ici ce sont les cloches qui causent avec le pauvre vieux commissionnaire du coin et le consolent. Ailleurs c'est le grillon du foyer qui chante toutes les joies domestiques, et ramène sous les yeux du maître désolé les heureuses soirées, les entretiens confiants, le bienêtre, la tranquille gaieté dont il a joui et qu'il n'a plus. Ailleurs c'est l'histoire d'un enfant malade et précoce qui se sent mourir, et qui, en s'endormant dans les bras de sa sœur, entend la chanson lointaine des vagues murmurantes qui l'ont bercé. Les objets, chez Dickens, prennent la couleur des pensées de ses personnages. Son imagination est si vive, qu'elle entraîne tout avec elle dans la voie qu'elle se choisit. Si le personnage est heureux, il faut que les

pierres, les fleurs et les nuages le soient aussi; s'il est triste, il faut que la nature pleure avec lui. Jusqu'aux vilaines maisons des rues, tout parle. Le style court à travers un essaim de visions; il s'emporte jusqu'aux plus étranges bizarreries. Voici une jeune fille, jolie et honnête, qui traverse la cour des Fontaines et le quartier des légistes pour aller retrouver son frère. Quoi de plus simple? quoi de plus vulgaire même? Dickens s'exalte là-desus. Pour lui faire fête, il convoque les oiseaux, les arbres, les maisons, la fontaine, la boîte aux lettres, et bien d'autres choses encore. C'est une folie, et c'est presque un enchantement :

Y avait-il assez de vie dans la triste végétation de la cour des Fontaines pour que les rameaux enfumés eussent senti venir la plus pure et la plus aimable petite femme du monde? C'est une question pour les jardiniers et pour les savants qui connaissent les amours des plantes. Mais c'était une bonne chose pour cette cour pavée d'encadrer une si délicate petite figure; elle passait comme un sourire le long des vieilles maisons noires et des dalles usées, les laissant plus sombres, plus tristes, plus grimaçantes que jamais; cela ne fait pas de doute! La fontaine du Temple aurait bien pu sauter de vingt pieds pour saluer cette source d'espérance et de jeunesse qui glissait rayonnante dans les secs et poudreux canaux de la loi; les moineaux bavards, nourris dans les crevasses et dans les trous du Temple, auraient pu se taire pour écouter des alouettes imaginaires au moment où passait cette fraîche petite créature; les branches sombres, qui ne se courbaient 'amais que dans leur chétive croissance, auraient pu s'incliner vers elle avec amour, comme vers une sœur, et verser leur bénédiction sur sa gracieuse tête; les vieilles lettres d'amour enfermées dans les bureaux voisins, au fond d'une boîte de

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